Pour progresser en dégustation tout en préservant son plaisir et son outil gustatif, une solution alternative: la pause sans alcool! Pensez-y! Éclairage…
Vous ne le savez peut-être pas, mais chaque mois, je fais entre une et deux parenthèses de plusieurs jours (souvent entre 5 et 8 jours), sans boire de vins, ou d’autres alcools (je ne bois de toute façon que du vin)
La pause sans alcool
J’ai toujours eu cette discipline, bien que je pense qu’il s’agit en fait davantage d’un besoin de mon corps.
Ce sujet, dans le milieu du vin semble un peu tabou. Il est donc important de lever le voile sur cette solution alternative, nécessaire.
Sommaire de l’article
- Le vin c’est aussi de l’alcool
- L’alcool est bien nocif
- Le vin c’est surtout du plaisir
- Pour encore plus apprécier le vin, faites des parenthèses sans vins
- Les avantages de faire des pauses sans alcool
Le vin c’est aussi de l’alcool
Nous avons beau adorer le bon vin, celui qui nous fait vibrer. Engendré par des vignerons consciencieux, qui vont plus loin que les autres, il est une vérité absolue:
Dans le vin, il y a de l’alcool.
On a beau vouloir nous rassurer, nous autres passionnés et professionnels du vin, c’est une évidence sur laquelle nous ne pouvons pas nous asseoir.
Certes, on y trouve également des sucres résiduels, des acidités, du tanin, mais l’alcool en est le point central. L’alcool apporte une force et un véritable relief de goût.
Pour vous en persuader définitivement, il n’y a qu’à déguster un vin sans alcool…il ne se passe pas grand chose.
Oui, l’alcool est central dans le vin, oui, il apporte toute sa magie quand le vin est élaboré par un vigneron sérieux. Mais…
L’alcool est bien nocif
Ne nous leurrons pas. Le vin a beau être la plus fantastique boisson alcoolisée, celle capable d’apporter davantage que le plaisir simple. De l’émotion. J’y reviendrai plus loin.
L’alcool reste un poison, il est nocif. Il ne me semble pas abusif de le signaler, juste est il responsable de le révéler. Il est hors de question d’interdire de boire du vin, tant les initiés en vins sont capables de rejeter tous types de boissons alcoolisées incapables d’apporter du plaisir.
Car la recherche de tous les initiés est évidemment celle menant au plaisir.
Cependant, l’alcool quand il est ingéré de manière irresponsable pose de sérieux problèmes. À court et à long terme. Nul besoin de le prouver.
Certes, quand nous buvons de jolis vins, nous prenons notre temps, pour les analyser, pour partager nos ressentis, car il s’agit bien de cela, au delà du plaisir.
Néanmoins, même si nous n’allons pas ou rarement au delà de nos limites, il est assez facile de constater à quel point les lendemains de plaisirs gustatifs, la fatigue pointe le bout de son nez.
À quel point, nous sommes moins productifs. Outre les éventuels maux de tête matinaux, surtout du fait de la déshydration causée par l’alcool.
Pensez donc à boire régulièrement de l’eau! L’alcool déshydrate.
Cracher le vin, c’est aussi l’aimer!
Il y a quelques années, j’avais communiqué sous l’égide de vin & société sur l’importance de recracher le vin. Cette routine est déjà très ancrée parmi les professionnels du vin.
À tel point que pas mal de non initiés ont bien du mal à accepter ce besoin.
Cracher le vin, est une évidence quand nous sommes en dégustation, dans le cadre professionnel, dans les salons, notamment.
Je vous dirige vers cet article, rédigé en 2019 sur ce sujet vraiment important.
Le vin c’est surtout du plaisir
Ce qui est admirable avec le vin, est la faculté qu’il a à nous offrir du plaisir. Le plaisir, est notre fil conducteur. Si un vin ne nous en apporte pas, alors nous le laissons de côté, et revenons sur ceux qui nous plaisent davantage.
Nous ne buvons pas les vins que nous n’apprécions pas.
Cette notion de plaisir est absolument centrale. Pour moi, naturellement. Mais je ne m’avance pas trop en écrivant que l’immense majorité des initiés sont dans le même cas.
Je le constate en tout cas autour de moi, et lors de mes soirées entre amis. Le plaisir est toujours le point central de nos dégustations. Il arrive, bien sûr qu’à l’instant T, un vin soit franchement décevant. Nous le laissons de côté, nous le goûtons à nouveau si besoin, mais nous changeons de vin.
Sans plaisir, point de salut!
L’émotion, le Graal du dégustateur
Mais si il y a une quête absolue pour le dégustateur, au delà du plaisir, c’est la recherche de l’émotion. Elle est plus délicate et sélective à trouver.
L’émotion peut se traduire de plusieurs façons:
- L’effet WAOUH
- La chair de poule
- Les larmes aux yeux
Tous les bons vins ne révèlent pas cette émotion, et cette sensation reste donc relativement rare. Naturellement, les très grands vins, surtout quand ils arrivent à maturité ont plus de chance de nous l’offrir.
Mais la garantie n’est jamais assurée.
Si l’émotion se ressent souvent de façon presque immédiate, elle peut se traduire également quelque temps après.
En effet, car, si il y a une chose que le vin et l’expérience m’ont appris, c’est que souvent, les meilleurs vins sont ceux dont on se souvient.
Et c’st parfois le lendemain, ou quelques jours après la dégustation qu’un vin se révèle, in fine, au-dessus des autres. Alors même qu’il n’était peut-être pas immédiatement le plus remarquable.
Dans le temps, et dans votre esprit, il a su tracer son sillon. Et sortir du lot.
C’est pourquoi, souvent, après une dégustation, quand je pose cette question: »Quel est le vin qui vous a le plus plu? »
J’ajoute toujours: « ne vous précipitez pas pour me répondre, vous aurez sans doute la réponse demain ou dans quelques jours ».
Pour encore plus apprécier le vin, faites des parenthèses sans vins
Ainsi, les notions de plaisir et plus rarement d’émotion, sont bien centrales. Pour autant, elles ne sont pas toujours au rendez-vous.
Au delà de ces sensations, le vin reste un alcool, avec des effets qui peuvent être nocifs. Ce n’est nullement faire insulte au vin que de le souligner.
Le vin peut devenir addictif
Mais en avoir conscience me semble essentiel afin de ne pas succomber dans les excès, et de finir prisonnier de ce poison. Car si il y a une autre chose que m’a enseigné le vin, c’est que, malheureusement, l’alcoolisme guette toujours.
Et certains tombent dans ce piège. Le nier serait une erreur fondamentale.
Le point d’équilibre entre la notion de plaisir et le piège de l’alcoolisme est ténu. Il faut donc rester vigilant, en alerte et rester lucide sur ce problème central.
Naturellement, quand je passe une soirée avec mes ami(e)s, que les vins sont vraiment vibrants, les excès sont parfois légion. Tout en respectant chacun nos limites, nous parvenons à boire une certaine quantité de vins, en effet.
Tout en prenant notre temps, et en privilégiant toujours la notion de plaisir.
De mémoire, je n’ai jamais ou alors si rarement constaté de problèmes d’ivresse excessive. Et c’est une excellente chose.
Mais les lendemains sont parfois délicats, l’énergie manquant souvent, et la productivité également.
C’est pourquoi, il est rare pour moi d’aligner les soirées bien arrosées, je n’en ressens pas le besoin, même si je suis du genre bon camarade et bon suiveur. Je peux parfois me montrer faible.
Mais il est une autre réalité: je fais très régulièrement des pauses sans alcools. Comme des parenthèses salvatrices.
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Les avantages de faire des pauses sans alcool
Le premier avantage de faire une telle pause, d’une semaine voire davantage est évident:
- Permettre au corps de se remettre et de se régénérer
- Le corps respire davantage
- Cela offre la sensation d’être rassuré sur le fait d’être capable de s’arrêter
- Cela évite l’accoutumance
- Préservation du plaisir
Le corps respire et lui laisser le temps de digérer quelques excès de temps à autre ne peut que lui être bénéfique. J’ai le sentiment, avec les années, que la récupération n’est plus la même.
Il est donc important de laisser du temps pour le corps mais aussi l’esprit de se remettre, de respirer, et aussi de penser à autre chose.
C’est un peu comme tout, dans la vie; quelques excès sont tolérés à condition de rétablir un certain équilibre.
Je remarque qu’il m’est facile de faire de telles parenthèses, dès lors que je ne me laisse pas tenter. Car comme écrit plus haut, je suis plutôt assez faible, un bon suiveur et un camarade bien sympa!
À partir de là, quand je suis à l’écart, par exemple plusieurs jours en randonnée, ou quand je suis obligé de faire une parenthèse (après ma chirurgie bimaxillaire par exemple, pendant 7 semaines), ou encore quand l’opportunité se présente.
Je ne ressens aucun besoin de boire.
Lors du premier confinement, j’étais seul à la maison avec mes 700 bouteilles de vin. Et pendant six semaines, je n’ai donc pas bu une seule goutte de vin, étant donné que je ne pouvais pas les partager.
Il ne me viendrait plus à l’idée d’ouvrir une bouteille seul. Le vin, ça se partage, de mon point de vue! Oui, c’est en effet très rassurant d’être capable, sans forcer, de s’empêcher de boire, seul!
Car, en conclusion, quand nous travaillons dans le vin, que nous soyons caviste, sommelier, formateur ou autre, le risque d’addiction, d’alcoolisme n’est jamais bien loin. En avoir conscience est un premier pas.
S’offrir très régulièrement une parenthèse sans alcool est une autre solution, plus puissante encore, bénéfique, et salvatrice. Pour préserver son plaisir, se re-motiver si besoin est, et pour régénérer son corps.
Car oui, l’alcool reste néfaste, même avec les meilleurs vins!
Finalement, tout n’est qu’une question de dosage, le vin n’est certainement pas le poison quand il est travaillé avec coeur et authenticité. Le poison n’est que la dose.
Emmanuel Delmas
Philippe CL
Oui, et ce n’était pas au goût qu’elle était accoutumée mais bel et bien à l’alcool.
Violaine
Assez courageux cet article qui traite d’un sujet pas facile à aborder et surtout rarement abordé.
Emmanuel Vitoux
Gérard Depardieu et ses 7 bouteilles jours, on le classe comment ? Cosaque ?
Emmanuel Delmas
Il est inclassable, Gérard!
Philippe CL
L’addiction à l’alcool n’est pas dans l’abus festif occasionnel mais dans la répétition quotidienne.
Emmanuel Delmas
Un verre chaque jour, ça reste une routine addictive mais limitée. En revanche si tu bois beaucoup plusieurs fois par semaine avec excès, les conséquences ne me semblent pas identiques. Je pense vraiment que le poison, comme en toutes choses est la dose.
Philippe CL
J’ai connu une vieille dame tres respectueuses qui a toujours bu quotidienement un petit verre .. au fil des annees la dose a augmenté pour devenir apres le deces de son mari , un magnum quotidien. Accoutumée au chablis,, Sancerre et, Champagne, elle a fini au Chardonnay de Gallo. Ce qui me fait conclure que c’est la repetition et non la dose , qui cree l’accoutumance. Mais certes, plus la dose est forte, plus elle devient poison.
Je rajouterais cependant que mon amie mourra sobre presque un an apres etre rentree en Ephad, oú on s’appliqua a lui donner un medicament pour la liberer de son alcoolisme.
Emmanuel Delmas
Gallo! C’est quand même très violent! ,)
Christophe
Je n’en suis pas si sûr. J’ai connu un alcoolique qui en est mort et qui avait commencé par l’alcool festif.
J’ai proposé à des collègues qui se disent « bon vivant » de rester 2 mois sans boire une goutte d’alcool. Aucun n’a accepté, ils en n’ont pas conscience mais ils sont alcooliques et il peut suffire de peu de chose pour qu’ils basculent.
Emmanuel Delmas
Merci Christophe pour ton précieux commentaire qui prouve à quel point ce problème est CENTRAL.
Gênant. Le hasard fait que je suis rentré à 5h d’une soirée gustative. On a bu de très bons vins.
C’est rare. OUF! Ça m’arrive, aussi tard que 3 ou 4 fois par an.
Mais c’est déjà trop.
Le plaisir était là.
Mais voilà…il est difficile de se maitriser en tous points, et on s’est laissé embarquer. Par le plaisir des vins.
En avoir conscience et l’accepter est un premier pas.
Donc, dès Dimanche, ce sera une nouvelle pause de 8 jours. J’espère ne pas être tenté par des amis.
Ces longues pauses de 1 ou 2 mois sont une véritable chance. Et jamais je n’écarterai la possibilité d’en profiter.
Cette année je trouverai le moyen d’en faire une.
L’idée n’est pas de rejeter ce problème, de l’écarter, non. Il est bien là.
En parler est essentiel.
Oui, la frontière est très tenue, et plonger dans l’alcoolisme est facile.
Trop facile.
oui…et ça fait peur n’est ce pas?
Philippe CL
Buvez moins, buvez mieux!