Achat de vieux vins, conseils! Voici mes meilleurs conseils avant l’achat de vieux vins, et vieilles bouteilles. Méfiance donc, mais le bonheur est à portée de papilles, si vous gardez l’oeil, et le bon!
Achat de vieux vins: conseils
A travers les dédales de caves, il nous est tous arrivé, un jour de rêver à l’acquisition d’une vieille bouteille. Mais attention, acheter de vieux vins réclame des conseils judicieux.
Acquérir un vieux vin recèle quelques pièges à éviter.
Une bouteille poussiéreuse à souhait, montrant fièrement son étiquette tachetée, humide, parfois illisible peut paraitre magique.
La magie, et le mystère l’entourant n’en demeurant que plus grand. Mais attention…!
VIEUX FLACONS, CONSEILS AVANT L’ACHAT
Aujourd’hui, acquérir un vieux flacon, ne se fait que très rarement dans les circuits de grande distribution. Mais dans ces fameuses caves, où il fleure bon l’humidité, les effluves de vin et de cellier.
Les vins vendus aux enchères sur internet également, offrent un panel intéressant, parfois sublime de vieux vins, malgré parfois un manque cruel de transparence s’agissant des moyens de conservation passé.
Sommaire de l’article:
Toutefois, est il nécessaire de souligner quelques points importants, avant cette acquisition. La cave, et l’incidence sur les étiquettes.
L’idéal est de voir le niveau du vin, effleurer le bouchon. Une bouteille ayant traversé le temps, les décennies, d’âge forcément très respectable, ayant subit les contraintes d’une cave mal «entretenue », trop sèche et chaude… peut cacher ses carences.
Le niveau peut rester relativement haut, cependant, l’état de l’étiquette peut être un révélateur.
Etiquette tachée, tachetée, humide, noire, sentant le moisi, est souvent synonyme de flacon ayant vécu une partie de son histoire dans une cave bien humide, et fraiche.
A contrario, une étiquette arrachée, perdue, rêche au toucher, asséchée, révèlera un vieillissement dans un environnement plus sec, plus chaud, ou simplement plus bancal…(variabilités de températures, ennemi juré du vin)
Acheter un vieux flacon réclame quelques précautions…Ouvrez l’oeil, et le bon!
LA QUALITÉ DES BOUCHONS
S’agissant du bouchon, la vérification sera plus délicate, dans le sens où effectivement, la capsule le protège, toutefois, une bouteille présentant une coulure, ou une capsule endommagée, peut laisser présager d’un conditionnement instable.
Le bouchon d’ailleurs devrait être changé, tous les 15/20 ans pour les grands vins. D’ailleurs, le reconditionnement sera assuré tous les 30 ans, afin de changer le bouchon mais aussi de refaire le niveau, au domaine.
Cette opération reste manifestement rare, et surtout réservée aux vins les plus prestigieux.
L’IMPORTANCE DES NIVEAUX DES BOUTEILLES
Le niveau de la bouteille est l’élément le plus indicatif, et le plus révélateur, concernant les conditions de conservation antérieures.
Ainsi, les ventes aux enchères ont très vite compris qu’il était essentiel de présenter dans les catalogues, le niveau des bouteilles proposées.
Qui plus est, les flacons sont entreposés dans une pièce jouxtant la salle des ventes, quelques jours avant celle-ci. C’est l’occasion rêvée pour vous de mirer les bouteilles, en l’état.
Plus le niveau du vin est élevé, meilleur sera le vin, plus de chance il aura de vous épater.
Un niveau trop bas, est forcément très préjudiciable à la bouteille elle-même, prouvant que le bouchon n’a pas joué son rôle de protection.
Ainsi, ce flacon au niveau bien bas a subi les contraintes d’une cave bien sèche, ayant rendu le bouchon fragile, cassant, fragilisé, et a laissé l’air pénétrer la dive bouteille, altérant par la même le liquide si précieux.
LES POTENTIELS DE GARDE
LES VINS DE BORDEAUX
Les vins de Bordeaux, grâce à leurs tanin les cabernets et le merlot jouant là un rôle prépondérant, et une acidité parfois assez saillante offrent un potentiel souvent important de garde. En effet, tanin et acidité sont de parfaits anti-oxydants facilitant ainsi la garde des vins.
Les cabernets, et leur support important de tannins, et d’acidité, offrent une grande aptitude au vieillissement. Il faut toujours du temps et de la patience à ces vins qui en sont issus afin de s’homogénéiser.
Le merlot, plus sphérique, charnu, et charmeur s’étoffe plus rapidement, ainsi, les vins de la rive droite, mûrissent généralement plus vite que les Médoc. Généralement…
LES VINS DE BOURGOGNE
Le pinot noir, cépage si capricieux, offre bien souvent à l’ouverture un nez plus flatteur, fruité, exubérant.
Son support tannique est moins agressif que les cabernets.
Toutefois, les grands crus, plus concentrés offrent un potentiel de garde des plus intéressants. Mais il est nécessaire de souligner le fait que ce cépage ne supporte pas trop l’oxydation.
Cependant, ils profitent souvent d’une belle trame acide, ce qui leur permet un bon potentiel de garde.
Si les vins de Bourgogne sont moins tanniques (la preuve, leur couleur est souvent plus claire), ils offrent une belle trame acide, autre anti-oxydant propice à la garde des vins.
Besoin de conseils pour l’achat de vos vieux vins?
Cela tombe bien car je propose un nouveau service, à prix ridicule, pour vous accompagner, dans votre achat de vieux vins.
Pour réserver votre créneau avec moi, afin que nous en discutions en vidéo, rendez-vous sur ma plateforme de réservation.
EN CONCLUSION: SUIVEZ MES CONSEILS AVANT VOTRE ACHAT DE VIEUX VINS
Les vins, avec le temps développent des bouquets merveilleux de complexité, des textures doucereuses, et, laissent planer un mystère perpétuel, dont l’homme ne sera jamais invité à comprendre. Alors, surveillez bien les niveaux de vos vins, les bouchons, ainsi que l’étiquette.
Mais, finalement, tout cela dépend avant tout de l’hygrométrie et la température de vos caves. Vous trouverez ci-après l’article sur ce sujet.
Emmanuel Delmas
CONSERVATION DU VIN – Sommelier & Consultant en vins, Paris
Voici sans doute une des questions les plus fréquemment posées.Comment conserver un vin, de façon optimale ? Il semble évident que lorsqu’on est amateur, ou connaisseur en vins, nous sommes ame…
Karen
Article très utile et intéressant qui m’a amené à une consultation visio avec Emmanuel durant laquelle il a plus que pris son temps pour me donner des conseils précieux et m’accompagner pour comprendre comment faire le bon choix sur des vieux millésimes rouges. Emmanuel est clairement un grand passionné de vin très à l’écoute, sincère et réactif, je vous le recommande !
Rohnny
Bonjour Emmanuel,
Un post bien intéressant une fois de plus, merci pour les conseil.
Je viens de mettre en ligne mon avis sur la dégustation du Champagne Vraken.
Belle journée à toi.
Rohnny
Emmanuel Delmas
Cet article et écrit en…2005 ! ????
Mais je les mets à jour de temps en temps…
SERGE MARTINA
Bonjou
une bouteille de 1955 CHATEAU L’ANGELUS fuit en la penchant !!! que faire
Merci
Emmanuel Delmas
Bonjour, Quel niveau a la bouteille? Une seule solution, la déguster très rapidement ! 😉
daniel
Pour tous les achats de vieilles bouteilles on peut dire ce qu’on veut comme regarder le niveau ou autre mais comme sur de vieux millésime il y a rarement d’autres bouteilles pour comparer c’est la porte ouverte à tous les débordements. On peut voir tous les soucis en salles des ventes avec des professionnels connus et reconnus qui ont fait leur beurre sur le dos des acheteurs. Le plus simple et sûr est encore d’acheter aux négociant qui peuvent fournir les papiers des châteaux.
Emmanuel Delmas
Merci Daniel pour ces conseils, ils sont à prendre en considération.
Adeline Tofin
Intéressant, merci !
Jean Vincent Ridon
Merci pour ces bons conseils Emmanuel, il faut toujours rappeler la difference entre la necrophilie et le plaisir d’un vin venerable. Souvent des etiquettes completement mangées par l’humidité,
illisibles, offrent de belles surprises, et surtout qui mettrait sur le marché des faux avec une etiquettes illisible… quand au niveau, c’est primordiale pour les bordeaux d’etre le plus proche
du goulot possible, mais que de surprises sur des vieux bourgognes, pourtant oxidatifs, qui avait un manquant important… le pinot sera toujours sources de surprise, et l’oxydabilité de ces vins
ne repond pas toujours à ce que mes livres d’oenologies enseignent… cette Romanée St Vivant 1923, avec 8/9cm de vide s’est revelée framboise dans le verre apres 15 minutes, alors que c’etait un
vieux Bual à l’ouverture…
Emmanuel DELMAS
En effet, Jean Vincent, que de surprises, et même disons-le de mystères. Le vin en recèle bien souvent, ce pourquoi il est important de faire preuve d’humilité et…de patience ! Les livres
n’offrent qu’une vison étriquée ne laissant point de place aux surprises.
jean-pierre
Merci Emmanuel pour cette définition concise et juste ! Le Clos St Denis 87, apres un moment d’hésitation, nous a offert des arômes de fruits ; griottes; tout proche du bonheur !
jean-pierre
Bonjour Emmanuel,
A partir de quand un millésime est il vieux ???
Lorque nous habitions pres de la Bourgogne nous avons acheté de nombreuses bouteilles, un peu trop , par amour du vin, par passion pour les vignerons ( ou le contraire, peut-être même les
deux !). J’ai bien rangé tout ça dans la cave… puis le temsp a passé !
Mon épouse préférant les vins jeunes, davantage sur le fruit, et moi les vins à qui le temps avait apporté la sagesse… les flacons n’ont pas été ouverts …
J’en ai proposé beaucoup sur un site de vente aux enchères. Je crois que les acheteurs ont été contents ; les prix étaient raisonnables et les bouteilles de qualité. De nombreux acheteurs
chercahient » des années anniversaires »…
Il m’arrive toujours d’en ouvrir pour mon grand plaisir . Tiens, aujoudhui un CLOS ST DENIS 1987.. le 12 septembre vaut bien ça !
à bientot
Emmanuel DELMAS
Bonjour Jean Pierre,
Un vin peut être considéré « vieux » dès lors qu’il est sur le déclin, qu’il a passé sa phase d’apogée. Cela dépend beaucoup de son vigneron, du millésime. Un Clos St
Denis de 20 ans, peut être considéré comme déjà bien évolué. Pour un cru bourgeois du Médoc, passé 20 années il est considéré comme vieux. En revanche pour un Château Margaux, Mouton ou autre, il
sera considéré après 20 annés, encore jeune ou légèrement évolué. C’est après 30/35 ans pour ces vins qu’il peut-être considéré comme vieux…tout dépend du vin, bien entendu.
équipe JULHES Paris
Bonjour, votre blog est très agrébale à découvrir. En ce qui nous concerne, le domaine de la gastronomie nous touche tout particulièrement.C’est pourquoi nous avons créer un blog déstiné à faire découvrir les produits disponibles dans nos boutiques (spiriteux , fromages affinés sur place, charcuterie , épicerie fine ) mais également pour vous faire découvrire des nouveautés, des idées recettes et bien d’autres choses encore.Nous attendons votre visite avec impatience:http://www.julhesparis.com/Savoureusement votre,l’équipe JULHES Paris.
Philippe MARGOT
Vieux flacons – précautions avant d’acheterJe reviens au titre de l’article qui est bien choisi à une période où les grands crus, dans les millésimes récents sont simplement hors de prix!Relevons une certaine incompatibilité entre le niveau de la bouteille et l’aspect de son habillage pour Château Mouton Rothschild. Pour que ce niveau se maintienne le mieux possible, humidité et température constante et basse sont de rigueur. Or dans ces conditions l’étiquette en subit les conséquences et se défraîchit. Il n’y aura que le millésime 2000, avec sa bouteille sérigraphiée qui se maintiendra dans l’état que recherchent les collectionneurs.Devenus hors de prix, disais-je…, je vous propose donc une version un peu moin liquide, dans tous les sens du terme de s’y intéresser en consultant le pdf contenu dans « Galerie d’Art sur Bouteille », permettant de visionner la collection complète de ces oeuvres d’art contemporaines, au lien:http://www.cepdivin.org/articles/phmargot01.htmlla dernière version exhaustive vient de paraître avec la totalité des étiquettes illustrées et décrite – gratuit et enrichissant !Au fait, Emmanuel, avez-vous reçu par VIADEO la réponse à votre prise de contact dans laquelle je vous parlais de Verbier ?Avec mes amitiés,Philippe Margot
Patrick
Oui Iris, mais dans quelle ambiance ? Iacchos, j’ai beaucoup donné et j’ai arrêté il y a un an, il y a trop de malades mentaux. Pour La Passion du Vin, le problème est différent, je n’ai pas compris comment fonctionnait le forum. En français il y a aussi dégustateurs.com, mais c’est le même type de forum.
Elvira
Très instructif, que tout cela. Merci!
Iris
C’est interessant, de lire l’article de Jean-Dominique Merchet – j’avais déjà vu cela sur Liberation du 1.1o.05
http://www.liberation.com/page.php?Article=327841
Dans des cas comme cela, c’est peut-être mieux, de ne pas copier/coller, mais de donner le lien, parce que dans l’original, c’est plus facile à lire sur l’écran.
Pour des discussions de ce genre, les personnes interessées trouvent plein de choses à lire sur les forum et listes de discussion comme iacchos. com chez yahoo et lapassionduvin.com , où des amateurs et des professionnels en discutent depuis des années :-)))
Réponse d’Emmanuel:
A dire vrai, je ne sais qui a posté les commentaires avec ces articles. C’est pourquoi, je les ai mis en ligne.
Effectivement, les forums de passionnés permettent justement d’échanger sur des sujets aussi divers tournant autour du vin, ou non.
Merci pour ces précisions.
Patrick
Les vieux flacons, habituellement je les troque, ainsi la déception est moins grande s’ils sont décevants. Autre règle : que des acquiqitions par au moins 6 bouteilles, ainsi les 2 premières servent de cobaye (dégustation toutes les heures après ouverture pour voir comment ils se comportent). De ce fait les 4 autres peuvent être servies parfaitement à point pour honorer des hôtes capables de les apprécier. Ainsi un Saint-Emilion inconnu 1928 (étiquette écrite au crayon, mais bouchon 1928 et bouteille soufflée bouche) qu’il faut carafer 12 heures avant de le servir pour l’apprécier pleinement.
Pour le commentaire précédent, Jean-Robert Pitte est accessoirement le directeur de la Sorbonne. Il a eu la gentillesse de dédicacer son livre Bourgogne Bordeaux (à moins que ce ne soit l’inverse) à Ségolène qui en fera une recension prochainement sur son blog. Il a d’autre part écrit un texte original à destination exclusive de l’Escargot, revue française interne à Slow-Food dont Ségolène est la rédactrice en chef. Ce texte est saisissant de justesse. Ségolène ou moi le publierons dès que l’Escargot sera sorti (dans 3 mois).
Réponse d’Emmanuel:
Merci Patrrick pour ces précieux éclairages, concernant l’auteur de l’article.
Concernant le St Emilion 1928, je suis épaté de voir que l’on peut décanter un tel vin 12 heures avant de le servir.Cela m’impressionne, car, je dois avouer être plutot dubitatif concernant la décantation des vieux vins, comme quoi…
J’ai eu la chance de déguster un Latour 1912, quand j’officiais la Tour d’Argent, il y a 7 ans déjà,ce fut un moment magique, extraordinaire, pourtant, j’étais là aussi, criconspect.
Et ce fut une révélation, un nez explosif, un bouquet d’une très rare complexité, et un vin encore si fringant…
Donnée importante: Vin reconditionné 4 ans au préalable…certes cela peut s’apparenter à un « dopage », mais, franchement…le résultat fut bluffant.
Alors, ce 1928 m’épate quand même…!! (va falloir que le goûte) 😉
PS: Je vais prendre un peu plus de temps afin de lire les billets de Ségolène.
inconnu (suite)
Le vin de Bordeaux reprend du corps
Cette année, la production est raisonnable et, selon les professionnels, le cru très réussi.
par Frédéric PONS
QUOTIDIEN : vendredi 07 octobre 2005
Petite embellie dans le Bordelais. Après des années de surproduction qui ont amené les stocks à des niveaux proches de 800 000 hectolitres (malgré 200 000 hectolitres distillés jusqu’au début de l’été), la vendange 2005, qui est sur le point de se terminer, a été plutôt sage avec 6 petits millions d’hectos contre 6,6 millions en 2004, selon le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB). «C’est une très bonne chose. Les viticulteurs ont fait attention à ne pas mettre trop de vin sur le marché», commente Xavier Carreau, vigneron dans la région et patron de Vin et Societé, l’un des lobbies du vin français.
«Jus sucré». Mieux, le cru 2005 serait «formidable» dans les rouges et «exceptionnel» dans les blancs, selon le CIVB. C’est que l’ensoleillement a été particulièrement propice et la pluie nettement moins abondante en fin de saison : «Les grains sont plutôt petits, ils donnent moins de jus mais plus sucré et de très bonne qualité», explique Xavier Carreau.
Importateur. Ces bonnes nouvelles suffiront-elles à redonner espoir aux vins de Bordeaux, qui traversent une forte crise? Sévèrement secoués par la concurrence des vins du Nouveau Monde (Argentine, Australie, etc.), qui ont l’an dernier fait plonger les exportations de 23,3 % en valeur, et boudés par les consommateurs français qui picolent de moins en moins, les petits et grands châteaux comptent maintenant sur les négociants pour relancer la machine. C’est évidemment plus facile pour les maisons prestigieuses : c’est ainsi que le célèbre mouton-cadet vient de trouver un importateur exclusif sur le marché américain. A compter du 1er octobre dernier, le négociant North Lake Wines est devenu l’unique importateur de ce breuvage réputé.
Réponse d’Emmanuel:
Aujourd’hui, afin de faire simple, le goût américain, australien, ou sud africain semble attiré par des vins opulents, riches, allant même sur des vins douceruex, voire « sucrés ».
Voici, en ce millésime à venir, un cru 2005, qui saura répondre à leurs attentes, preuve en est, ce commentaire, qui souligne à juste titre, la richesse exceptionnelle du millésime à venir.
1976, fut une année, somme toute interessante, mais finalement décevante…optons pour un 1947, si chaleureux ? Je ne sais absolument pas…
Mais, cette année, offrira certes des vins au potentiel éblouissant, mais , au risque d’offrir des vins uniformes, sans âme, sans personnalité, et ce caractère si précieux saura t’il ressurgir, afin de proposer des vins hors normes ?
Seul le temps nous le dira…
A qui donc ai je l’honneur de répondre ?
inconnu
Rencontre
Les vins ressemblent à ceux qui les boivent
Jean-Robert Pitte géographe, spécialiste de l’alimentation et du vin, décrit l’opposition entre le bordeaux et le bourgogne, de ceux qui les plantent à ceux qui les boivent, des paysages aux types d’exploitation, jusqu’à la forme de la bouteille.
par Jean-Dominique MERCHET
QUOTIDIEN : samedi 01 octobre 2005
Bordeaux contre bourgogne. Vous décrivez cette opposition comme une véritable fracture nationale. Oui. En matière de vins comme dans bien d’autres domaines, les Français choisissent leur camp et semblent s’y tenir. Ils sont bordeaux ou bourgogne. Derrière cette préférence, on peut observer des facteurs politiques, culturels ou géographiques. Les amateurs de bourgogne ne ressemblent pas du tout aux amateurs de bordeaux.
Parce que les vins ne se ressemblent pas ?
C’est une des raisons, mais j’essaie de prendre les choses à l’envers en montrant que les vins ressemblent à ceux qui les boivent. C’est la grande idée du géographe Roger Dion, pour qui c’est le client qui fait le vin. S’il n’y a pas de marché, il n’y a pas de vignoble.
Cela va donc contre l’idée que c’est le terroir qui fait le vin ?
Le terroir joue, bien entendu, un rôle, parce que, pour des raisons climatiques, on ne peut pas planter de syrah (un cépage des côtes du Rhône, ndlr) en Alsace. En revanche, pour le vin rouge, les cépages principaux de Bourgogne (pinot noir) et du Bordelais (cabernet-sauvignon et merlot) sont à peu près interchangeables. On pourrait planter du pinot noir à Bordeaux et du cabernet-sauvignon en Bourgogne, et cela donnerait des vins totalement différents. Mais on ne le fait pas, car les cépages donnent des vins qui correspondent au goût de la clientèle. Dans la notion globale de terroir, il faut donc intégrer le client, le marchand, le vigneron et, bien entendu, le sol et le climat.
Le client fait le vin, dites-vous…
C’est le client qui fait le produit. D’autant que le vin est un produit qui est de moins en moins de première nécessité même si, à titre personnel, je considère qu’il l’est ! On boit le vin par plaisir, c’est donc un produit de luxe, au bon sens du terme. Et qui a un coût. On accepte de dépenser de l’argent pour éprouver du plaisir et de l’émotion, un peu comme on va au concert, au cinéma, au théâtre. Si le client n’est pas exigeant, on ne fera pas du bon vin. Mais si le client, à force de faire travailler ses papilles et son intelligence, devient de plus en plus exigeant, les vignerons produiront des vins concentrés et complexes. Prenons l’exemple du champagne. C’est une construction de l’esprit, au bon sens du terme. On achète du rêve quand on achète une bouteille de champagne. Il y a des bouteilles à 100 ou 200 euros. Elles n’existent que parce qu’il y a des clients qui acceptent de mettre cette somme-là pour avoir un supplément de rêve.
Revenons sur nos deux vignobles. Sont-ils très anciens ?
Les Gaulois appréciaient beaucoup le vin et, à partir du moment où la Gaule est devenue romaine, on a planté des vignobles dans toutes les régions. Même si les dates sont imprécises, on fait du vin en Bourgogne et dans le Bordelais depuis le IIe ou le IIIe siècle après Jésus-Christ.
Dix-huit siècles !
Oui, avec sûrement un passage à vide durant le haut Moyen Age. Mais, depuis l’an mil, on n’a jamais cessé d’en faire. Ces deux grands vignobles se sont développés parce qu’il y avait des marchés de consommation importants. En Bourgogne, ce sont les abbayes, Cluny et Cîteaux, c’est le duc de Bourgogne, puis le roi de France et même les papes en Avignon. C’est donc une clientèle plutôt continentale, terrienne. Tandis que le vin de Bordeaux a connu son grand essor à partir du XIIe siècle, principalement sous l’impulsion du marché anglais. C’est un vignoble tourné vers la mer, qui existe parce qu’il y a un port à Bordeaux. Au XIIIe siècle, le roi d’Angleterre a même protégé les producteurs de la région de Bordeaux en leur accordant le monopole de la vente du vin vers l’Angleterre jusqu’à la Saint-Martin, le 11 novembre.
Comment peut-on décrire l’opposition entre bourgogne et bordeaux ?
Tout les oppose. Le paysage et le type d’exploitation, d’abord. On a un paysage peu vallonné en Bordelais alors qu’en Bourgogne c’est une pente assez forte, la Côte-d’Or. On a de petites exploitations agricoles en Bourgogne, très éparpillées et très morcelées. Clos Vougeot, c’est 50 hectares partagés entre 80 propriétaires… Autre exemple, tel paysan de Gevrey-Chambertin aura 15 hectares de vignes réparties en 30 parcelles, sur une dizaine d’appellations contrôlées. C’est un modèle qui n’existe quasiment pas dans le Bordelais. Là-bas, dans les grands vignobles du Bordelais, le Médoc, les Graves et le Sauternais, il y a la notion de «château». C’est-à-dire une grande exploitation, souvent d’ailleurs avec un vrai château dessus, mais parfois pas du tout… sauf sur l’étiquette. En général, cette exploitation s’étend sur 20 à 80 hectares d’un seul tenant, avec des parcelles de qualités différentes, plantées en plusieurs cépages qui sont ensuite assemblés.
Contrairement à la Bourgogne, où il n’y a pas d’assemblages de cépages dans un même vin ?
Oui, la Bourgogne ne fait que des vins monocépage, à l’exception du passe-tout-grain, un petit vin pour la soif. Le Bordelais assemble toujours et l’assemblage est différent d’une année sur l’autre. On mettra un peu plus de merlot, un peu plus de cabernet-sauvignon, un peu de cabernet franc, selon le résultat que l’on veut obtenir et selon le style du château.
Les vins sont différents et les viticulteurs aussi. En Bourgogne, on a plutôt l’image de paysans alors que le Bordelais est plus bourgeois, plus aristocratique.
Bien sûr et d’abord parce qu’ils n’ont pas le même patrimoine foncier, pas la même richesse. Le viticulteur bourguignon est un paysan, alors que le viticulteur bordelais est plus bourgeois. Ce sont deux mondes différents. Le propriétaire bordelais est souvent quelqu’un de cultivé, raffiné, bien habillé, tandis que le propriétaire bourguignon est un paysan à casquette et c’est très bien comme ça, car cela se retrouve dans le vin. Du moins est-ce vrai pour les propriétaires, car lorsqu’on regarde les gens qui travaillent la terre à Bordeaux ou en Bourgogne, c’est à peu près le même genre. Le côté plus bourgeois de Bordeaux s’explique aisément : les propriétaires sont souvent de vieilles familles terriennes ou issues du négoce et parfois originaires d’Europe du Nord. A l’origine, les marchands de Bordeaux sont des gens venus d’Angleterre, d’Allemagne, des Pays-Bas, qui ont implanté une maison de négoce sur le quai des Chartrons. Au XVIIIe et au XIXe siècle, ils ont investi dans la terre et ils ont maîtrisé le circuit depuis la production jusqu’au consommateur, à Bristol, à Amsterdam ou à Hambourg.
Même les bouteilles ne se ressemblent pas…
La bouteille bourguignonne est une bouteille ventrue à épaules tombantes, tandis que la bouteille bordelaise est une bouteille élancée, élégante et à épaules carrées. Ce n’est pas par hasard : la bouteille bourguignonne est plus ancienne dans sa forme, qui remonte à la fin du XVIIe. Grâce à ses épaules carrées, la bordelaise, plus complexe à fabriquer, permet de décanter plus facilement le vin, même si aujourd’hui il y a de moins en moins de dépôt parce que les vins sont filtrés. Auparavant, on décantait pour obtenir un vin limpide, qu’on présentait dans une carafe en cristal avec des chandeliers sur une nappe blanche, avec tout un décorum qui, à mon sentiment, a quelque chose à voir avec le puritanisme de l’Europe du Nord. Il faut être transparent devant Dieu, tandis que, quand on est catholique, on n’a pas besoin de transparence parce qu’il y a le confessionnal pour purifier son âme !
Le bordeaux serait donc un vin protestant et le bourgogne catholique ?
D’une certaine manière, oui, même si cette hypothèse peut être contestée. Je crois beaucoup que l’on boit comme on est. Il faut que l’on se reconnaisse dans le vin. En Bourgogne, on boit volontiers une bouteille poussiéreuse au fond de la cave sans rien voir, parce que ce qui compte, c’est le parfum. A Bordeaux, la vue, l’oeil, la robe du vin ont une énorme importance, alors qu’en Bourgogne c’est le bouquet, le parfum qui compte. Je crois que cela a à voir avec les éthiques religieuses de l’Europe. Le bordeaux est un vin qui est fait pour la dégustation, pour être retourné longuement dans la bouche, qui ne peut se boire que quand il est vieux, à cause de la présence de ses tanins. Vieux, donc cher, ce qui signifie qu’on n’en boit pas beaucoup. On ne se saoule guère au bordeaux, on garde sa conscience. Comme dans l’éthique protestante, où il faut rester maître de soi. En revanche, le vin de Bourgogne est un vin d’abandon, un vin dans les bras duquel on peut se laisser aller. Parce que le pinot est un cépage particulièrement sensuel, un cépage qui fait tourner la tête assez vite.
On se saoulerait plus vite avec du bourgogne qu’avec du bordeaux ?
Incontestablement. A l’inverse, si l’on prend le cabernet-sauvignon, le grand cépage du Bordelais, on a affaire à quelque chose d’austère, qui donne des résultats exceptionnels de richesse, de profondeur et de complexité. C’est un vin qui pousse à la conversation élégante, à la discussion philosophique, cela va très bien avec Montaigne et Montesquieu.
Même à jeun, dans le Bordelais, on entend parfois des choses très cruelles sur le bourgogne.
En effet, mais les Bourguignons ne disent pas non plus grand bien du vin de Bordeaux. Pour eux, c’est en gros le vin des malades, alors qu’ils prétendent produire le vin des bien-portants. En revanche, à Bordeaux, la grande plaisanterie, c’est : «Ah ! le bourgogne, c’est bon, mais je préfère quand même le vin.» Certains poussent le bouchon trop loin, comme Philippe Sollers, un Bordelais, qui voyait dans le bourgogne l’essence même du pétainisme, le vin continental opposé au vin ouvert sur le vaste monde de l’échange.
On a l’impression d’être en pleine guerre pichrocoline, alors que les nouveaux producteurs comme l’Australie ou le Chili raflent les marchés.
Notre querelle est sympathique et amusante, si l’on ne se prend pas au sérieux. Car, vous avez raison, il y a des enjeux économiques majeurs. La force de la France est d’abord historique. Sur le plan économique, l’histoire on s’en fout, sauf si on la valorise intelligemment par la communication ! Or c’est la France qui a inventé les grands crus. La particularité de tous nos vins, c’est d’être des vins de terroir. Et un grand vin doit forcément ressembler au sol dans lequel la vigne plonge ses racines pour en ramener des sels minéraux. Et au climat, au temps de l’année. D’où la notion de millésime : le vin n’a jamais le même goût d’une année sur l’autre.
Certes, mais ces vins complexes se heurtent à la tendance du marché mondial qui demande des vins plus simples. La France ne doit-elle pas s’y adapter ?
Les nouveaux consommateurs découvrent le vin et apprennent à le connaître avec des notions simples comme le cépage. On boit du gamay, du riesling ou du cabernet-sauvignon. Evidemment, ces consommateurs ne connaissent pas les finesses du classement des crus de Bordeaux de 1855. Mais attention, on voit apparaître aux Etats-Unis, au Japon, au Canada et même en Chine une nouvelle génération de consommateurs qui ont commencé à boire sans trop faire attention, mais qui sont devenus des connaisseurs et des amateurs. Ils ne se satisfont plus des vins qui peuvent être très corrects, constants d’une année sur l’autre, sans défaut, mais qui ne procurent pas de grande émotion. Or c’est cette émotion que les consommateurs acceptent de payer cher.
Vous voulez dire que la France doit rester dans le haut de gamme ?
Pas nécessairement, mais en tout cas dans les vins à forte identité géographique. Les Français qui se lancent dans le vin de cépage pourront peut-être faire quelques bénéfices dans un premier temps. Mais compte tenu du prix de la terre et du niveau des salaires en France, ils n’ont aucune chance de s’en tirer face au Chili, à l’Australie ou à l’Afrique du Sud. J’ai trouvé récemment un bon sauvignon du Chili, très bien fait, à 2 euros. Avec une belle bouteille, une belle étiquette et un vin très correct à l’intérieur. Qui en France peut faire un vin à 2 euros ?
Si le bordeaux doit rester bordelais et le bourgogne bourguignon, la querelle a un bel avenir. Et vous, de quel côté vous situez-vous ?
J’ai découvert le vin en Bourgogne, où j’ai été viticulteur quatre ans. Mon camp était choisi, mais j’ai appris à connaître et à apprécier les bordeaux : je suis aujourd’hui en faveur d’un système de cohabitation…
Réponse d’Emmanuel:
Bravo, cher inconnu pour ce commentaire, et cette interview, absolument merveilleux, et instructif.
Que puis-je répondre ? (je suis un peu perdu, à dire vrai)
========================= ma préférence ??
Que, je n’ai jamais eu de préférence pour entre un vin de Bordeaux ou de Bourgogne, et que je ne fais absolument aucune confrontation entre ces 2 vins.
Simplement, j’essaie à mon plus humble niveau de décrire les différences architecturales qui différencient ces vins.
Je ne prends parti pour aucun des deux, simplement, je constate que, en France, ces 2 régions dominent le marché intérieur.
Certes, des régions merveilleuses, telles la vallée du Rhône, le Languedoc désormais, ou encore le sud Ouest, ou même l’Alsace, finalement ,toutes les autres régions, se montrent interessantes, car dynamisées par de probants amoureux du vin.
De jeunes vignerons, amoureux, ouverts d’esprits, donc curieux, osent s’imprégner de savoir-faire, étrangers aux vertus françaises.
Audacieux, ils se permettent de chambouler la donne, et au jour d’aujourd’hui, le monde du vin évolue, à une vitesse sans cesse croissante.
Les grands vins ont droit de citer en France, (Bordeaux, Bourgogne, Rhône, Alsace, Loire, Sud Ouest…), mais également en Espagne, Italie, Etats Unis, Allemagne, Autriche, Hongrie, Suisse même, Australie, et j’en passe…
Simplement, chaque vin a son histoire, sa personnalité….et parfois même son défaut, qui fait donc sa qualité, car son authenticité.
Ainsi, le goût n’étant surtout pas universel, j’ai plaisir à déguster, apprécier, et admirer des vins de toute horizon.
Là, je réponds de façon très personnelle…
Cordialement, cher inconnu.
Emmanuel DELMAS
Delphine
Bonjour,
Merci encore pour ces précisions, elles sont précieuses, comme les flacons dont tu parles.
Dommage seulement, que ces bouteilles soeint si rares, il serait interessant d’en savoir plus à ce sujet.