Les vignes du château Mangot en St Emilion
Sabrer pour sabrer, ce n’est pas mon truc. Si je fustige d’un côté, je mets en avant par ailleurs des contre-exemple de l’autre. En fait je ne faisais qu’exprimer mes ressentis, et cela venait vraiment du coeur. Je me suis rendu peu après chez certains vignerons dont j’appréciais les démarches, souvent en bio ou s’en rapprochant, d’autres refusant les élevages en fûts…partir à la rencontre de vignerons qui pouvaient réconcilier avec les vins de Bordeaux. Vous retrouverez ces vignerons parmi mes ‘portraits de vignerons’.
Les vignes de Franck Bernard, vigneron en Francs-Côtes de Bordeaux (Cru Godard), en bio
UNE PRISE DE CONSCIENCE?
Il ne s’agit peut être pas d’une interrogation mais plutôt d’une affirmation. Oui, à Bordeaux cela bouge! Mais si historiquement, au vu de la pression commerciale qui s’abat souvent sur les grandes propriétés de la place, cela évolue toujours un peu plus lentement qu’ailleurs, la marche avant est bel et bien enclenchée. J’y ai trouvé des vignerons passionnés, qui se remettent en questions et qui sont ouverts sur le monde qui les entoure. Ils dégustent des vins de tous horizons, se nourrissent des autres, et cela leur ouvre des perspectives.
Si comme tous les vignobles de France et de Navarre j’y ai croisé encore trop de sols pourris par les produits chimiques, force est de constater un certain recul, et davantage de vignes enherbées. Le bio n’est pas une valeur de façade mais bel et bien une réalité. Sembler bio dans les vignes est une chose, le ressentir dans les verres en est bel et bien une autre.
Si certains grands crus classés et autres grands domaines réputés ont ou viennent d’enclencher la marche en avant, ce n’est pas pour un quelconque effet de mode mais par pur esprit de bon sens, et les risques encourus ne le sont plus vraiment, les regrets ne se font pas jour.
Les bordelais ont ceci d'attachant qu'ils savent vous recevoir, toujours avec simplicité, sincérité, malgré parfois des codes qui leur sont propres. Le visiteur qu'il soit amateur, ou professionnel repart avec le sentiment d'avoir été reçu avec élégance, et respect. Mais toujours avec leur simplicité si caractéristique
Nicolas Vergez, en Blaye Côtes de Bordeaux (Lacassagne Boutet), un vigneron pointilleux, qui a souffert d'une météo bien capricieuse
Cela fait déjà plusieurs années que je constate dans mes verres une vraie progression qualitative, avec des vins qui ont su revenir à plus de justesse en abandonnant les élevages en fûts étouffants, pour laisser place à une plus pure expression du fruit. Si Bordeaux élabore des vins parfois aménagés, et que cela reste une réalité chez les domaines proposant un volume important, elle semble un peu moins vraie aujourd’hui qu’il y a 10 ans. Et cela est une très bonne nouvelle.
Il faudra encore un peu de temps pour que tout cela s’affirme et se confirme, mais la machine s’est mise en route et rien ne semble l’empêcher de continuer sereinement sa route. Vignerons jardiniers de la vigne, vignerons amoureux de leurs terres et châtelains désireux de redonner du sens et de la justesse à leurs vins se retrouvent dans un état d’esprit similaire, chacun avec ses convictions propres, et d’autres avec leurs limites ou leurs moyens. Cependant, l’essentiel est ailleurs. Dans ce désir qu’ils ont tous de donner le meilleur pour leurs vignes et leur environnement.
Tout n’est pas encore parfait, il existe encore des « vignerons » s’oubliant, se sentant peut être dépassés, voire démunis par la faute de nos dirigeants toujours plus stricts, une météo impitoyable, et une concurrence rendue toujours plus déloyale par nos pouvoirs publics. Et d’autres encore qui se laissent aller à la facilité des marchés asiatiques, et autre émergents, au prix toujours plus bas, qui finiront étranglés.
Il y a à Bordeaux, une telle diversité de vins qu'il est toujours bon de prendre le temps sur place…laissez vous surprendre, sortez des sentiers battus. Vous allez vous perdre peut-être, et vous retrouver hors du temps, et ça, c'est si bon!
Les vins de Cornélie, de Patrick Grisard…des vins fortement identitaires, juteux, sincères…
Si les grands crus classés voient bien l’intérêt mais aussi les prises de risques qu’amène une conduite des vignes en culture raisonnable, raisonnée, ou bio qu’elle soit logique ou dynamique, il est clair qu’avant eux dans les ‘petites’ appellations, les « petites’ Côtes et les génériques de plus en plus de vignerons, telles des locomotives montrent la voie. Le château Fonroque, grand cru classé de Saint Emilion est un parfait exemple de ce que peuvent offrir des vins propulsés avec sincérité, passion, et bon sens. Ce domaine est en culture bio-dynamique depuis plus de dix ans et fut d’ailleurs le premier château classé empruntant cette voie, et la qualité de ses vins est absolument remarquable. Les pépites ne sont pas toujours là où on aimerait nous le faire croire…
A l’heure où l’intérêt de la vente en primeurs semble s’essouffler, où les marchés s’ouvrent partout ailleurs, les vins de Bordeaux ont su se réinventer, et même si il était temps, on ne pourra jamais leur reprocher de toujours savoir prendre les devants quand cela est nécessaire. C’est aussi cela la magie du Bordelais, toujours être au service de leurs vins. Il en va de la survie de cette fameuse économie.
Quelque chose me dit que l’on retrouvera petit à petit, chez les bons cavistes un retour en grâce des vins de Bordeaux que j’aime, que nous aimons également désormais. Il n’y a pas qu’ailleurs que nous trouvons de magnifiques « vignerons jardiniers », dévoilant des vins au fruit pur, et à la vitalité évidente, des vins juteux qu’on aime boire, ou des vins plus profonds, sapides et si longs. Il y en a plein à Bordeaux pour qui sait chercher un petit peu.
Alors, un conseil mes amis, faites comme moi encore tout récemment, venez faire un tour en Bordelais constater tout cela, vous risquez d’être fort étonnés. Grands crus classés, vins de côtes…mais n’oubliez pas les vins blancs secs…surtout pas ! Ou encore les vins liquoreux qui eux aussi savent se réinventer en proposant encore plus de vitalité. Oui, à Bordeaux ça bouge et quel plaisir à voir ! Venez donc constater cela par vous-même à quel point cette région et ses vignerons sont vraiment étonnants, et attachants ! Et les vins, à leur image.
Emmanuel Delmas

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Comme tout grand amateur de vins, mieux encore de professionnel du vin, j’ai en ma possession de belles bouteilles de vins de Bordeaux.Pourtant, devenu pointilleux, je suis moins adepte de certains
https://www.sommelier-vins.com/2010/01/vins-de-bordeaux-la-france-a-besoin-de-vous
PORTRAITS DE VIGNERONS – Emmanuel Delmas, Sommelier & Consultant en vins, Paris
Car les vignerons donnent naissance aux vins, relaient le message du sol, de leur terroir. Leur talent n’a d’égal que leur passion et leur courage. Je me rends en moyenne 40 jours chaque année chez
https://www.sommelier-vins.com/2008/03/portraits-de-vignerons
Sophie Sainges
Merci pour cet article
Patrick Moëne
Caviste indépendant en Haute Savoie, je me suis aussi éloigné des vins de Bordeaux.
Est ce que je peux acheter en direct les vignerons que vous citez?
Cru Godard en Côtes de Francs / château Mille Roses / chateau Lacassagne Boutet / Patrick Grisard / chateau Fonroque
Emmanuel Delmas
Bonjour Patrick,
Tu peux y aller de ma part, en effet. Sois certain que tout le monde ne prend pas la peine de me demander avant ,-(
Merci donc pour avoir demandé
Miguel Lopes
Je confirme et ce n’est pas plus mal !
Jenny Lloret
Oui ! Les pépites ne sont pas toujours là où on nous le fait voir!
Benjamin
Sympa cet article pour Bordeaux!