Deuxième partie de mon périple en Bordelais avant une dernière qui relatera deux étapes imprévues, qui nous ont apporté bien du plaisir. Mais restons concentré sur nos visites de la seconde moitié de semaine, car nous avons vécu de formidables moments d’humanité et de dégustations. Et quel plaisir une fois de plus, comme quoi à Bordeaux il y a plein de pépites quand on veut bien se donner la peine de chercher un petit peu en dehors des sentiers rabattus!
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Mercredi 6 Juin:
- Château Haut Bailly – Pessac Leognan
- Château Cornélie – Haut Médoc (non prévu initialement)
Jeudi 7 Juin:
- Château Bel Air Marquis d’Aligre – Margaux
- Château Milleroses – Medoc
- Château Saint Saturnin – Medoc
Vendredi 8 Juin:
- Château Lacassagne Boutet – Blaye-Côtes de Bordeaux
Château Haut Bailly en Graves ©EmmanuelDelmas
CHATEAU HAUT BAILLY, GRAVES
J‘ai toujours été attiré par les vins de ce domaine discret de Graves. J’avais d’ailleurs acheté il y a 20 ans un 1988 dégusté en 2012 qui fut splendide. A l’image de ses vins, veloutés, droits, fins, confortables, longs…ah les vins de Bordeaux dégustés à bonne maturité, quel plaisir!
Le Château Haut Bailly fut historiquement considéré comme un des tous grands vins de Bordeaux. 30 hectares d’un seul tenant, avec l’acquisition récemment du château le Pape de 7 hectares en appellation Bordeaux. J’y ai dégusté deux jolis vins, le Grand vin et le second La Parde Haut Bailly, bien que juvéniles, ils se révélaient prometteurs, raffinés et malgré une bonne structure, ils offraient une certaine finesse dans les finales. Une jolie visite !
Jean Pierre Boyer, château Bel Air Marqis d'Aligre, à Margaux (Soussans) ©EmmanuelDelmas
Château Bel Air Marquis d’Aligre, Margaux
Château Bel Air Marquis d’Aligre, à Soussans, Margaux. Ou BAMA pour les intimes. Voilà un domaine hors du temps, où oeuvre depuis plus de 60 ans Monsieur Boyer. Ici, oubliez les fûts de chêne, les élevages se font en cuves béton, sur de longues années.
La patience est mère de bien des vertus et ici plus qu’ailleurs. Nous avons vécu un moment formidable, étonnant et plein d’humanité, en dégustant des vins pulpeux, sèveux, toniques. Une régalade.
Nous revenons à des vins plus justes, salivants et purs. Loin des modes, nous sommes bien hors du temps et cette virée fut en plus délicieuse, revigorante. Et si les vins de BAMA étaient en fait ceux qui exprimeraient au mieux ce que sont les vins de Margaux ?
Merci Monsieur Boyer pour votre temps si précieux, votre faconde et sincérité, et vos mots. Et merci aussi pour vos vins, qui réconcilieront celles et ceux qui auraient encore besoin de l’être avec les vins de Bordeaux. Et avec Adrien Tramier voici peut-être l’un des derniers Mohicans!
Château Mille-Roses, Haut Médoc-Margaux ©EmmanuelDelmas
Château Mille-Roses en Haut-Médoc & Margaux
Domaine discret, bio depuis déjà quelques temps, il était temps de venir voir sur place ce que ce domaine révèle comme vins. Ce fut encore un moment délicieux, et très instructif avec le vigneron, passionné, ouvert d’esprit et qui ne revendique pas de manière permanente le bio. Pour lui, le processus lui semblait si évident qu’il n’a pas besoin de le mettre en avant pour se convaincre de son bien fondé.
Un joli terroir, un domaine consciencieux, et voilà des vins juteux, sérieux, bien établis. Rien à redire, que des choses positives, des vins qui seront à suivre car l’évolution est palpable. Et les vins gagneront avec le temps en pureté, netteté, et surtout en vitalité. Les promesses seront tenues, j’en suis certain.
Adrien Tramier, vigneron à Bégadan au château Saint Saturnin ©EmmanuelDelmas
Château Saint Saturnin, Adrien Tramier, à Bégadan – Medoc
Est-il encore nécessaire de présenter Adrien et ses vins ? Manifestement oui. Vigneron aussi discret qu’il est passionné, Adrien Tramier peut être considéré comme le dernier des Mohicans dans le Medoc. Abolition des fûts de chêne depuis le début, cuvaisons longues, et vendanges débutant souvent fin Octobre, parfois début Novembre, c’est dire! Chaque cépage est vinifié et élevé à part dans ds cuves séjournant en grande partie à l’extérieur.
Les assemblages se déroulent juste avant chaque mise en bouteille. Les vins sont absolument épatants. Crémeux, sapides, emplis d’énergie et d’élégance. Des vins qui traversent le temps avec une certaine dextérité, des vins rares. Outre ses vins, nous avons passé un superbe moment d’humanité avec Catherine sa femme et Adrien. Deux belles personnes qui sont devenues des amis. Ce qui ne m’empêchera jamais d’être le plus juste possible. Pour preuve je vous invite à croiser la route de leurs vins…
Nicolas Vergez, vigneron à Blaye- Cotes de Bordeaux, château Lacassagen Boutet ©EmmanuelDelmas
CHATEAU LACASSAGNE BOUTET, BLAYE – COTES DE BORDEAUX
Je connais les vins de Nicolas Vergez depuis quelque temps déjà, et je dois dire qu'ils m'ont immédiatement séduit. Nicolas était même venu me voir à la maison afin de me faire déguster toute sa gamme voilà plusieurs années. Me rendre chez lui et clôturer nos visites à Blaye tombait sous le sens.
Quand Nicolas est venu à la maison, il était plein d'optimisme et de bons sens, il savait où il allait, en épousant les contours de la culture biologique sans la revendiquer pour autant, soucieux de soigner l'environnement dans lequel il se trouve. Et ses vins juteux, pleins de fruit, aux élevages fins et avec de belles allonges laissaient présager d'un avenir radieux.
En arrivant chez lui, et en visitant son vignoble, ses vignes, je l'ai senti un peu découragé. Et ça se comprend au vu des derniers millésimes et ses aléas climatiques. Deux millésimes sans vins ou si peu, ses cuves vides, et trop peu de fûts remplis semblent avoir entamé son éternel optimisme. Cependant, Nicolas et son papa ne se laissent pas abattre. Seuls dans l'exploitation, le travail reste colossal, afin de poursuivre sur la voie dans laquelle ils se sont engagés. Tout n'est pas rose, et certaines décisions ont dû être prises, provisoirement. Ajoutez à cela une pression commerciale qui pousse les prix des vins de l'appellation à la baisse, par la faute d'exploitations prêtes à tout pour écouler leurs stocks, quand ils en ont, à des prix dévastateurs.
L'impact est important en terme d'image et quel dommage quand on sait à quel point nombre de propriétés se démènent pour sortir de l'ornière. Blaye Côtes de Bordeaux, commence pourtant à porter, et il faut espérer que le prochain millésime laisse un peu tranquille nos vignerons. Malheureusement, quelques jours avant mon passage, une grêle dévastatrice est passé dans le coin. Nicolas Vergez ne fut pas touché cette fois-ci. Les vins de Lacassagne Boutet restent toujours aussi fruités, sapides et énergiques, de 2010 à 2015, et c'est si rassurant. Alors, Nicolas et papa Vergez tenez bon, gardez le cap surtout ! Et à bientôt.
Emmanuel Delmas
Emmanuel Delmas
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RETOUR DU VIGNOBLE BORDELAIS # 1 – Emmanuel Delmas, Sommelier & Consultant en vins, Paris
De retour du vignoble bordelais, j’en ai retiré quelques enseignements instructifs, que je partagerai très prochainement avec vous sur le Blog. Mon voyage fut superbe en compagnie de deux de mes …
A MOI LE VIGNOBLE BORDELAIS ! – Emmanuel Delmas, Sommelier & Consultant en vins, Paris
Ma dernière dégustation au château Mangot en 2012 je crois…ça date! Cela faisait bien longtemps que je n’étais pas venu en bordelais une semaine entière et ce sera chose faite la semaine …
Gérard
Merci, Emmanuel, pour ce beau périple au pays des bordeaux de terroir, et non de fabrication ou d’élevage dominant. Je n’oublie pas que tu m’as réconcilié avec les crus bourgeois du Médoc, que j’avais délaissés depuis longtemps, en me faisant découvrir le château Saint-Saturnin. Elégance, sapidité, droiture, et les millésimes anciens bien vivants comme les 82, 85,88 ou 90 que j’ai encore en cave.
Je n’ai jamais été déçu par une bouteille de Mr Tramier, que, malheureusement, je n’ai pas pu rencontrer quand je suis allé au château, accueilli par deux molosses à l’amabilité relative.
Merci encore pour cette belle découverte.
Gérard
Emmanuel Delmas
Merci Gérard pour ce gentil mot!
Ou je vais toujours voir les vignerons qui donnent du sens à leur travail, leurs vins sont souvent bien meilleurs. Adrien Tramier fait partie de ces super vignerons, trop méconnus, et si discrets aussi…qu’un peu de lumière ne peuvent vraiment pas leur faire du mal…