Vincent Gaudry, vigneron biodynamiste de Sancerre révèle par cette vidéo sa philosophie de travail, ses expériences et surtout une étonnante sincérité. Et ce , tout en sourire.Nous avions passé un moment fort agréable en sa compagnie. Bon visonnage ! (photo: ©Armand Borlant)
Tout près de Sancerre se trouve un minuscule hameau, « Petit Chambre » à Sury en Vaux. C’est ici que se situe le tout petit chai de Vincent Gaudry, tout juste surmonté d’une petite enseigne à son nom.
C’est avec un grand sourire que Vincent nous reçoit. Nous nous étions déjà rencontrés mais jamais chez lui, plutôt au hasard de dégustations. Il ne connaissait aucune des personnes présentes lors de ma venue. Somme toute, même si Vincent n’est pas du genre à se faire remarquer de prime abord, il n’est pas pour autant aussi timide qu’il pourrait en avoir l’air. Juste est il discret et observateur.Vincent Gaudry, un vigneron engagé dans la voie bio depuis bien des années…pour lui, il ne pouvait pas en être autrement.
Vincent Gaudry à Sury en Vaux (Sancerre) par ©Armand Borlant.
Notre jeune vigneron nous raconte l’histoire de sa famille, mais aussi celle de Sancerre. Il insistera toujours sur l’importance donnée aux anciens, à leur travail et au patrimoine qu’ils ont laissé. Car si aujourd’hui le vin de Sancerre est enfin reconnu, il le doit à nombre de ces vignerons qui ont participé à la renommée du cru. Notre jeune vigneron nous raconte ainsi que les femmes de vignerons ont permis de conquérir les premières lettres de noblesse du vin blanc de Sancerre. Qui, il y a encore bien des décennies était plus connu sous le nom de « Sauvignon de Sancerre ». En effet, il souligne: « L’histoire du vin à Sancerre a commencé grâce au Crottin de Chavignol. La femme du vigneron avait pour habitude de dire aux parisiens de passage que le crottin devait se consommer avec le sauvignon de Sancerre. Ce sont bien elles qui ont permis aux vignerons de gagner petit à petit leur vie, par leur sens du commerce et de la débrouillardise » Vincent appuie ses dires: « Certains vignerons et femmes prenaient régulièrement le chemin de Paris afin de vendre le crottin mais aussi le fameux sauvignon de Sancerre. » Le Sauvignon de Sancerre devient petit à petit le Sancerre, où le cépage a pu acquérir ses lettres de noblesse.
L’article complet sur ma visite, les commentaires de dégustation et la conclusion ici.
Emmanuel Delmas
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Gérard
Bien d’accord dans les grandes lignes avec toi, Emmanuel. Disons que Chavignol offre quelques terroirs parmi les meilleurs sur Sancerre, mais n’occultons pas les autres. Quelques vignerons de
référence aujourd’hui n’ont pas de vignes sur Chavignol, et présentent des vins remarquables.
Concernant les grandes capacités de vieillissement des vins de Cotat et Vatan, elles sont sans doute dues au terroir particulier dont les lieux dits que tu cites, mais aussi en partie à la patte
du vigneron. Ma préférence irait pour Vatan, question de goût, (j adore la tension de ses vins ) mais la production est confidentielle.
Emmanuel DELMAS
Nous sommes complètement d’accord là-dessus ! Le vigneron en surface fait une grand partie du travail permettant au « terroir » d’imprimer sa signature. Sans un vigneron consciencieux point de
magie.
Gérard
Je crois un peu simpliste de dire que Chavignol est LE territoire du sauvignon. La renommée des vins de Chavignol vient sans doute en grande partie du nom connu partout grâce au fameux fromage de
chèvre et à cet accord met-vin, remarquable en effet dans ce cas précis. Il y a certes des territoires parmi les meilleurs sur les collines de Chavignol (monts Damnés en particulier) et quelques
vignerons remarquables cités par Laurent, et quelques autres, Gérard Boulay me venant à l’esprit immédiatement, mais d’autres territoires donnent des grands vins, comme Bué avec Vincent Pinard,
Dominique Roger entre autres ou Maimbray avec Reverdy. Sur Sancerre autant qu’ailleurs, c’est le vigneron qui magnifie le vin. C’est peut-être moins délicat sur Chavignol qu’à Sury en Vaux, mais
je connais bien quelques vins issus de Chavignol qui ne rivaliseraient pas avec ceux de Vincent Gaudry (que je ne connais pas d’ailleurs).
La prise de conscience qu’il fallait arrêter les excès chimiques, par quelques vignerons de la génération Alphonse Mellot père, et par la jeune génération de Vincent Gaudry est à l’origine de
l’amélioration qualitative d’ensemble constatée sur Sancerre depuis vingt ans, et sur les voisins Menetou-Salon et Pouilly, où elle me semble plus récente et moins partagée.
Merci Emmanuel, pour cet éclairage sur un vigneron discret et méconnu.
Emmanuel DELMAS
Gérard,
Il me semble toutefois indéniable que Chavignol offre certains terroirs franchement remarquables comme le cul de Beaujeu ou encore la Grande Côte, mais surtout les Monts Damnés. Ces terrains sont
exposés plein est, soleil et sont très pentus, se rapprochent sérieusement des sols chablisiens et calcaires, en hauteur au plateau portlandien d’ailleurs. Leur spécifité me semble donc
avérée.
Laurent peut d’ailleurs nous éclairer car il a l’habitude de déguster de vieux millésimes de Cotat ou Vatan, manifestement…
laurentg
Le commentaire d’Eric est-il vrai aussi pour Chavignol ?
Selon moi, LE territoire du sauvignon, avec en particulier les remarquables vins de Sancerre produits par François Cotat et Edmond Vatan.
Emmanuel DELMAS
Là, Laurent il faudra demander directement à Eric…
Florent Granier
Vidéo sympa et vivante!
Quand on se trouve au dessus de la biodynamie, n’est on pas plus proche des anges, de leur part en tout cas?
A+
Emmanuel DELMAS
Merci Florent ! Nous sommes sur un nuage, oui ,-)
Bertrand Fiocre
Bon boulot, Emmanuel, et bravo pour Vincent, qui a une place de plus en plus prépondérante dans le Sancerrois ..
Emmanuel DELMAS
Oh tu sais Bertrand, je ne fais rien d’autre que du « one shot », à l’arrache afin de capter toute l’authenticité du personnage et du moment. En même temps, c’est Caroline qui a filmé, rendons lui
grâce ,-)
Eric B
Deux p’tites choses à rajouter :
– si le Sauvignon de Sancerre n’était pas réputé jusqu’il y a peu, c’est que jusqu’à la fin du XIXème siècle, on ne faisait que du pinot noir, laissant le sauvignon à Pouilly Fumé. Lorsqu’ils ont
replanté après le phylloxera, les vignerons sancerrois se sont dits que ça ne serait pas une mauvaises idée de copier sur le voisin d’en face. Il a donc fallu un gros travail ensuite pour faire
connaître ce nouvel arrivant au royaume des blancs
– je n’y étais pas, mais je crois savoir qu’Alphonse Mellot a beaucoup fait pour la popularisation du Sancerre dans les brasseries parisiennes des années 60-70.
Emmanuel DELMAS
Merci Eric pour ce commentaire fort instructif et tu as raison de souligner l’importance pris par le vin rouge, le pinot noir à Sancerre à l’époque. Localement, les vignerons louent le travail de
leurs femmes à l’époque qui avait permis de populariser le sauvignon de Sancerre avec les crottins. En cela, certains vignerons ont suivi notamment en proposant leurs vins aux diverses
brasseries, dont les Mellot.
On en apprend tout plein de choses dans le vin ,-)