Rencontre à Nuits Saint Georges avec Thibault Liger Belair. Impressionnant de prime abord, Thibault fait preuve d’une grande finesse d’esprit, et d’une vraie douceur. Levons le voile sur ce vigneron de talent…éclairage !
Domaine Thibault Liger-Belair
32 rue Thurot
21700 Nuits Saint Georges
Tél/Fax: 03 80 61 51 16
Thibault Liger Belair a repris les rênes du domaine Liger Belair en 2001. Il faut savoir que la famille Liger Belair fut une grande maison de négoce. Ce fut pour lui l’occasion d’exploiter ce domaine familial à Nuits St Georges, à 26 ans. Comme nous le délivre Thibault, il a dû recréer le domaine. Dès le départ, Thibault Liger Belair travaille ses vignes en culture biologique. Puis en culture bio-dynamique.
Vidéo de présentation de Thibault Liger Belair (4′)
2001, SON 1ER MILLESIME
Avant cela, Thibault Liger Belair a débuté ses études de viticulture en 1991. Quelques années plus tard, il travaille pour la fameuse société Ficofi, organisatrice de dégustations de prestige à travers les plus grands palaces de la planète. Ainsi, il est au contact des très grands crus. Par la suite, avant de reprendre le domaine en 2001, Thibault travaille 2 années pour le site de vente de vins online WineAndCo en tant que responsable des achats durant 2 années.
CONDUITE DE LA VIGNE
Sa vocation première était de faire revivre les sols.
Il n’y a jamais dans le discours de Thibault, la moindre certitude. Seulement quelques constats, et avant tout juste la conviction que la manière dont il aborde le travail à la vigne, fait du bien à la vigne, et que les sols ont évolué, que leurs couleurs ont changé.
« Ce n’est pas parce qu’on passe en culture biologique, qu’on fait des grands vins. Surtout, essayer de donner de la vie aux sols… »
Les vignes du domaine ont entre 30 et 75 ans, selon les parcelles. Le domaine offre une surface d’environ 8 hectares au total. Sans oublier 5 hectares récemment acquises en Moulin à Vent.
En 2001, donc, la culture biologique propulse les vignes du domaine. Thibault fait respirer son sol, par une culture saine. Le désir est de faire respirer ses vignes, dans un tout 1er temps. Celles-ci réagissent, et offrent un jus plus riche, plus pulpeux.
« Je pense qu’on fait du bien à la vigne, on le voit, on le sent… » (Thibault Liger Belair)
En 2004, Thibault Liger Belair décide de tendre vers la culture biodynamique. N’y voyez surtout pas un côté ésotérique à cette approche, mais plutôt une forme de complémentarité, entre les sols, et son environnement. La vigne fut très réactive. Elle donnait des signes très positives.
Il est bien entendu que chaque parcelle est travaillée à part, selon l’identité et la nature de ses sols, afin de devenir un véritable révélateur d’expression de terroirs.Les travaux dans ses parcelles diverses ne peuvent donc être systématiques.
Les labours sont réguliers, à cheval en majeure partie, et donc pas de désherbants. le labour offre un excellent capteur énergétique en ouvrant le sol.
Les résultats se font ressentir très rapidement, à la vigne, tout d’abord. Puis entre les mains des vendangeurs, dans les cuves, et les fûts. Pour finir, dans les verres. La progression est certes linéaire, mais avant tout évidente et assez impressionnante.Pour en arriver là, si le respect de la vigne permet d’aller puiser au plus profond de la terre, par les racines de la vigne, la force, et la profondeur aux vins futurs, seul le travail permet d’y arriver. Et ce travail est effectué avec courage et passion par notre vigneron. Il n’y a pas de secret, et la grande humilité de Thibault Liger Belair porte à croire, que nous avons face à nous, l’un des vignerons les plus tenaces et réfléchis de la Bourgogne.
LES ELEVAGES
Thibault Liger Belair dans sa cave.
Au vu du grand travail imposé à la vigne, qui se veut donc le plus respectueux possible des sols, les élevages doivent au mieux épouser l’identité propre à chaque parcelle. Lorsque le jus le plus pur émane de très longs mois de dur labeur à la vigne, il est donc évident que les élevages se feront très lentement, et avec une précision absolue, afin de ne jamais marquer le vin par la signature du bois.Thibault Liger Belair, ne parle pas de concentration ou même d’extraction, mais plutot d’une forme d’infusion.
Se mettre au service de ses terroirs implique une réelle connivence, et écoute. Notre vigneron n’a pas à proprement parler sa signature ou une recette particulière.
Afin de ne jamais maltraiter ses jus, Thibault Liger Belair, fait confiance à son intuition, afin d’offrir aux vins futurs une grande justesse dans les élevages. Ainsi, il en résultera des vins d’une immense pureté, qui révèleront au mieux les messages des terroirs dont ils sont issus.
Peu de fûts neufs, jamais plus de 50% pour les grands crus. 15 % neufs sur les vins de Côtes, et jusque 25% sur les villages. Les fûts les plus anciens n’ont pas plus de 3 ans. Les vins évoluent entre 12 et 18 mois sur leurs lies, en fûts, selon leur appellation.Avec le moins d’interventionnisme possible, à condition toutefois que le millésime le permet.
Les vins ne sont ni collés, ni filtrés afin de respecter au mieux leur structure et leur personnalité.
LA DEGUSTATION
In situ en compagnie de Thibault Liger Belair et Patrick Maclart
MOULIN A VENT: VINS EN ELEVAGE
En 2008, Thibault Liger Belair a décidé d’élaborer un Moulin à Vent. Son 1er millésime sera donc le 2009.Les vignes sont agées de 60 à 90 ans, de sélection parcellaire. On est passé de 3 h 20 à 5 ha, actuellement.
Certains pourraient s’imaginer que Thibault ait envie de reproduire avec le gamay, le travail effectué ici avec le pinot noir. Ceux-ci se trompent lourdement. Car si Thibault réussit à merveille ses pinots noirs, c’est surtout parce qu’il a l’humilité nécessaire afin de les accompagner au mieux.
L’aventure que représente cette prise de « risque » lui apporte une réelle satisfaction teintée de plaisir. Quel intérêt aurait-il à la transposition d’un savoir-faire déjà acquis en Bourgogne ? Non, la découverte d’un cépage, et d’un terroir différents lui offre l’occasion de la diversité.
Moulin à Vent 09 « Les Rouchaux »
Granits bleus,(plus friables) sableux (plus de rondeur)
Vignes de 60 à 70 ans, fûts pas neufs, pas de macération carbonique
Vinification cuve ouverte.
Nez plaisant sur le fruit doucereux, à peine réduit.
Bouche ample, sur le fruit, un peu bousculé à ce stade.
***(*)
Moulin à Vent Vieilles Vignes
Granits roses (minéralité et tension)
Futs pas neufs (1 à 2 vins), durée 6 mois.
Nez élégant et terreux, floral.
Bouche droite reposant sur un socle intéressant, et sur le mineral. Finale ciselée, autoritaire en tanins fins.
****
Moulin à Vent « La roche »
Granit rose (roche), racines profondes.
Fruits et caillasse au nez. Floral. (Rose, violette).
Bouche étirée sur le fruit et le floral. Affutée et tendue en persistance, soutenue par de beaux tanins.
****(*)
VINS PRIS SUR FUTS
Bourgogne rouge « Chaillots » 09
Fin de malo. Vignes vendangées en 2 fois. Premier passage, grappes entières, selectionnées sur pieds. 2nd passage qui se fait normalement. Au total 3 tries.
Nez plaisant sur le fruit noir en gelée, et le fumé.
Bouche suave sur le fruit, la fleur et l’ intensité de la finale. Juteuse et tanins très fins.
***
Nuits St Georges « charmottes »
Nord vers Vosne
Nez soutenu sur le fumé, et les épices.
Bouche pas encore en place mais prometteuse.
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Gevrey Chambertin « la croix des Champs »
Sols profonds, 60 ans
Nez expressif sur la terre, et fruits noirs, très légèrement épicé..
Bouche ample, sur le minéral, à la finale nerveuse et des tanins très fins.
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Aloxe Corton « toppe au vert »
Calcaire vigne de 50 ans.
Nez crémeux, cassis et minéral.
Bouche droite pleine de fruit et crémeuse pour une finale élégante et aérienne.
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Chambolle Musigny 1er cru « gruanchers »
Nez aérien, et minéral sur le fruit et la fleur.
La bouche d’ une grande finesse révèle une touche minérale traversante, s’ évanouissant sur une finale tendue, racée.
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Vosne Romanée « les Réas »
Apres réduction, le minéral parle et les fruits noirs accompagnent ce nez plaisant.
Bouche droite, concentrée sur le fruit noir, et les épices. La finale nerveuse soutient des tanins fermes, soulignant la salinité.
***(*)
Très compliqué à ce stade
Corton Grand cru « Rognets »
Au milieu du coteau au nord, enclave dans le Charlemagne.
Immédiat, fruit explosif, minéral.
Bouche soyeuse, fine, d’un grand confort de bouche.
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Corton grand cru « Renardes »
Calcaire, fosse d’ argiles
Immense vin, terreux, profond et tendu, long, long et long.
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Clos de Vougeot grand cru
Nez légèrement réduit, terreux, minéral
Bouche étirée, sur une matière ample, pleine de jus, aux tanins fins et la mineralité marquante, poivrée et persistante.
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Nuits st Georges « les St Georges »
Nez minéral sur les champignons, bien terreux.
Bouche soyeuse profondément minérale, tendue soutenue par des tanins fourrés, fumé…persistance de race, grosse dimension.
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VINS EN BOUTEILLES
Nuits St Georges « Charmottes » 08
Nez plaisant, fumé, et fruit frais, puis flétri. Minéral et floral.
Bouche droite relatant le fruit et la fleur, juteux et tanins fins.
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Gevrey Chambertin » la Croix des champs » 08
Nez expressif sur le fumé et le floral (violette). A l’aération, le poivre et les fruits juteux prennent place.
La bouche d’ une grande élégance d’ expression de fruit. Finale tendue et florale de belle persistance.
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Corton grand cru « Rognets » 07
Nez minéral, oscillant entre fleurs et fruits, envolées de caramel mou.
La bouche emplit le palais. Sur le fruit et le minéral. La finale tendue et fraiche s’ associe à une trame de tanins fins. Persistance finale…enjouée…
*****(*)
Nuits St Georges « Les St Georges » 07
Noble réduction au nez, relatant la profondeur, les épices et la fourrure, viandé. Fruits noirs.
La bouche s’ ouvre sur une matière dense puis fraîche sur le fruit et les épices…la finale offre des tanins succulents, une persistance remarquable, matinée d’une autorité toute civilisée.
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Corton Grand cru « Renardes » 06
Nez gourmand sur le caramel mou, et la finesse d un élevage parfaitement intégré.
Le mineral fin, offre une sortie de bouche raffinee, et pleine de confort souligne par des tanins d une extreme finesse. Persistance élégante et étirée en longueur pour ce vin séducteur en diable, associant l’énergie de la terre à l’ élégance du fruit.
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3 *** Vin de qualité
4 **** Vin de grande qualité
5 ***** Vin superbe, de très bon niveau
6 ****** Vin remarquable, se démarquant par sa qualité
7 ******* Vin sublime, de très haut niveau qualitatif, valant le détour.
8 ******** Vin exceptionnel, offrant une émotion et une qualité hors normes
CONCLUSION
Mes 15 années passées parmi les plus grands restaurants m’ont certes permis de goûter d’immenses vins bourguignons. Nous croyons souvent, nous autres sommeliers que les grandes institutions révèlent les meilleurs vins. Et puis, un jour, vous réalisez qu’au contact de vrais vignerons passionnés et de profonde humilité émanent des vins spectaculaires, et renversants.Thibault Liger Belair m’ a offert avec cette dégustation et nos échanges un moment fort privilégié. Ses vins expriment une spontanéité merveilleuse qui me permet de déclarer que les terroirs savent parfois vous sauter à la figure sans arrogance aucune.
La lecture de ses vins offre générosité et profondeur révélée par une écriture talentueuse et tellement spontanée que vous comprenez où son auteur veut vous amener. Vous lui témoignez une confiance absolue parce que l’émotion et la générosité se lisent à travers ses pages. A la manière de Stefan Zweig pour l’écriture, vous trouverez avec Thibault Liger Belair un vigneron talentueux, altruiste, passionné et brillant…comme les terres Burgondes savent nous gratifier.
Bravo Thibault, car tout cela transparait à travers tes vins. Chapeau bas car j’ai été ébloui…décidément, je crois que j’aime la Bourgogne !
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J’apprécie votre blog, n’hésitez pas a visiter le mien.
Cordialement
…Et si on pousse jusqu’à son Richebourg, alors là, on a les larmes qui coulent lentement sur les joues et on sourit …parce qu’on est heureux, simplement…!