Elaborer du vin est un travail harassant, réclamant passion, dévouement, (dévotion même), amour, et courage, abnégation, force…et du talent pour les meilleurs.
Le roussillon fait partie de ces regions très dynamiques, sous l’impulsion de vignerons qui se permettent de s’ouvrir l’esprit.
Parmi ces talents subsiste un monsieur décidement opiniâtre, qui a toujours cru en lui.
Déjà sommelier, il s’était évertué à se démarquer par sa compétence. Ce n’est donc pas par hasard qu’il décrocha le pourtant très convoité Trophée Ruinart du meilleur jeune sommelier de France, en 1981.
Devenu journaliste, me semble t’il en compagnie du fameux Jean Pierre Coffe, c’est en 1996 qu’il fit la découverte de vignes laissées à l’abandon, sur un terroir rocailleux. Vingrau, voit arriver un nouveau vigneron…
Hervé BIZEUL vigneron
Le vin ressemble souvent à son maître d’oeuvre.
La réputation de Bizeul n’est plus à faire. Les vins du Roussillon proposent ci et là de magnifiques vins. Le grenache, cépage O combien délicat à dompter ailleurs, ne se laisse apprivoiser qu’en de trop rares occasions.
Après tout, les vins de Minervois, Corbières, de Maury, ou d’ailleurs, proposent déjà de très belles bouteilles. Vins de grande expression.
Néanmoins…le Roussillon a besoin de véritables maîtres d’oeuvre, capables de tirer la région vers le haut.
De personnes à la fois remplie de certitudes, dues à leurs convictions et toujours désireuses d’apprendre. Mais uniquement des plus perfectionnistes. Et perfectionniste, Hervé Bizeul l’est.
L’ EMPREINTE BIZEUL
Hervé à travers ces vins semble s’offrir. A la robe souvent sombre, succède un nez souvent complexe, parfois dur et ferme, ne se révélant qu’en douces circonstances. La bouche de ses vins, en revanche, détonne en suavité, velours et race, il en ressort une magnifique expression. Celle d’un ou de différents cépages, d’un terroir naissant, et d’un élevage justement maitrisé.
Les vins d’Hervé Bizeul, semblent respecter une définition soulignée par la maitrise de la fameuse tryptique: cépage, sol, et élevage.
C’est en cela, aussi que les vins du Clos des Fées excellent.Sans fausses notes…
ah, si ! peut-être sur cette bouteille un peu plus rustre qu’à l’accoutumée, dans laquelle le mourvèdre dégageait un peu trop de sa férocité, de sa dureté sur un « Clos des Fées » Oulala, absolument rien de dramatique, ce sont des choses qui arrivent, et qui, finalement offrent un peu d’humanité à des vins qui semblent parfois trop « parfaits ». Ou quand le terroir réclame encore de la patience avant d’exprimer ses plus beaux atours.
LE VIN BLANC
Le vin blanc du « Clos des Fées » permet une 1ère approche du domaine. Où la technique rend service à un terroir naissant, des vignes souffrantes rendant un jus noble. Race, élégance malgré quelques notes encore juvéniles d’élevage seraient les quelques mots qui me viennent à l’esprit à la dégustation de ses vins.
LES VINS ROUGES
De prime abord, les vins du domaine peuvent parfois sembler fermes. Certes, les millésimes encore jeunes n’osent se dévoiler, par force de timidité sans doute, ils impriment systématiquement les empreintes d’un terroir riche et complexe.
Ceux-ci ne sont pas toujours si simples à lire, néanmoins, la patte de l’élevage permet d’en apprécier les 1ers contours. Le fruit, s’exprime à merveille, toujours. Les notes animales s’extraient afin de faire ressortir les caractères intrinsèques des cépages, en osmose avec un sol nourissant.
Les matières sont denses, mais remarquablement équilibrées par de nécessaires fraicheurs, offrant une sensation de pureté. La technique, le « perfectionnisme » qui semble s’acrocher aux vins de ce vigneron bien particulier permet à ses vins de gagner en élégance.
Des « Sorcières », au « Clos des Fées », il est aisé de comprendre le message que désire passer Hervé Bizeul…celui du plaisir, du respect du sol et de la lisibilté des terroirs.
Au final, ses vins sont à offrir à tous ceux qui apprécient et les vins de plaisir, et les vins dits complexes, voire capricieux, polyvalents, ils s’ouvrent à tous.
Ce que l’on ne peut définitivement pas reprocher à Hervé Bizeul est cette farouche volonté à oser transmettre à ses vins cette notion essentielle de terroir, ce message provenant du fond du fond, le sol.
Faire en sorte, que ressorte de ses vins, la rudesse, la hargne de ses vignes. Elles souffrent, s’épuisent pafois, et lui, vigneron fait le nécessaire pour les soutenir dans leur effort.
LES SORCIERES
Et de ses Sorcières, ce sera un fruit très expressif qui ressortira d’une matière bien concentrée. Plaisir immédiat et caractère propres à l’encépagement (carignan, syrah et grenache) et au terroir marqué. Une jolie entrée en la matière.
LE CLOS DES FEES
Encépagement similaire, mais avec l’apparition d’un cépage trop méconnu, le lladoner pelut. Les vignes sont plus agées, (de 50 à 100 ans).Elevage de 12 mois (sans soutirage).
Ce vin offre une remarquable profondeur, une matière dense, et une jolie intensité du fruit. La finale est rendue soyeuse grâce à des tanins ciselés.
LA PETITE SIBERIE: De la Haute-Couture
Tremper ses lèvres au contact de son « chef d’oeuvre », est un privilège. Tant la précision, la race de la matière, et la justesse de son équilibre sont parfaitement soulignés.
« La Petite Sibérie » est à ranger dans la catégorie de la Haute Couture des vins. Un vin unique, à part.
La qualité d’un vin immense ?
Je le résumerai au souvenir immuable et impérissable de son architecture qu’il dévoile.La sensation de l’avoir toujours dans la bouche, malgré le temps qui s’effiloche.Le souvenir d’une superbe persistance.
Car, au delà de la dégustation, il y a ce qu’il en reste, ce qu’il en ressort avant, pendant et…après.
Le silence qui suit une symphonie de Mozart c’est aussi du Mozart…
D’un raffinement remarquable, d’une élégance et d’une précision rarement égalée jusque là, je suis resté abasourdi devant une telle pureté. Quelle vin classieux. Une pure grenache, qu’Hervé a su dompter. Pourtant capricieux, ce cépage semble d’un velours et d’un soyeux à faire pâlir de jalousie les plus grands vins.
Immanquablement, la Petite Sibérie est à entrer dans la catégorie des vins d’auteur. Ces mêmes vignerons qui savent se muer en sculpteur afin d’offrir une oeuvre d’art.
CONCLUSION
Un grand chapeau au domaine du Clos des Fées, pour l’immense travail accompli jusque là. Pour l’abnégation, le courage et la volonté qui leur permettent d’exister tout simplement, et d’apporter aux amoureux de la dive bouteille, des vins empreints de sincérité et de caractère.
Pour mieux vous rendre compte des efforts, et du travail fourni par Hervé, sa femme Claudine et toute son équipe, je vous invite à visiter, d’une part leur site:
et, d’autre part, ne manquez pas un article de la plume parfois incisive d’Hervé, ancien journaliste quand même, sur son blog, ici.
Le site:Le clos des Fées
A ne pas rater: Le blog d’Hervé Bizeul
Domaine du Clos des Fées
Hervé et Claudine Bizeul
66600 Vingrau
04 68 29 40 00
Emmanuel Delmas
Après les buses, les trous. Pas des petits, des gros. Du genre taupe géante. Ou vers de terre monstrueux. Ca ressemble à la lune, aussi. Enfin, à ce qu’on veut. L’essentiel est d’avoir de …
Site domaine Bizeul
PORTRAITS DE VIGNERONS – Emmanuel Delmas, Sommelier & Consultant en vins, Paris
Car les vignerons donnent naissance aux vins, relaient le message du sol, de leur terroir. Leur talent n’a d’égal que leur passion et leur courage. Je me rends en moyenne 40 jours chaque année chez
https://www.sommelier-vins.com/2008/03/portraits-de-vignerons
Va être content « le Bizeul », je lis régulièrement son blog et je me régale, à défaut de l’avoir fait avec ces vins (Parce que je ne les ai pas encore goutés)
Qu’attendez vous pour les déguster ?? 😉
Alors, c’est fait? 😉
J’espère que vous avez aussi eu l’occasion de goûter à d’autres vins du Roussillon, car il y en a tellement de bien plus « jouissifs ».
Disons que depuis 8 ans, j’en ai dégusté un paquet oui ! Des Fenouillèdes, de Calce, et d’ailleurs. Et aussi d’Hervé Bizeul, et tant d’autres. Les vins d’Hervé ne laissent pas insensibles, et je trouve l’article de l’époque, qui date effectivement, encore cohérent. ,-)