Le classement des grands crus classés de Saint Emilion est révisé tous les 10 ans…normalement…
LE NOUVEAU CLASSEMENT DE SAINT EMILION
Un ambroglio sans nom, une attente interminable, et voici le nouveau classement de Saint Emilion. Qu’en penser ? Pas grand chose. Angélus au même niveau que Cheval Blanc et Ausone…cela ne peut laisser que très dubitatif.
Dans une moindre mesure, Pavie n’a pas galvaudé son rang. Néanmoins…enfin, tout le monde semble ravi, et c’est tant mieux. Néanmoins, à titre purement gustatif, et c’est bien là que le bât blesse bien des incohérences. Clairement des connivences dépalcées, des prises de position non assumées, des intérêts ci et là soulignent bien les limites d’un classement, qui, au départ restait légitime (jusque 2006) pour devenir un classement de dupes.
Quelques réflexions sur ce nouveau classement de Saint-Émilion
Si à mon sens Valandraud n’a rien à justifier quant à son nouveau classement, je m’étonne de la promotion d’un Angélus qui révélait des vins d’une qualité rarement indiscutable. Dégusté 2002 une vingtaine de fois, à la limite de l’acceptable tant l’élevage outrancier révélait un vin d’une vulgarité déplacée.
2003 suivait le sillage à l’instar d’autres domaines d’ailleurs, 2004 restait décevant alors que la signature de son terroir pouvait profiter à l’envi d’un millésime permettant au mieux son expression. Qu’importe…après tout, manifestement, la démonstration de force l’emportait sur la suggestion du raffinement. Effet de mode, effet de manche.
Bien évidemment si j’étais Cheval Blanc ou Ausone, je me sentirai insulté. Ce qui, ne nous leurrons pas, serait très fortement justifié. Ce classement, décidément n’a plus de sens. Qu’importe puisque les grands initiés n’y sont plus invités.
Un classement révisable tous les 10 ans
une bonne idée au départ…
Château de Ferrand promu, là encore, je ne puis comprendre. Si j’ai du respect pour les vins du domaine, allègrement propre, sans histoires, ni vagues, égaux et rassurants en tous points de vue, ils me semblent bien loin encore des vins de ce rang, qui encore avaient un sens avant 2006. Vins certes respectables, que je déguste là encore très régulièrement mais qui me semblent un poil manquer de dimension, pour un tel rang.
Si j’ai un certain respect, ce pourtant sincère pour l’histoire, le courage et le côté fortement entrepreneurial de Bernard Magrez, comment peut on valider la promotion de son château Fombrauge ?
Là encore, le fond manquant, triste et néanmoins respectablement bon, l’essentiel, le coeur manque. Certes, son prix reste en totale adéquation eu égard sa qualité. Moyenne. Classement me semblant là encore déplacé.
Pourtant, l’homme est méritant, le vin propre, cela ne reste pour autant pas suffisant en terme qualitatif. Visiblement ce dernier point là encore ne fait pas figure de « vérité absolue ». Dommage…pour ce classement qui, pour le coup s’enfonce dans une forme de ‘convenance ».
…qui a engendré quelques incompréhensions
Château Jean Faure réussit là une promotion cohérente dès l’instant où l’on comprend un peu mieux les aléas du classement. Résolument tourné sur un style démonstratif, mais avouons-le bien maitrisé, ce domaine reste l’achétype du vin bien construit, net, et précis.
Celui qui se révèle dense, nourrit par un élévage impeccable, luxueux, un travail de fond juste propre. Il en résulte pour ceux dont j’ai dégusté les derniers millésimes, une forme de confort, et une sensation de réelle maîtrise. Le très bon côtoyant le « tristement » bon.
Je ne me permettrai pas de relever les incohérences, ou les domaines qui ne me semblent pas à leur place, ou ceux qui y sont mais complètement lésés par la présence de ceux qui n’ont rien à y faire. Néanmoins, ce classement qui fut encore jusqu’avant 2006 cohérent dans sa ligne de conduite, lisible dans sa traduction et presque irrévocable semble être devenu lisse, triste, sans aucune envergure, ni conviction.
Quelque part, Saint Emilion s’est perdu en route, pris entre le marteau et l’enclume…je doute qu’un jour ce vignoble pourtant envié, unique en son genre puisse se remettre de tant d’incohérences. Qu’importe après tout, puisque la majorité semble ravie d’avoir trouver une forme de consensus…rien que ce mot révèle déjà pas mal de choses…
LE CLASSEMENT DES GRANDS CRUS CLASSES DE SAINT EMILION 2012
En gras, les domaines promus.
Premier Grand Cru Classé A
Château CHEVAL BLANC (maintenu)
Château PAVIE
Château ANGÉLUS
Château AUSONE (maintenu)
Premier Grand Cru Classé B
Château VALANDRAUD
Château TROPLONG-MONDOT
Château CANON
Château PAVIE-MACQUIN
Château LA GAFFELIÈRE
Château BEAU-SÉJOUR BÉCOT
Clos FOURTET
Château CANON-LA-GAFFELIÈRE
Château LARCIS-DUCASSE
Château LA MONDOTTE
Château BEAUSÉJOUR (DUFFAU-LAGARROSSE)
Château FIGEAC
Grand cru classé
Château LA DOMINIQUE
Château JEAN FAURE
Château FLEUR-CARDINALE
Château MONBOUSQUET
Château PAVIE-DECESSE
Château LES GRANDES MURAILLES
Clos SAINT-MARTIN
Château BERLIQUET
Château CÔTE DE BALEAU
Château ROCHEBELLE
Château QUINAULT L’ENCLOS
Château LANIOTE
Château LA CLOTTE
Château CORBIN
Château GRAND-MAYNE
Château LE PRIEURÉ
Château DE FERRAND
Château de PRESSAC
Château FAUGÈRES
Château PEBY-FAUGÈRES
Château CADET-PIOLA
Château HAUT-SARPE
Château LARMANDE
Château SOUTARD
Château DESTIEUX
Château FOMBRAUGE
Château LAROQUE
Château BALESTARD-LA-TONNELLE
Château CAP DE MOURLIN
Château BELLEFONT-BELCIER
Château FAURIE DE SOUCHARD
Château GRAND-PONTET
Clos de L’ORATOIRE
Château CHAUVIN
Château DASSAULT
Château FONPLÉGADE
Château CLOS DES JACOBINS
Château PETIT-FAURIE-DE-SOUTARD
Château GRAND CORBIN-DESPAGNE
Château FONROQUE
Château MOULIN DU CADET
Château VILLEMAURINE
Château LA TOUR-FIGEAC
Château FRANC-MAYNE
Château GRAND CORBIN
Château HAUT SARPE
Château L’ARROSEE
Château LA COUSPAUDE
Château La SERRE
Château LAROZE
Château RIPEAU
Château SAINT-GEORGES-CÔTE-PAVIE
Château COUVENT DES JACOBINS
Château BARDE-HAUT
Château BELLEVUE
Château CADET-BON
Château LE CHÂTELET
Château LA COMMANDERIE
Château FAURIE DE SOUCHARD
Château DE FERRAND
Clos LA MADELEINE
Château GUADET
Château DE PRESSAC
Château LA MARZELLE
Château ROCHEBELLE
Château YON-FIGEAC
Le classement des grands crus classés de Saint Emilion est révisable tous les 10 ans, l’idée était bonne. Malheureusement, en 2012 après 6 années de tergiversations, le classement a dû être révisé…
Révisé tous les 10 ans, ce classement fut officialisé dernièrement, le 07/09/2006
2 grands crus classés furent promus en 1ers grands crus classés « B », ce sont les châteaux Pavie Macquin et Troplong Mondot.6 vins classés en grands crus furent promus Grands crus classés, et 13 vins furent déclassés.
A noter un imbroglio juridique qui rend ce classement malheureusement très décrié, pas tout à fait officiel et do,t personne ne connait encore à ce jour l’avenir. Comprendra qui voudra.
Le sigle * indique les châteaux promus
CLASSEMENT DES GRANDS CRUS CLASSES DE SAINT EMILION 2006
2 PREMIERS GRANDS CRUS CLASSES « A »: par ordre alphabétique
CHÂTEAU AUSONE
CHÂTEAU CHEVAL-BLANC
13 PREMIERS GRANDS CRUS CLASSES « B » par ordre alphabétique
CHÂTEAU ANGELUS
CHÂTEAU BEAU-SEJOUR-BECOT
CHÂTEAU BEAUSEJOUR (DUFFAU-LAGAROSSE)
CHÂTEAU BELAIR
CHÂTEAU CANON
CHÂTEAU FIGEAC
CLOS FOURTET
CHÂTEAU LA GAFFELIERE
CHÂTEAU MAGDELAINE
CHÂTEAU PAVIE
CHÂTEAU PAVIE-MACQUIN *
CHÂTEAU TROPLONG-MONDOT *
CHÂTEAU TROTTEVIEILLE
46 GRANDS CRUS CLASSES : par ordre alphabétique
CHÂTEAU L’ARROSEE
CHÂTEAU BALESTARD-LA-TONNELLE
CHÂTEAU BELLEFONT-BELCIER *
CHÂTEAU BERGAT
CHÂTEAU BERLIQUET
CHÂTEAU CADET-PIOLA
CHÂTEAU CANON-LA-GAFFELIERE
CHÂTEAU CAP-DE-MOURLIN
CHÂTEAU CHAUVIN
CHÂTEAU LA CLOTTE
CHÂTEAU CORBIN
CHÂTEAU CORBIN-MICHOTTE
CHÂTEAU LA COUSPAUDE
CHÂTEAU DASSAULT
CHÂTEAU DESTIEUX *
CHÂTEAU LA DOMINIQUE
CHÂTEAU FLEUR-CARDINALE *
CHÂTEAU FONPLEGADE
CHÂTEAU FONROQUE
CHÂTEAU FRANC-MAYNE
CHÂTEAU GRAND-CORBIN *
CHÂTEAU GRAND-CORBIN-DESPAGNE *
CHÂTEAU LES GRANDES MURAILLES
CHÂTEAU GRAND-MAYNE
CHÂTEAU GRAND-PONTET
CHÂTEAU HAUT-CORBIN
CHÂTEAU HAUT-SARPE
CLOS DES JACOBINS
COUVENT DES JACOBINS
CHÂTEAU LANIOTE
CHÂTEAU LARCIS-DUCASSE
CHÂTEAU LARMANDE
CHÂTEAU LAROQUE
CHÂTEAU LAROZE
CHÂTEAU MATRAS
CHÂTEAU MONBOUSQUET *
CHÂTEAU MOULIN DU CADET
CLOS DE L’ORATOIRE
CHÂTEAU PAVIE-DECESSE
CHÂTEAU LE PRIEURE
CHÂTEAU RIPEAU
CHÂTEAU SAINT-GEORGES-COTE-PAVIE
CLOS SAINT-MARTIN
CHÂTEAU LA SERRE
CHÂTEAU SOUTARD
CHÂTEAU LA TOUR-FIGEAC
Pour information, les vins déclassés en Saint Emilion Grand Cru, sont Bellevue, Cadet-Bon, Curé Bon, Faurie de Souchard,Gadet St Julien,La Clusière, La Tour du Pin Figeac, (Moueix et Giraud Belivier), La Marzelle, Petit Faurie de Soutard, Tertre Daugay, Villemaurine, et Yon-Figeac.
CLASSEMENT DE SAINT EMILION 2012 – Emmanuel Delmas, Sommelier & Consultant en vins, Paris
CLASSEMENT DE SAINT EMILION 2012 Un imbroglio sans nom, une attente interminable, et voici le nouveau classement de Saint Emilion. Qu’en penser? Pas grand chose. Angélus au même niveau que Cheval…
https://www.sommelier-vins.com/2012/09/classement-de-saint-emilion-2012
Classement de Saint Emilion 2022
Le 08 Septembre 2022, le classement de Saint Emilion, de ses grands crus et grands crus classés a été mis à jour.
Classement Saint Emilion 2022: un promu chouchou
Pour mon plus grand plaisir, et c’et très mérité, le château Mangot était le favori pour intégrer la mention Grand Cru Classé. Il a donc franchi un gros palier en passant de Saint Emilion Grand cru, à Saint Emilion Grand cru – Grand cru classé
Bravo à la famille Todeschini, et notamment à Yann et Karl, les deux frères, qui travaillent d’arrache-pied depuis une quinzaine d’années pour propulser le domaine.
Vous trouverez différents reportages sur le domaine, suite à mes nombreuses visites au domaine.
Classement officiel Saint Emilion 2022
Voici ci-après le classement officiel des grands crus classés de Saint Emilion de 2022.
Premiers Grands Crus Classés
Château BEAU-SEJOUR BECOT
Château BEAUSEJOUR HERITIERS DUFFAU LAGARROSSE
Château BELAIR MONANGE
Château CANON
Château CANON LA GAFFELIERE
Château FIGEAC (distinction A)
Château LARCIS DUCASSE
Château PAVIE (distinction A)
Château PAVIE MACQUIN
Château TROPLONG MONDOT
Château TROTTEVIEILLE
Château VALANDRAUD
CLOS FOURTET
LA MONDOTTE
Grands Crus Classés
Château BADETTE
Château BALESTARD LA TONNELLE
Château BARDE-HAUT
Château BELLEFONT-BELCIER
Château BELLEVUE
Château BERLIQUET
Château BOUTISSE
Château CADET-BON
Château CAP DE MOURLIN
Château CHAUVIN
Château CLOS DE SARPE
Château CORBIN
Château CORBIN MICHOTTE
Château COTE DE BALEAU
Château CROIX DE LABRIE
Château DASSAULT
Château DE FERRAND
Château DE PRESSAC
Château DESTIEUX
Château FAUGERES
Château FLEUR CARDINALE
Château FOMBRAUGE
Château FONPLEGADE
Château FONROQUE
Château FRANC MAYNE
Château GRAND CORBIN
Château GRAND CORBIN-DESPAGNE
Château GRAND MAYNE
Château GUADET
Château HAUT-SARPE
Château JEAN FAURE
Château LA COMMANDERIE
Château LA CONFESSION
Château LA COUSPAUDE
Château LA CROIZILLE
Château LA DOMINIQUE
Château LA FLEUR MORANGE
Château LA MARZELLE
Château LA SERRE
Château LA TOUR FIGEAC
Château LANIOTE
Château LARMANDE
Château LAROQUE
Château LAROZE
Château LE CHATELET
Château LE PRIEURE
Château MANGOT
Château MONBOUSQUET
Château MONTLABERT
Château MONTLISSE
Château MOULIN DU CADET
Château PEBY FAUGERES
Château PETIT FAURIE DE SOUTARD
Château RIPEAU
Château ROCHEBELLE
Château ROL VALENTIN
Château SAINT-GEORGES (COTE PAVIE)
Château SANSONNET
Château SOUTARD
Château TOUR BALADOZ
Château TOUR SAINT CHRISTOPHE
Château VILLEMAURINE
Château YON-FIGEAC
CLOS BADON THUNEVIN
CLOS DE L’ORATOIRE
CLOS DES JACOBINS
CLOS DUBREUIL
CLOS SAINT-JULIEN
CLOS SAINT-MARTIN
COUVENT DES JACOBINS
LASSEGUE
PIERRE CARLE
Château Croque-Michotte
COMMUNIQUE DE PRESSE – 30 mars 2008
Le classement de 2006 des Grands Crus de Saint-Emilion
« Classement qualitatif ou classement administratif ? »
Voilà la question que les viticulteurs et les amateurs de bons vins de Saint-Emilion peuvent légitimement se poser après l’audience du Tribunal administratif de Bordeaux qui s’est tenue le 25 mars 2008.
En effet neuf châteaux de Saint-Emilion à qui l’ensemble « Syndicat viticole de Saint-Emilion (devenu récemment le Conseil des vins de Saint-Emilion) – Commission de classement nommée par le Syndicat – INAO qui chapeaute la Commission et officialise les décisions », a refusé l’accession ou le maintien dans la liste des Grands Crus Classés de Saint-Emilion, ont déposé un recours devant la justice pour contester ce refus. L’INAO étant un établissement public, ses décisions sont considérées comme des décisions administratives et c’est au Tribunal administratif que revient la responsabilité de trancher les litiges.
C’est ainsi que les viticulteurs de Saint-Emilion qui s’estiment lésés par le classement des grands crus de 2006 en sont quasiment réduits à rechercher et mettre en évidence les fautes de procédures administratives, alors qu’ils souhaitent essentiellement montrer :
1. l’absence de règles de travail de la Commission et de l’INAO,
2. la non-compétence en matière de dégustation de la majorité des membres de la Commission,
3. les discriminations de traitement des différents châteaux candidats de la part de la Commission,
4. l’absence de débat contradictoire et de nouvelles dégustations.
Heureusement les irrégularités commises par le Syndicat viticole de Saint-Emilion, la Commission de classement et l’INAO sont nombreuses : non-publication de textes dans les délais, choix inapproprié des membres de la Commission (incompétence en dégustation, relations d’affaire avec des candidats), choix arbitraire d’un système de notation et de seuil de sélection, regroupage volontaire de certains châteaux pour les dégustations, système de dégustation rendant impossible l’anonymat total des crus, non-séparation des châteaux issus de terroirs différents, non-communication des fiches de dégustation, non-examen par le Syndicat viticole de Saint-Emilion des résultats du travail de la Commission, rétroactivité du classement sur la récolte 2006, etc.
Les quatre avocats des neuf châteaux ont largement démontré ces erreurs de procédures.
Dans ses conclusions le Commissaire du Gouvernement, chargé de défendre l’administration, a rejeté toutes les démonstrations des avocats des viticulteurs. Mais, il l’a fait avec une prudence de chat et un luxe de précautions. Et surtout, il n’a, à aucun moment fait appel à la loi, aux textes de loi votés par les représentants du Peuple. Le Commissaire du Gouvernement n’a pu se reposer que sur des jurisprudences. Saluons au passage la performance de ce représentant de l’Etat qui, voulant à tout prix défendre l’administration, est allé rechercher jusqu’à près de cinquante ans en arrière les jurisprudences les plus inattendues que les juges de l’époque se sont donnés beaucoup de mal à rédiger afin de justifier – quoi ? – des erreurs administratives qui auraient dû être annulées par les textes votés par le parlement ! Ajoutons que nous n’avons pas le loisir de vérifier ces jurisprudences qui concernaient des décisions administratives bien loin de notre problème de classement. Mais il est à parier qu’un examen approfondi de toutes ces décisions montrerait que ces jurisprudences ne sont logiquement pas applicables dans nos affaires. Ces jurisprudences sont censées justifier des mesures de rétroactivité, accepter des conflits d’intérêt, accepter l’opacité des procédures de classement sous couvert de souveraineté de la Commission.
Et voilà comment les dégustateurs de la Commission « ont trouvé des faiblesses dans certains crus » sans aucune possibilité de débat contradictoire, ni de nouvelle dégustation de vérification. Sachez que la Commission comprend neuf membres et que seuls quatre (un œnologue, deux courtiers et un négociant) ont une pratique professionnelle de la dégustation. Aucun membre de la Commission n’a vu ses compétences évaluées en matière de dégustation. Que diriez-vous si, au concours de l’internat, le jury ne comprenait qu’une minorité de chirurgiens et de médecins pour sélectionner le chirurgien qui va vous opérer à cœur ouvert ? Comment la Commission de classement peut-elle avoir un avis opposé à celui des courtiers et des négociants qui goûtent et achètent les vins des neuf châteaux et qui les revendent à leurs clients toujours fidèles d’année en année ? Comment la Commission de classement peut-elle avoir un avis opposé à celui de dégustateurs professionnels et de journalistes œnophiles tel Robert Parker, référence à peine contestée et toujours suivie ? Comment la Commission de classement peut-elle avoir un avis contraire à celui des jurys de concours homologués formés de dégustateurs professionnels et dans lesquels siègent des représentants de la Direction de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression des Fraudes ? Bien évidemment la Commission n’a pas raison contre tous les professionnels ; c’est elle qui se trompe. Notons au passage que le Château Croque-Michotte a obtenu dix-huit médailles dans ces concours pour les onze derniers millésimes. La Commission ne le sait pas puisqu’elle n’a apparemment pas lu notre dossier de candidature.
Comme nous pensons que l’avocat de l’INAO n’est pas incompétent, nous pensons donc qu’il est un menteur. En effet il prétend que les candidats connaissaient le règlement et qu’ils ne peuvent se plaindre de ne pas en avoir eu connaissance. C’est faux. Le seul règlement qui est existe est le règlement de candidature, publié de manière irrégulière, rappelons-le. Les candidats parlent du règlement de méthode et de procédures de travail de la commission ; celui-ci ne peut leur avoir été communiqué, car même aujourd’hui il n’existe pas. La Commission a dû improviser ses propres procédures, son propre règlement de travail. La Commission a cumulé le législatif et l’exécutif, ce qui est contraire à la séparation des pouvoirs, principe de base dans tout système démocratique. Ce règlement de travail aurait du être pensé et écrit par le Syndicat viticole de Saint-Emilion et publié avant le dépôt des candidatures.
Nous avons vu que le Commissaire du gouvernement avait dû effectuer un gros travail de recherche pour trouver dans la jurisprudence la justification d’erreurs de l’administration, mais que dit l’avocat de l’INAO ?
1. que les candidats connaissaient d’avance les règles et qu’en participant, ils les acceptaient. Nous avons montré que le règlement de la Commission ne pouvait être connu, puisqu’il n’existe pas. Mais même s’il l’avait été, les candidats, en ne participant pas se seraient éliminés définitivement du classement et des débats. Donc les candidats n’ont pas eu d’autre choix pour se faire entendre que de concourir. J’ajoute, en ce qui concerne Croque-Michotte, que nous avions communiqué au Syndicat Viticole oralement dès 1997, puis par écrit dès 2001 (documents disponibles), notre désaccord avec le principe actuel de classement ; et nous avions fait des propositions de réforme. Donc il est faux de dire que nous avions accepté le système actuel de classement.
2. que la candidats éliminés ne sont jamais contents. Certes les candidats éliminés ne sont pas contents. Mais ceux-ci ne sont pas simplement mécontents de leur élimination : ils sont mécontents d’avoir été éliminés pour des motifs contredits par tous les professionnels (concours, journalistes, courtiers, négociants et surtout le marché animé par les clients qui aiment et qui payent).
3. qu’il y a des recours à chaque classement. L’avocat de l’INAO omet de dire que les recours sont en augmentation sensible. Cette augmentation est devenue nette lorsque le Syndicat viticole a cru bon de demander à des non-professionnels de la dégustation (géographe, géologue, juristes, administrateur du Crédit Agricole à la retraite, etc.) d’organiser les dégustations et de déguster. Supposons qu’un journaliste ou un juge soit conduit à pratiquer des opérations des amygdales, il est à parier que les recours devant les tribunaux seraient nombreux.
4. qu’il n’y a pas eu d’erreur manifeste d’appréciation. Nous avons déjà parlé de l’incompétence de la Commission. Disons seulement maintenant que le classement de la Commission ne correspond pas au marché qu’il est censé guider. C’est une constatation : des vins plus chers et plus célèbres que nombre de crus classés ne sont pas classés. Des crus classés sont obligés de tronçonner leur récolte en premier vin classé, puis en deuxième vin, voire troisième vin non classés, pour écouler leurs bouteilles pendant que des châteaux non classés sont côtés sur la Place de Bordeaux et qu’ils manquent de vin. Ajoutons que la Commission est bien coupable d’erreur manifeste d’appréciation car, composée quasiment des mêmes membres qu’en 1996, elle a déclassé en 2006 onze châteaux qu’elle avait classés en 1996 (onze grands crus classés sur cinquante cinq, soit vingt pour cent d’erreur) !
5. que les dégustations des autres professionnels de la dégustation n’étaient pas à l’aveugle. C’est faux. Les dégustations des concours sont effectuées à l’aveugle. La DGCCRF y siège. Les dégustations du Guide Hachette par exemple sont toujours effectuées à l’aveugle. La plupart des journalistes effectuent des dégustations à l’aveugle sous le contrôle des conseils interprofessionnels.
Que faire ? Annuler le classement actuel et reprendre le travail de réforme que le Syndicat viticole de Saint-Emilion a laissé tomber en 2002 par calcul ou par lâcheté. Ce nouveau classement devra reconnaître l’élément fondamental des appellations d’origine contrôlée françaises, à savoir le terroir. C’est le terroir qui permet d’obtenir à la fois la puissance et la finesse des grands vins. Il faut annuler le système de révision décennale par lequel une commission, évidemment pas infaillible, doit goûter une trop grande quantité de bouteilles (environ mille) et ensuite mettre en péril de grands et vieux vignobles de famille. Le maintien du haut niveau de qualité des vins issus des grands terroirs ne peut se faire que de manière continue et pédagogique afin de détecter et contrer en douceur toute baisse de qualité. Le classement ne doit plus être administratif, mais qualitatif, dans l’intérêt des consommateurs qui sont bien oubliés actuellement.
Pierre Carle (famille Geoffrion)
Associé propriétaire et vinificateur du Château Croque-Michotte à Saint-Emilion
0553279273
Emmanuel DELMAS
Affaire à suivre…
SOLEX
Bonjour, je tiens à vous signaler que le château MONBOUSQUET ne faisait pas partie des Grands Crus Classés avant la réivsion de 2006. En conséquence, il convient de lui adjoindre une astérisque.
Il y a bien eu six crus promu dans le classement en Grand Cru Classé en 2006.
Emmanuel DELMAS
Bravo pour cette remarque. Le Monbousquet a fait des progrès spectaculaires et ont démontré tout leur savoir-faire, surtout ces dernières millésimes, venant de les déguster, je ne puis que le confirmer.
Emmanuel
mélanie
bonjour
je chercher a me procurer certain vins tels que
* Bellevue Mondotte en 2003
*Pavie-Decesse en 2003
*Clos Fourtet en 2003
pouriez me dir ou je pourai aller les acheter sur paris
merci d\’avance
Emmanuel DELMAS
Bonsoir,
Ces vins sont très interessants, et magnifiquement interprétés par la famille Perse (Pavie Decesse et Bellevue Mondotte). Je ne prends que peu de risques en vous invitant à vous interesser au 3C, Château Cash and Carry, une des caves que je privilégie. Se trouvant à la Plaine St Denis, vous y trouverez un très large choix des grands vins du Bordelais, aux meilleurs prix.
A bientôt,
Emmanuel
jean pierre et danielle
Merci Emmanuel pour ces informations !
J’ai quelques magnums de BELLEFONT BELCIER ( 1982 et 1985) qui sont très heureux de se voir reconnus !
Et il pleut en Aquitaine depuis 3 jours…tristes vendanges….
Emmanuel DELMAS
Un millésime qui risque de devenir à son tour compliqué…mais s’agissant des magnums 1982, ou même 1985 vous allez vous régaler. Mais ne tardez pas trop à les déguster…
Emmanuel