Pierre Guigui est le responsable éditorial de la partie Vins du magazine Gault-Millau. A ce titre il bénéficie d’une place de choix dans la vinosphère française. Discret et d’une profonde gentillesse, éclairage sur un personnage haut en couleurs (mais pas qu’au niveau de ses chemises). J’ai eu maintes fois l’occasion de partager des moments en sa compagnie, en toute amitié. C’est donc un réel plaisir de vous le présenter, à ma manière.
Souriant et avenant, haut en couleurs grâce à des chemises colorées savamment triées sur le volet (en fait non, c’est au feeling…), Pierre détonne un peu dans le monde souvent étriqué du vin.
Durant ses jeunes années il pratique longuement le karaté. Une certaine école de la vie entre la maîtrise de soi et la discipline, l’écoute et l’observation de l’autre. Pierre Guigui fut dans une première vie responsable dans l’amélioration qualité dans le monde médico-social en faveur de personnes handicapées. Cette vie tout en ouverture vers l’autre dura tout de même 25 à 30 ans. On ne s’étonnera ainsi pas du tout de sa propension à aller vers les autres, à mettre à l’aise. Pierre Guigui n’est pas du genre à tirer la couverture vers lui, bien au contraire. D’ailleurs, un autre ami tout aussi ouvert vers les autres a eu un parcours similaire, en la personne de Jean-Michel Peyronnet, de la chaîne Edonys TV. Et ceux connaissant nos deux personnages peuvent témoigner de leurs qualités humaines…
Pierre, l’oeil malicieux, le sourire aux lèvres, avant de déguster un ploussard jurassien.
La question qu’on peut être en droit de se poser alors serait celle concernant la manière avec laquelle il est tombé dans le vin. Même si parallèlement à son travail dans le médico-social il oeuvrait dans le vin, partant à sa découverte, peaufinant.
Pierre Guigui n’a aucune pudeur dès qu’il s’agit de répondre à cette question. A tel point qu’il avouera que dans la religion juive, durant le shabbat, le vin est dégusté chaque semaine chez lui. Le vin n’était donc pas un produit étranger. Pierre fait d’ailleurs référence à la « Cantique des cantiques », de l’amour voué par l’homme à Dieu. Aimer le vin n’est donc pas un vain mot pour l’homme à travers l’Histoire. (Noé, l’ésotérique du vin, l’ivresse et la poésie, toutes ces symboliques autour du vin sont un appel au vin).
Comment a t’il appris ? La question peut se poser. Et là encore, Pierre Guigui ne contourne pas la question et répond simplement qu’à travers les livres il a pu s’éduquer, dégustant le plus souvent possible en parallèle afin de mieux comprendre les subtilités des vins mais aussi des terroirs. Sans oublier le travail par les arômes avec notamment le Nez du Vin de Jean Lenoir qui lui a permis il y a 25 ans d’appréhender au mieux l’essence du vin. L’Ecole de Suze la Rousse l’a aidé également dans son apprentissage initial.
Pierre Guigui s’inscrivait alors à la fin des années 80 à l’Association des Sommeliers de Paris. Il s’entoure ainsi de grands dégustateurs, et déguste chaque jeudi après-midi en compagnie des vignerons et des sommeliers. C’est avec une sincère pointe d’émotion qu’il parle de Jean Frambourt, alors président des Sommeliers. Un grand homme qui a concouru au dynamisme d’une association toute aussi brillante qu’accueillante à l’égard de ceux extérieurs au sérail.
LE CONCOURS AMPHORE
Cet éclairage sur sa vie passée démontre à quel point l’homme est ouvert aux autres, à l’écoute et dans l’observation, à la fibre sociale et humaine évidente. Ces valeurs qu’il partage, il est aisé de les ressentir à travers ses écrits, son tout premier guide en 2006, et surtout le Concours qu’il a mis à coeur de lancer en 1996. Amphore des vins biologiques qui a lieu chaque année. Le concours 2013 eut lieu la semaine dernière, pour sa 17è édition. « Afin de véhiculer la tradition, celle du partage notamment. L’amphore véhiculait le vin, le plaisir et le partage entre les hommes. Cette amphore est l’image idéale exprimant à merveille l’échange entre les peuples ». Ca, c’est du Pierre Guigui ! Voici un article précis sur le concours que j’avais rédigé récemment.
Jusque là Pierre Guigui écrivait quelques piges pour divers magazines sur le vin. En 2006, toujours en épousant les valeurs auxquelles il croit, il lance le guide Marabout 2006 des vins bios. Entouré d’une belle équipe, maître d’ouvrage Pierre sillonne vignobles et déguste énormément de vins. Ce guide il n’en est pas peu fier tant il reflète l’homme qu’il est. N’oublions pas que déjà, en 2000, Pierre avait écrit un livre: « Vins, vignobles et vignerons », au sous-titre très évocateur: « L’expression du terroir ».Tout y est dit !
« LE VIN DOIT AVOIR UNE ETHIQUE »
Le verre porté au nez, toujours le sourire en coin…
En 2008, Pierre Guigui devient chez Gault Millau rédacteur en chefs adjoint de la partie vins. Toujours dans le sillage de sa ligne de conduite: Se rapprocher des vins peu chers, propres, naturellement bien conduits. « Les vins doivent révéler une éthique ». Signer de leur sceau l’identité d’un environnement sain. Pierre Guigui prend ainsi depuis déjà bien longtemps, près de 20 ans, le contre-courant. Les vins biologiques le touchent par cette approche responsable et raisonnable. Pierre Guigui aime à dire qu’il « n’est pas pour les vins biologiques ou natures mais qu’il est plutôt contre ceux qui sont contre ces vins ».
Le Gault Millau transpire d’ailleurs bien cette volonté de se diriger vers cette voie qu’il estime tellement plus éthique, sincère. Sans pour autant s’écarter d’un travail de dégustation précis. Juste peut-être se rend il plus à l’écoute de ces vignerons humbles, courageux et méritants à ses yeux. Il est ainsi Pierre Guigui, il aime les gens. Il sait s’entourer de personnes aussi professionnelles que sincères dans leurs démarches.
IL Y A 20 ANS PIERRE GUIGUI DEFENDAIT DEJA LE VIN BIO
A la lumière de cet éclairage bien qu’insuffisant encore, il est aisé de penser que Pierre est de ce genre à aimer les gens. Homme de coeur et de conviction, ne croyez pas pour autant que Pierre n’est que gentillesse et compassion. Il a toujours été sincère. Fustigeant quelques comportements, affligé par d’autres, il ne contourne pas les problèmes. Ainsi, la réputation faite aux vins bios l’attristait déjà à l’époque. Pour autant si ceux-ci prennent davantage de consistance, Pierre n’oublie pas qu’il y a 15 ans il se sentait bien seul. Pour lui « Un vin bio dans les grandes appellations serait normal, pas l’inverse… » Et de poursuivre:« Je déplore également le manque d’implication dans les vignobles de certains sommeliers, n’hésite pas à cibler certains blogueurs se croyant arrivés alors qu’ils ont encore tant de choses à apprendre… » Pierre Guigui est ainsi, sincère, parfois un brin provocateur mais ne franchit jamais les limites. Un homme qui révèle un style à part, et qui sait rendre le vin plus accessible, et social. Bravo Pierre.
Photos ©Emmanuel Delmas
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Cordialement
Un grand Monsieur qui m’a appris beaucoup.
Voilà un monsieur que j’aimerais bien rencontrer !
Très joli portrait, qui prouve que vin et éthique sont compatibles même dans le milieu fermé des journalistes.