Une très intéressante dégustation à animer pour mes clients. Un choix à établir pour commencer, puis me rendre chez mon ami Mirhan, caviste dans la cave des vins italiens à Paris, EnotecaMidi, rue du Cherche-Midi. Du nord au Sud, en passant par des cépages caractéristiques, soulignant des environnements porteurs et salvateurs. Voici un éclairage qui peut se révéler intéressant…
DES VINS ITALIENS À PARIS
Mihran en pleine réflexion parmi ses 500 références de vins d’Italie…
Afin de construire cette dégustation, je devais trouver un fil conducteur. J’avais opté pour un vin blanc du Frioul, j’aime leur définition. Puis partir sur trois autres régions charismatiques de l’Italie. Du nord au sud, le Piémont avec un Barolo, puis un vin de Toscane. Puis tout au sud, un vin de Sicile. Le Frappato m’avait ébloui il y a quelques mois avec Thomas Cabrol. Il était donc tout trouver pour la dégustation. Il ne me restait plus qu’à trouvé l’ordre de la dégustation. Du nord au sud, du sud au nord ? Du plus jeune au plus vieux ? Du plus puissant au plus souple ? A titre perso, ce sera toujours, graduellement, en terme de plaisir. Bon, le Frappato fut dégusté en premier en terme de structure, car souple bien que profond et intense. Il avait sa place en dernière position, finalement. Petite présentation de cette dégustation.
Dans cette partie du Frioul, un cépage autochtone fait référence, le Tocai friulano. Le Domaine Lis Neris de Fédérica Pecorari, situé tout près des Alpes Orientales, a opté ici pour le cépage pinot gris. c’est un sol de graviers porté par les eaux des glaciers qui nourrit les vignes de ce domaine. Soulignons enfin que ce vin vieillit 11 mois dans des fûts de 500 litres français. Vignoble conduit en culture raisonnée, et levures sélectionnées.
Pinot Grigio « Gris » domaine « Lis Neris » Frioul
Nez aromatique porté par des pointes anisées, puis de fruits blancs mûrs, épices douces en fond de nez. Touches amandées. La bouche est dans le sillage, ample et pleine, en son milieu, anis et herbes aromatiques se succèdent. La finale, fine, révèle une étonnante énergie. Les acidités ne sont pas vraiment ciselées, pourtant le vin s’offre étiré, minéral. Porté par de très jolis amers.
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Voici un vin richement doté, pourtant révélant une signature aromatique bien différente que celle rencontrée en Alsace, ce qui n’étonnera personne au vu de la différence climatique, et de terroir. Pourtant, nullement ce vin semble pataud ou manquant de nerf, il parvient à proposer une étonnante balance. Une bien jolie surprise à prix relativement doux. – 25€
C’est au sud de la Sicile, en plein coeur de la DOCG Cerasuolo di Vittoria. Le cépage Frappato di Sicilia se nourrit d’un climat frais, et ensoleillé, pondéré par des courants d’air marins relativement importants, sur une zone surélevée. L’amplitude thermique importante offre des conditions optimales de maturité à ce cépage. Les vignes pompent leur force d’un sol argileux-calcaire reposant sur des sables et quelques alluvions. Notons enfin que le vin séjourne dans des tonneaux slovènes de 2 500 litres 14 mois durant, puis 2 mois en bouteille avant leur commercialisation. Le domaine Occhipinti, d’Ariana est impulsé en culture bio-dynamique.
« Il Frappato » 2011, Occhipinti IGT Sicilia
Nez étonnant de fruits flétris de prime abord, puis de rose fanée, d’herbes séchées après aération. La prune explose ensuite. Salicorne (végétal et embruns marins) en fond de nez. La bouche révèle un profil longiligne remarquable de vitalité, oscillant entre le fruité strict, flétri, et les notes florales. La fin de bouche, d’un éclat éblouissant jongle entre les pointes salines, les acidités fines, et de superbes amers dans sa persistance. Une trinité rare qui souligne de très grands vins, de grands terroirs. Immense.
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J’avais dégusté ce vin à l’aveugle voilà quelques mois, et j’avoue avoir pris un plaisir immense! Ce vin m’avait déjà ébloui, entre sa fraîcheur, sa complexité, sa race et surtout son élégance. Sa persistance de grande dimension révèle tout ce qu’un vin peut offrir, entre le salin, les acidités et les amers. Impressionnant !
Nous voici en Toscane, dans une appellation plus discrète que Chianti, pour autant soulignant des vins de franche expression. Ici, le sangiovese (niellucio) profite d’un sol de sables et de pierre plongeant jusque 4 à 5 mètres de profondeur. Couche crayeuse en surface. Le domaine Percarlo propose ici une cuvée issue de 6 parcelles différentes. L’élevage reste doux, avec notamment 15% de bois neuf durant 22 mois, parfois 20 mois selon les millésimes. Notons enfin que le vin reste 6 mois dans sa bouteille avant sa commercialisation.
« Percarlo » San Giusto a Rentennano 2005, IGT (Rosso di) Toscana
Nez explosif hésistant entre l’élevage (boisé classieux), et la prune chaude. Peau de raisin, herbes grillées (guarrigue), et fruits séchés en fond de nez. Bouche ample, et droite, entre le fruit macéré en son centre, relayé par le jus pulpeux et les épices dans sa finale. Les tanins fins épousent à merveille la structure du vin, révélant ainsi une persistance sanguine. Nerveux malgré sa puissance !
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En plein coeur du Piémont, situé entre les massifs alpins à l’ouest puis au nord, encerclé au sud par la proximité maritime, le vignoble de Barolo étale toute sa complexité. Entre un climat rude, aussi ensoleillé l’été que frais et humide au printemps et en automne, ce vignoble souffle idéalement le chaud et le froid. Cela se transmet souvent dans leurs vins, qu’il faut savoir attendre, afin de profiter de toute les dimensions que peuvent offrir leurs vins. Assemblage ici de diverses parcelles, terroirs marneux, bénéficiant d’une altitude au delà de 400 mètres. Amplitude thermique forcément accrue, les raisins sont protégées ainsi par des peaux épaisses. Résultat ? Des vins riches, structurés, profitant d’une macération de 3 semaines.
Barolo « Albe » 2006 OD Vajra
Nez affirmé de fruits chauds, puis cuits à l’aération. Puis épices, notes fumées. Réglisse et fraîcheur du fruit et herbes grillées en fond de nez. Bouche richement dotée, pourtant fraîche en son milieu oscillant entre la prune et la salinité. La finale malgré l’amplitude du vin révèle une belle énergie, relayée par de fins tanins, et des notes épicées en persistance. Légère sensation doucereuse parfaitement équilibrée par l’énergie portée par le vin.
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A travers les vins dégustés ce soir-là, il semble évident que chaque cépage, chaque appellation, mais surtout, chaque domaine parvient à respecter au mieux les divers environnements dans lesquels les vignes évoluent. Par un travail sérieux, pointilleux dans leurs vignes, par aussi l’observation du végétal, les remises en questions, parfois même au travers de saines évolutions. Ici, pas un cépage fut planté par hasard, sur un sol quelconque par un domaine qui le serait tout autant. Non, à travers les vins dégustés, bien qu’ils furent tous lisibles en terme gustatif, il émanait du fond, du sens, diverses énergies. Oui, les vins ici relataient diverses signatures, qu’elles soient variétales (en rapport au cépage), mais surtout minérales, parfois même plus profondes, les meilleurs furent racés, intenses, voire impressionnants. La culture de la vigne est une réalité en Italie depuis bien des siècles. Il y a ci et là des vins qui n’ont strictement rien à envier à qui que ce soit. Si j’ai à titre personnel déjà bien intégré cela depuis longtemps, cette réalité fut mise en lumière après cette dégustation par les participants, mes clients, qui furent étonnés par la très haute qualité des vins dégustés. Mais encore faut il pour les dégoter sur Paris, profiter du travail d’un caviste pointilleux, en cela merci à Mihran !
Notation:
3 *** Vin de qualité
4 **** Vin de grande qualité
5 ***** Vin superbe, de très bon niveau
6 ****** Vin remarquable, se démarquant par sa qualité, de belle émotion.
7 ******* Vin sublime, de très haut niveau qualitatif, valant le détour, émotion soutenue.
8 ******** Vin exceptionnel, offrant une émotion et une qualité hors normes
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plombier
J’apprécie votre blog, n’hésitez pas a visiter le mien.
Cordialement
laurentg
Sans oublier le ripasso et le recioto, chère Cécile …
Et aussi en Lombardie la vallée de la Valtellina qui produit le Sforzato (ou Sfursat) à partir de nebbiolo passerillé.
Cécile
Et bien, pour ma part, j’aime beaucoup les vins d’Ariana Occhipinti, Laurent. Ils sont, tout de même, plus fins et délicats que la plupart des siciliens, non? Et très féminins finalement… Ce
qui frappe est aussi leur fraîcheur.
Mais, ohlala!!!, suite à une coférence/dégustation à Vinexpo « Entre l’eau et le feu: un vin pour l’éternité. L’Amarone », présentée par l’oenologue Barbara Tamburini, Je suis tombée amoureuse de
l’Amarone. Très puissants (bon, ça titre autour de 16% vol), complexes, et fins à la fois (et ceux que j’ai goûtés n’étaient pas « durs », Laurent, mais plutôt tendres avec des tanins
relativement souples, du velour…). Bref une main de fer dans un gant de velour. Mon coup de coeur Vinexpo 2013.
Je donne des cours « d’oenologie » sur les vins italiens parfois et malgré le prix d’un Amarone, je compte bien faire découvrir ce très beau vin à mes « élèves ». Mais il est difficile de présenter
l’italie en 5/6 vins et en deux heures, tellement l’italie est riche de beaux produits.
Quand à « Il Frappato » d’Ariana, ma dernière bouteille m’a glissé des mains hier et a littéralement explosé à côté de ma voiture. 🙁
Emmanuel DELMAS
Un Frappato explosé en plein vol ? ,-((
Patricia Moisan
Intéressant !
laurentg
Emmanuel,
L’étiquete du vin sicilien indique 2011 ?!
Bu le Frappato 2011 il y a 15 jours : pas mal mais sans tomber à genoux (solaire et frais à la fois, très « sicilien »). Le SP68 2012 (nero d’avola, frappato) est moins intéressant.
Si Cécile nous lit, elle donnera son avis (c’est elle qui proposait les vins, à l’aveugle).
L’Albe 2006 de Vajra m’a plus aussi, en style de Barolo tendre.
Scotché le we dernier sur Valentini blanc 2007 (Abruzzes, très grand blanc), Giacosa Rocche del falletto 2007 et encore plus haut même le sublime Ca d’Morissio 2004 de Mascarello
(un très grand vin, racé et aérien).
Emmanuel DELMAS
2011, tu as raison