Petite histoire d’ une reprise d’un domaine ou l’importance de la relation du vigneron avec sa vigne…
Voici une propriété reprise par Franck et sa soeur Laurence Moureau. Propulsé par leur père, ils l’ont repris récemment. 2008 fut leur 1er millésime. Petite dégustation de celui-ci suivi du 2009. Eclairage sur cette propriété conduite en culture raisonnée.
Château Béard La Chapelle
4, Peyrelongue
33330 Saint-Laurent-Des-Combes
E-Mail
CHATEAU BEARD LA CHAPELLE
LA REPRISE DU DOMAINE
Franck fut journaliste, et désormais prend les destinées de la vigne et des chais du domaine depuis 2006.Son 1er millésime fut donc le 2008.Accompagné en cela par les conseils avisés de Stéphane Toutoundji et de son équipe, il apprend à connaitre ses vignes. Pourtant agées de 40 ans, celles-ci réclament un soin particulier dans la mesure où on ne se rend jamais vraiment compte de l’importance de la relation entre l’homme et son végétal. Quand bien même la vigne jusque là ne fut elle pas conduite de manière la plus naturelle, celle-ci sait redonner à celui qui prend soin d’elle de jolies satisfactions.
Les comprendre, savoir comment elles vont réagir aux soins apportés, faire en sorte que les racines plongent davantage réclame une réelle passion certes mais aussi de la patience. Néanmoins, ce qui est remarquable avec la vigne reste cette faculté d’adaptation. Rapidement on peut en mesurer le chemin, déjà à la dégustation. Si il faut une vie entière avant d’offrir des vins immenses, quelques années suffisent à mesurer à quel point la vigne sait pardonner.
A LA VIGNE
Ce sont ainsi près de 18 hectares bénéficiant d’un sol argilo-calcaire et de sables profonds de pied de côte qu’a repris Franck en 2006, rejoint par Laurence sa soeur. Le vignoble est reconstitué, racotté et la densité de plantation augmente à 7600 pieds à l’hectare. L’encépagement est à 90% de merlot et 7% de cabernet franc, 3% cabernet sauvignon. Enherbement un rang sur deux, effeuillage puis éclaircissage sont pratiqués, l’idée étant de limitr la charge à 7/8 grappes par pied.
ELEVAGE
Les élevages durent 12 mois et se font pour 1/3 en fûts neufs, d’ 1/3 en fûts d’un vin, et le dernier tiers en fûts de 2 vins. L’idée étant plutot d’opérer une infusion qu’une extraction.
DEGUSTATION
2008 et 2009 sont les 2 1ers millésimes de Franck ayant repris les vignes de son père.
Château Béard la Chapelle, Saint Emilion Grand cru
Avec le millésime 2008, on devine au nez un élevage présent, mais élégant. Le fruit reste bien en retrait, mais le végétal glisse ses atours. Presque variétal, le merlot dénonce une légère sous-maturité, comme si les vendanges eurent lieu un poil trop tôt.Fin boisé, raffiné qui me fait dire que celui-ci est joli! Compliment venant de ma part.
La bouche ne joue pas la carte de la concentration sur un millésime qui n’en réclamait pas de toute facon. Malgré tout la chair est pleine, fine et droite aux fruits noirs justes suggérés. La finale tendue s’accompagne de fins tanins soulignés par un boisé maitrisé.Oscillant en persistance entre note grillées et mentholées (trace végétale…)
***(*)
Plus fin et végétal que dense et extrait, ce vin pour ce 1er millésime révèle de jolies promesses à tenir. Elevage précis, fruit suggéré, minéralité à venir.
Château Béard la Chapelle 2009, Saint Emilion grand cru
Avec le 2009, millésime plus solaire et flatteur, la date des vendanges put être choisie par Franck, contrairement au 2008. La relation avec sa vigne a pu se tisser davantage, et le vin qui en émane offre déjà plus de chair.
Si le nez offre plus de puissance, il le doit toujours à un élevage flatteur mais séducteur en diable, identique au demeurant.Le fruit toujours en retrait semble plus mûr signalant une vendange saine.
La bouche plus complète révèle une chair plus suave à l’élevage bien maitrisé. Le milieu révèle un fruit noir et de quelques épices.La finale se laisse dominer par l’élevage et des tanins plus fermes.Toutefois si le vin offre plus de rectitude et de fermeté, l’ensemble s’en retrouve plus compact mais reste confortable, le tout soulevé par des tanins autoritaires. Le fruit macéré commence à s’ exprimer en persistance…(un signe?)
****
Au travers de ce 2è millésime, on devine, outre le millésime 2009 à la climatologie favorable, un fruit et un socle un peu plus expressif malgré un élevage identique au 2008. La rectitude souligne l’expression d’une vigne relatant un message plus minéral. Cette forme de dureté comme je le signale parfois est très acceptable dans ce cas. Cet avis ne reste que le mien…
PETITE ANALYSE
Bien entendu il est encore bien trop tôt pour donner un avis sur ce domaine, néanmoins il me semble important de souligner l’importance que revêt la relation qu’entretient le vigneron avec sa vigne, surtout au tout début. Il tatônne, observe et espère. Les soins qu’il apporte à sa vigne, l’élevage qu’il propose à son jus une fois fermenté sont autant d’éléments importants à peaufiner. Sur les 2 vins dégustés, le fruit était en retrait au détriment d’un élevage toutefois joliment maitrisé. Mais ce fruit s’exprimera de plus en plus, le fond refera surface rapidement dès lors que la vigne aura repris ses droits. Pour cela, le vigneron se doit de lui apporter les soins les plus cohérents et naturels possibles afin que les racines plongent davantage. Au vu de la dégustation, j’ose imaginer que le fruit et le minéral prendront place très vite…et là-dessus j’avoue ne pas être inquiet s’agissant de ce domaine. Une seule chose à écrire: A suivre !
//
electricite paris 5
J’apprécie votre blog , je me permet donc de poser un lien vers le mien .. n’hésitez pas à le visiter.
Cordialement
Anonyme
Bonjour, Je me suis procure une bouteille et je dois dire que votre article me semble très éclairant. Nous avons avec la compagne pris beaucoup de plaisir en le goutant! Si en plus comme vous le
dites, les millesimes suivants peuvent donner encore meilleur, je suivrai ce domaine.
Emmanuel DELMAS
En effet, je pense que vous pouvez le suivre de près. Qui plus est son prix reste très cohérent me smeble t’il. Ravi en tout cas qu’il vous ait plu !
Mickael Paitel
Voilà un bouchon que bison futé n’avait pas signalé en ce grand week end sur les routes !
Ludovic Cuisseron
Il m’est arrivé de déguster un vin repris par un nouveau vigneron, il était atypique. Je ne saurai l’expliquer en tout cas. Comme si il était pas entièrement équilibré. C’était normal, alors ?
Emmanuel DELMAS
En effet, il n’est jamais simpel de reprendre un domaine. Le vigneron tatônne, observe, prend son temps afin de mieux comprendre les réactions de sa vigne…après, en quoi était il si atypique ?
Bruno Besson
Bien entendu il est encore bien trop tôt pour donner un avis sur ce domaine!!!Ppppff ca c’est tout Manu, il se mouille jamais
Emmanuel DELMAS
Comment peux tu te mouiller quand tu as à peine les pieds dans l’eau, Bruno ? 😉
Pour le moment, c’est intéressant et assez prometteur. L’avis ne peut pas être définitif. Si cela ne m’avait pas convaincu, je n’en aurai jamais parlé, tu le sais bien.
Patricia
Je n’ai jamais entendu parler de ce domaine, tiens donc. Merci Emmanuel pour le tuyau