Pessac Léognan
Ce domaine n’est pas sans me rappeller mes coutumières vacances passées dans les Landes, à Biscarosse-plage. Des amis nous invitaient régulièrement, et ce château avait droit de cité sur la table.
En ces temps maussades, et cet hiver jouant les prolongations, quel plaisir de se remémorer ces belles et insouciantes années.
Alors, j’aime à me dire que, les jours rallongent, le printemps approche, et que le cycle végétatif offre les prémices de la renaissance dans les vignes.
LE CHATEAU DE FRANCE
Revenons donc à notre vin, ne nous laissons pas déconcentrer…
LE TERROIR
Les 36 hectares de vignes, planté en rouge, (et 2 en blanc), du vignoble du Château de France s’étendent sur un des plus hauts coteaux de la terrasse de Léognan, la plus élevée des quatre terrasses de gravières édifiées au fil du temps.
Le sol propose un recouvrement de graves pyrénéennes très profondes, et par endroits, le sous-sol y est argilo-calcaire.
LA CULTURE
Depuis quelque temps, l’effeuillage se fait côté soleil levant, les vendanges en vert sont de rigueur, et la culture raisonnée.
De grands noms jouxtent d’ailleurs le domaine, tels le château de Fieuzal, ou le domaine de Chevalier.
DEGUSTATION
Vin ouvert 3 heures à l’avance
L’oeil offre une robe grenat de bonne intensité, les reflets se montrent légèrement brunis par le temps. Les jambes sont fines et régulières Le disque propose un dégradé tirant également sur les couleurs brunes. Le temps commence à marquer de son empreinte le vin.
Le 1er nez est orienté sur le fruit, légérement mûr. (prune, mûres…)
A l’aération, des pointes fumées embaument le verre de notes de tabac froid, cendres, et de suie. Discrètement, puis prenant un peu plus d’assurance, des senteurs de fruits flétris puis secs, font leur apparition, sous la forme d’arômes de pruneaux. Eux-mêmes relayés par la perception de senteurs de sous-bois.
En bouche, l’attaque, se montre ronde, très accueillante, le milieu de bouche offre une belle minéralité, on ressent bien la rondeur, la suavité qui s’exprime sur des notes de mine de crayon.
La finale est rendue très élégante et ronde, grâce à des tanins fondus, qui donnent au vin une jolie impulsion, confortable.
Rétro-olfaction: pruneaux
PAI: 16 caudalies
En somme, voici un vin qui offre une charpente très cossue, agréable. On ressent bien la minéralité et la suavité qui sied aux vins des Graves, mais aussi, une maturité, propre au millésime 1999. Celle-ci d’ailleurs est bien réelle. A garder encore quelques années, mais ce vin a déjà amorcé son évolution.
Je tiens aussi à préciser que le fait d’avoir ouvert cette bouteille 3 heures au préalable sans décantation, a sans doute joué un rôle important dans sa constitution.
ACCORD METS / VINS
Restons classique, et orientation vers une viande tendre, une fois encore, agrémentée de champignons, et d’une sauce légère.
Le vin saura se glisser subrepticement sous le mets afin de le rehausser.
Emmanuel DELMAS
Vous avez surement déguster un chateau Carbonnieux dans la mm région, quelle est votre opinion en rapport à cette dégustation ?
Au risque de vous surprendre, j’avoue que cela fait un moment que je n’ai pas déguster le château Carbonnieux, je préfère donc ne pas m’avancer, même si j’en ai un bon souvenir.
En revanche, j’ai plus de souvenirs du vin blanc, que je trouve bien vinifié, avec une belle personnalité, mais parfois manquant de régularité, sur ces dernières années. Un avis qui, bien sûr n’engage que moi…
Mon cher Emmanuel, il va vraiment falloir que j’aille déguster avec parce que 16 caudalie un Château de France 1999 me parait énorme.
Sinon, le Château de France est une caricature de ce qui se passe dans le Bordelais. En 1990, c’était un des meilleurs rapports qualité/prix des Graves.
Puis il a brusquement augmenté tous les ans et le second vin, Coquillas est devenu plus cher que le premier quelques années plus tôt, mais la qualité n’a pas progressé, ni de l’un, ni de l’autre. L’augmentation se maintenant, ils ont fait un troisième vin, aujourd’hui plus cher que le premier en 1990. Et en plus pour faire le troisième, ils déshabillent le deuxième, qui pour être correct doit déshabiller le premier (dont le nombre de bouteilles produites n’a guère diminué). Moralité, un troisième sans intérêt au prix du premier 15 ans avant, un deuxième aimable à 2 fois le prix du premier il y a 15 ans, et un premier plus dilué dont le prix en francs a été converti en euros, voire plus.
Pauvre marché Bordelais qui ne profite certes pas aux amateurs de vins.
Bonjour Patrick,
Je n’ai jamais dégusté le 2è et encore moins le 3è vin, du château de France.
Cependant, nous avons le 1999, du 1er vin, à la carte au restaurant. J’ai adhéré de suite. J’avoue avoir été étonné. Non pas que ce vin soit exceptionnel, mais il présente de vraies qualités, il arrive à maturité, et c’est finalement, ce qu’on attend d’un vin bordelais. Des tanins fondus, une jolie trame, une évolution, et un côté alcooleux souvent propre au millésime évanoui.
Je tiens à préciser quand même que le fait de l’avoir ouvert 3 heures à l’avance, l’a profondément aidé. Je ne le trouvais pas dilué, élégant, rond. Quant à sa PAI, j’avoue être un peu généreux en règle générale, j’aime à aller au bout du bout du bout de celle-ci.
En somme, une agréable surprise, Patrick.
S’agissant du marché bordelais, tu pointes le problème, il y a des abus, indéniablement.
A bientôt,