
La vue du balcon de Michel Grisard à Freterive en Savoie
Ce long week-end, je vais prendre l’air. Celui des vignobles de Savoie. Ainsi je file très tôt ce matin, en croisant les doigts que la SNCF ne se permette pas l’innomable en reportant mon voyage. Je hais me lever à 4h45 pour rien…Si tout se passe normalement, je rejoindrai ainsi Franck Merloz camarade savoyard et Grégory un restaurateur local afin de rendre visite à 2 propriétés. Jean Claude Masson à Apremont, puis Gilles Berlioz à Chignin.
J’éprouve un véritable respect pour ces vignerons en Savoie que nous avons un peu trop tendance à oublier…pourtant leurs conditions de travail ne sont pas simples, et leurs coûts de production fort élevés. Entre le froid hivernal, un climat à part, des sols variés, et des géologies bouleversées, bien des cépages méritent davantage d’intérêt. Le gringet tout d’abord mais aussi l’endémique mondeuse blanche, ou encore la méconnue mondeuse, sans oublier le chasselas, l’altesse (roussette)…offrant des expressions étonnantes. J’ai récemment dégusté une verticale des vins blancs des Berlioz, ma visite sera fort instructive.
« Les filles » cuvée assez remarquable chez Gilles Berlioz
Il y a moins de 2 ans, mes visites chez Dominique Belluard et Michel Grisard m’ont épaté, ému, même. Ma visite éclair chez Bruno Lupin à Frangy m’a confirmé tout le bien de ses vins à prix tout doux, mais délicieux que je connaissais déjà fort bien. Je n’oublie pas pour autant la rencontre avec un vigneron aussi courageux qu’empli d’abnégation, cultivant sur échalas des cépages qu’il tente de sauver, de préserver, sur les hauteurs d’Albertville sur le coteau du Conflans en la personne de Jean Yves Péron. Un jusqu’au boutiste admirable pour des vins très personnels et atypiques, forcément.
Entre temps, j’ai pu déguster des vins savoyards de toute beauté. Ceux du domaine Dupasquier que je déguste très régulièrement, mais récemment en compagnie de Franck et Jean-Philippe, au Petit Verdot à Paris, des millésimes de plus de 15 ans, et 20 ans, prouvant à quel point ces vins méritent d’être attendus. Mais que dire des magnifiques vins de Dominique Lucas, entre sa Bourgogne natale et sa Savoie de coeur ? Des blancs magnifiques de galbe et de fraîcheur, entre chasselas, et aligoté, chardonnay ou pinot noir. Et cette superbe altesse 2009 de chez Lhéritier, éclatant tout bonnement. J’en oublie et non des moindres. Les vins de Jacques Maillet, des Giacchino…et une pensée particulière pour un vigneron méconnu mais qui me régale par ses Mondeuses blanches, Jean Paul Finas. Il suffit même pas de trop défricher, voyez-vous pour les trouver.
Dominique Belluard à Ayse
J’aime à dire que les grands, les vrais grands vins ne sont jamais démonstratifs, mais toujours dans la suggestion, subtils. Oscillant entre le chaud et le froid, ou quand le climat chaud rencontre la dureté, la froideur des terroirs. Ou quand le froid du climat s’annoblit de la chaleur si ferme des terroirs s’y reposant. Toujours le chaud et le froid. Une minéralité aussi aérienne portant un vin dense, nourri par un climat ensoleillé. Tel ce cépage gringet impulsé par le superbe Dominique Belluard; à la minéralité folle. Ou les acidités tranchantes d’un cépage comme le sauvignon adoucit par la fraîcheur plus respirante, le souffle du sol calcaire sy’ reposant. Deux signatures minérales différentes, aux visages et souffles à part. Deux exemples que j’ai signifié à propos du minéral dans mon livre. Et si la Savoie en fait paetie, ce n’est absolument pas pour rien. Voilà un vignoble remarquable. Où tout semble si proche, mais qu’à vol d’oiseau…
Une terre de vins à redécouvrir, assurément.
MAIS IL Y A AUSSI LE VINOCAMP
Franck Merloz, Tweetawine et In Roussette he trusts…
Et la Savoie accueillera le VinoCamp, le 6è du nom. Preuve que celle-ci s’ouvre, sous l’instigation d’un véritable amoureux passionné de sa région, Franck Merloz. Geek certains diront ? Oui, mais je répondrai; accessoirement geek, avant tout sincèrement passionné. Franck est un peu le lien entre les hommes et les femmes de la terre et internet. Son outil TweetaWine est devenu un incontournable pour celles et ceux souhaitant partager leurs notes de dégustation. Mais Franck défend sa région de manière formidable. Si le VinoCamp s’arrête en Savoie, il n’y est certainement pas étranger. Là, durant 1 journée, les échanges foisonneront entre accords et désaccords, débats, et dégustations. Il y aura du beau monde, de tout, du vin, et de l’internet lié au vin. Vignerons, oenologues, médias, blogueurs, geeks…et le Dimanche, dégustation avec les Petavins, groupement de vignerons pointus, sincères, travailleurs acharnés aux vignes, protecteurs d’un esprit sain, et de cépages endémiques. Forcément un moment voire un point d’orgue à 3 journées qui s’annoncent instructives et porteuses d’une certaine émotion.
A suivre donc !
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Les vins de Louis Magnin et de Dupasquier, en photos (cr par Philippe Ricard) :
http://www.invinoveritastoulouse.fr/index.php/degustations-thematiques/verticales-domaine/713-visite-aux-domaines-louis-magnin-et-dupasquier
Merci Laurent!
Alors, ce voyage ?
Dégustation de vins de Savoie jeudi soir et vendredi soir chez IVV (gringet, roussanne, jacquère, altesse, chardonnay, pinot noir, modeuse, …).
Je te tiendrai au courant
Avec plaisir Laurent !
Dégusté de magnifiques jacquères, notamment chez Jean Claude Masson à Apremont, et Adrien Berlioz à Chignin. Sinon, toujours les Mondeuses de Michel Grisard, avec une prestige 2004 fortement
charmeuse, et hier une Tradition 2006 particulièrement bien définie, fine et ultra précise, juteuse, longue…le Feu de Belluard 11 tellurique, ferreux, electrique…une altesse 2010 de Jacques
Maillet impressionnante, truffée (aillée), tendue et finement cirée. Le persan de domaine Saint Germain fut très jolie aussi, sans parler des blancs de Dominique Lucas que je trouve formidables.
Sans oublier le domaine Soleyane que je ne connaissais pas avec une mondeuse 09 juteuse, fine et preque sanguine. Enfin, que du bon ,-))
Ah en Chignin Bergeron, celle d’Adrien Berlioz miammm ! ,-)