Coup de téléphone ce mardi matin, Aris. ‘Emmanuel, es-tu sur Paris? Je te propose si tu es disponible de venir sur le plateau d’Europe 1 pour nous éclairer sur les vins rosés. Est-ce un ‘sous vin’, ça existe du bon vin rosé?’ Petite discussion autour du rosé, et rendez-vous fut convenu d’en parler le lendemain, donc hier sur le plateau de la chaîne de radio.
DU BON VIN ROSE ?
Comme pour tous types de vins, il y a de bons vins rosés, chez ces vignerons que nous recherchons tous, ceux, qui savent mettre du coeur, du sens et de la passion à travers leurs raisins, puis leurs vins. Nous n’aimons vraiment finalement que les vins qui nous racontent une histoire, la leur. Bien évidemment, pour y parvenir ces ‘jardiniers de la vigne’, terme que j’emploie souvent désormais, se démènent. Pour eux, le travail des vignes est bien le fondement même du travail du vigneron. Tout part de là. Pas de produits chimiques, des soins naturels afin de permettre au sol de relayer au mieux l’identité de son environnement. Ces faiseurs ‘n’aménagent’ pas leurs vins. Ils font en sorte que leur vin offre caractère, personnalité et surtout un véritable engagement. Des vins ‘justes’.
A la dégustation, ils ne mentent jamais. Pour le vin rosé, soyons clair, cela semble plus difficile à réaliser, tant la tentation est grande de proposer un produit que le consommateur lambda attend. Des couleurs claires, de la fluidité, pas trop d’arômes, et en bouche que ça coule sans agression…bref, souvent plus il sera insipide plus il paraitra léger. Pourtant, le vin rosé réclame énormément de précision, d’attention tant ses équilibres restent difficiles à canaliser. Il est donc facile de constater à quel point en grandes surfaces, ces vins sont légion. Le problème pour nous autres, professionnels du vin est donc bien de faire prendre conscience au consommateur de la nécessité absolue de fuir ces circuits de distribution au profit des véritables cavistes de proximité. Ce qui, là encore, écartera notamment les franchises Nicolas, qui n’ont plus grand chose à voir avec le vrai caviste de proximité.
Ce discours, rapide, reste juste empreint de bon sens. Je n’ai jamais rien inventé et ne suis pas capable de faire semblant en faisant croire que ‘oui, on peut trouver de bons vins en GD’. Mais plutôt, ‘Oui, c’est vrai, parfois, par accident, on peut trouver quelques vins pas si mauvais en GD’.
Quittez les linéaires des grandes surfaces, les cavistes franchisés de masse, comme Nicolas, pour revenir chez les vrais cavistes de proximité, sélectionnant les vins, à la source, chez les véritables 'vignerons jardiniers'. Finalement cela ne reste que du bon sens afin de s'offrir davantage de plaisir, et même d'émotion, à un prix quasiment identique.
Un véritable caviste de proximité sélectionne les vins des vignerons qui parviennent à le 'toucher' par leur travail toujours plus pointilleux dans les vignes. On parle alors de vignerons 'jardiniers' de la vigne…
QUAND ON N’Y CONNAIT RIEN, ON LAISSE FAIRE CEUX QUI SAVENT
Alors, comme le consommateur lambda semble ne rien y connaitre en matière de vins, alors quel intérêt a t’il de choisir par hasard des vins parmi un choix rarement qualitatif dont la seule qualité réside dans la justesse du prix? Il n’achète finalement pas un vin, mais un prix, puis la beauté de l’étiquette ou le design de la bouteille. Ce qui, en matière de vins rosés est souvent davantage poussé que les vins blancs, rouges traditionnels.
Alors, le seul conseil crédible à apporter à ces consommateurs perdus est de leur faire prendre conscience qu’il est vital si ils souhaitent rencontrer plus de plaisir, voire parfois d’émotion avec le vin, même rosé, de faire conscience à leur conseiller. Le caviste de proximité, indépendant, qui propose sa propre sélection, fruit d’un travail pointilleux, passionné et surtout sincère.
Plus de proximité, de lien, de conseil, donc un accompagnement qui offre davantage de sens à l’acte d’achat. Le plaisir y est évidemment accru. Une fois encore, tous les cavistes ne sont pas remarquables, mais le simple fait de savoir que celle-ci ou celui-ci a bénéficié d’une véritable formation longue, de caviste ou parfois même de sommelier demeure un gage que des franchisés sont incapables de tenir.
Direct sur Europe 1, le vin rosé est il un bon vin, avec Thomas Joubert
Ainsi, même si il est impossible en quelques minutes d'exposer tout cela à la radio, il me semble essentiel de passer ce type de message. Je m'étonnerai toujours de constater que celui-ci passe aussi rarement, au profit d'intervenants tellement consensuels qu'ils en perde toute crédibilité. Pourtant, les messages que je tente de passer ne sont que ceux que tous les véritables amoureux du vin, qu'ils soient professionnels ou juste amateurs, partageraient eux-mêmes, non ?
Alors, tous ensemble continuons à rameuter les troupes, à faire prendre conscience aux consommateurs naifs qu'il existe une véritable alternative à la distribution de masse, incapable d'offrir des produits qualitatifs, quand ceux-ci se trouvent un peu plus excentrés, (quoique…), et à des prix si proches pourtant. Continuons ainsi, et vous verrez, qu'on aura réussi, année après année, à rapatrier une petite partie, même infime de consommateurs devenant un peu plus soucieux, curieux et responsables, à quitter ces circuits de distribution davantage destructeurs que constructifs.
Je vous laisse lire la vidéo ci-dessus. A bientôt, avec les Foires aux vins que je me dois de traiter avec autant d'honnêteté et de sincérité possible…
Des propos de bon sens Emmanuel, dommage seulement que le temps imparti pour éclairer le consommateur soit trop restreint. Il y aurait tellement à dire, sur les achats de vin dans les rayons de la GD par des consommateurs livrés à eux mêmes et à leur méconnaissance du vin !
Je me permets juste de trouver ton commentaire sur la couleur des rosés un peu simplificateur. Un rosé très clair n’est pas forcément sans intérêt, l’intensité de la couleur dépendant de plusieurs facteurs. Sinon, comme toujours, tu as été parfaitement précis et clair.
Disons surtout que pour le consommateur un vin rosé léger ne peut pas avoir de la couleur…après, quand tu prends l’exemple de Garrus, le vin rosé est clair mais remarquable (à 120€, encore heureux!), pour autant il a davantage la ‘gueule’ d’un blanc que d’un rosé ,-)
Bonjour Emmanuel, bravo pour ton intervention sur Europe 1 et pour le discours vrai que tu y a tenu , mais au dela de la pertinence évidente de tes propos je voudrai saluer ton courage car ce n’est pas rien de dire que le lobby de ces grands groupes qui alignent les aspirateurs et les bouteiiles de vins rosés n ‘ont pas la même passion que les cavistes qui attachent énormément d’importance à choisir les vins qu’ils vont avoir l’honneur de proposer à leur clientéle et surtout d’échanger avec ces derniers lorsque ceux ci viendront leur rapporter le ressenti de leur dégustation.Merci à toi. Dany Wuckelt
Merci Dany pour ce gentil mot, mais je ne vois pas en quoi il est ‘courageux’ de dénoncer ou plus simplement dire ce que l’on pense surtout quand cela fait partie d’un certain bon sens professionnel. J’ai la chance d’être à la solde de qui que ce soit et donc d’être totalement indépendant, juste et sincère. Je trouve en effet assez étonnant de constater que peu de professionnels osent juste passer le message quand ils en ont l’occasion…sans doute la crainte…ou la perte de leurs valeurs, qui le rendent lisses, policés, sans identité ni personnalité. L’idée n’est pas de se montrer virulent juste d’énoncer des évidences. 😉
A bientôt!
Emmanuel, vraiment très utile de le préciser et bravo de le faire sur Europe1, et ceci d’autant plus que le rosé est de plus en plus apprécié. Il a donc d’autant plus besoin de rejoindre la même classe que les vins blancs et les vins rouges. Finissons de le juger comme d’une classe inférieure.
Lecture et écoute très appréciée !
Merci Philippe pour tes bons mots ! ,-)
Belle intervention. Bravo de mettre en avant les cavistes. Et mille merci d’avoir démontré qu’il faut absolument découvrir toute la palette aromatique des rosés de France – Corse, Bordeaux, Loire etc. Juste 2-3 points de désaccord : 1) vin rosé clair = « simpliste », sans profondeur (je ne le crois pas même si la volonté de faire des vins rosés très clair peut pousser à de telle dérives, 2) les rosés en GD à 4-5 € : malheureusement les chiffres montrent que les rosés en GD sont en moyenne vendus à 3,5 environ (malheureusement car on voit bien quelle marge peut revenir au producteur), 3) rosés pamplemousse « que croyez-vous qu’il y a dedans » : je m’attendais à ce que tu dises « des vins espagnols pour l’essentiel et de l’eau ». Le journaliste n’a pas mentionné un dernier point (peut-être + présent à l’étranger notamment aux USA : certains rosés atteignent des sommets en terme de prix (est-ce justifié, peu importe, mais cela va-t-il tirer le reste des rosés vers le haut, oui je l’espère).
OK Laurent avec toi. Mais on parlait bien de la GD, surtout. Rosés clairs à petits prix, pas de relief, ni profondeur. Garrus à 110€ est clair et très joli, mais en terme gustatif nous sommes davantage sur un vin blanc finalement qu’un vin rosé, prix stratosphérique nullement représentatif de la qualité, même si vendu 35€ ce ne serait pas choquant. Rosé Pamplemousse, il n’y a aucun débat à avoir sur l’inutilité de cette merde! Celles et peut-être ceux qui en boivent ne viendront certainement pas au vin par la suite…Des rosés vendus en moyenne 3,5€ en GD né méritent même pas qu’on parle de ‘vin’ à ce prix-là…:-)
Merci Emmanuel pour l’accent donné sur notre métier de caviste, à bientôt.
Tu étais à l’aise, précis et didatique…Quel plaisir de t’écouter dire des choses si vraies !
Bravo Emmanuel et…vivent les bons vins Rosés de nos « vignerons jardiniers » !!!
Merci Manuel, tu es un ange ! Oui, il est important de ressasser les mêmes choses ! ,-)
Vive les jardiniers, les cavistes indépendants et les sommeliers qui tiennent un tel discours!!
T’es un pro de pro pour le vin …mais pas que … bravo pour cette interview !
Tu t’es bien débrouillé je trouve. belle fin de journée
Ne rien laisser passer. Bravo Emmanuel
Merci Emmanuel Delmas pour cette interview en toute franchise sur les vins rosés!
Merci beaucoup pour ces bons mots ! Je les prends avec plaisir! ,-)