Aussi fou que cela puisse paraitre, il est possible de trouver du vin en
Thailande. Certes, nous avons pu nous rendre compte, que déjà à Tahiti, un vigneron français avait réussi
l’exploit d’élaborer du vin en cette ile.
Mais là, en Thailande, les conditions ne sont plus tout à fait les mêmes.
Si la chaleur est souvent au rendez-vous, à la différence de Tahiti, les
pluies sont parfois diluviennes. Et c’est bien là, un problème.
J’imagine que l’oenologue ou les oenologues ont dû revoir toutes leurs
manières de travailler et d’appréhender la culture des vignes.
Car, ne nous y trompons pas, les racines des vignes trempent bien souvent dans l’eau.
La région de Loei, se trouve au nord est de la Thailande, et c’est à cet
endroit qu’est né, en 1995 le 1er vin thailandais, au Chateau de Loei.Désormais, on retrouve 5 autres domaines récoltant du vin, dans
la jolie région de Kao Yai, à l’est de Bangkok.
Mais, intéressons-nous au Chateau de Loei, se
logeant au nord-est du pays, non loin du Laos.
Ici, on y retrouve des conditions intéressantes, à défaut d’être idéales à
l’élaboration du vin. A savoir, journées ensoleillées, et relativement chaudes l’été, et nuits fraiches pour une amplitude importante, et un apport d’eau relativement important, faute à un climat
décidément trop « subtropical ». Ainsi, les précipitations restent fréquentes.
La conséquence immédiate de ces conditions particulières, restent une
approximation de la maturité, donc de la concentration des raisins.
il est à noter, et cette décision est à souligner, que le domaine a opté pour une seule récolte annuelle, alors
qu’il est d’usage dans ces contrées d’en proposer 2. Tout comme on peut le faire, à Tahiti, sous l’impulsion de Dominique AUROY.Récoltes ayant lieu en Thailande au mois de Février.
Et, malgré ces complications, le Château de Loei, a le mérite de proposer
des vins sortant de l’ordinaire, ce qui, finalement n’étonnera personne. Mais, et j’insiste sur ce point, les vins s’en retrouvent intéressants, et à découvrir, ne serait-ce que pour s’enrichir,
et pour la découverte.
Les cépages utilisés dans cette région du Loei, restent la syrah en rouge,
et le chenin blanc en blanc. Alors que dans les régions situées à l’Est de Bangkok, on remarquera des cépages autochtones, tels le malaga ou le pokdum, sur des régions très humides.
Un de mes contacts m’ apporta une bouteille de vin blanc, du Chateau de Loei, sur le millésime 2003, Chenin
blanc extra-dry.
LA DEGUSTATION
Robe jaune citron de bonne intensité aux reflets légérements dorés. Les
jambes fines et régulières retombent en laissant apparaitre un disque moyennement épais. Clair et limide, le vin dévoile un bel éclat.
Le 1er nez se montre expressif, et très plaisant, orienté sur les fruits
blancs frais.
A l’aération les fruits frais (agrumes, pêches blanches, pommes vertes)
révèlent des pointes salines, étonnantes, se mêlant avec gourmandise, sur des notes d’élevage, orientées sur la vanille, et le fumé. La minéralité du cépage chenin, laisse passer le message d’un
sol semblant accaparé par des alluvions salins. D’où cette note saline.
L’attaque se révèle grasse, accueillante, elle dévoile rapidement son goût
salin qui peut déranger quelques sensibilités. Ce milieu de bouche est empreint de pointes iodées, conduites par une matière d’un joli volume. Ce gras caractéristique du cépage chenin, et d’un
climat chaleureux emplit le palais. Iodé, et très fumé, ce vin surprend et déstabilise par sa personnalité trop marquée, ne sachant polisser son discours avec l’apport par exemple
d’ une allonge fraiche (acidulée) finale bienvenue.
C’est bien là, son défaut principal. La finale se montre courte, sans impulsion.
Courte, celle-ci, révèle en retour, ces notes salines, et fumées, qui demandent à se sociabiliser en présence
d’un contrepoint que l’acidité aurait pu combler.
Dommage…
Néanmoins, je pense qu’il est important de souligner l’effort consenti pour proposer un vin qui ne manque pas de
personnalité et qui ne demande qu’à grandir.
*(*)
CONCLUSION
Il est essentiel de comprendre qu’aujourd’hui, le vin s’ouvre à nombre de
cultures bien différentes des notres. La Thailande ne déroge pas à la règle, et malgré un marché intérieur semblant très limité, cela n’empêche pas des passionnés du vin d’y proposer des vins
encore expérimentaux.
Ceux-ci peuvent dérouter, mais déblayent le terrain pour les autres. On ne peut que les applaudir et les
respecter pour leur exceptionnelle abnégation. En leur souhaitant de continuer dans cette voie, je sui certain qu’ils récolteront le fruit de leur travail.
En attendant, visitez leur site,
ici.
Emmanuel Delmas
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Cyril
Bonjour Emmanuel,J’ai essayé de les contacter via leur mail (mais celui-ci ne fonctionne pas !!)Quels sont les distributeurs de ce vin en France ?MerciCyrilSommelier
Emmanuel DELMAS
Bonjour Cyril,
A dire vrai, je n’ai aucune idée de son distributeur en France. Dès que j’ai un moment, je me renseigne.
yannick
Bonjour Emmanuel,Je parcourais ton site et je suis surpris de voir que tu as ouvert un peu les yeux ou la bouche aux amateurs de vins sur les vins Thailandais.Je travaille depuis deux ans en Thailande dans l’hotellerie, en tant que food and beverage manager et resident manager. Je suis amene a deguster quelques vins locaux comme le Chateau de Loei, Le monsoon Valley, Le chateau des brumes, le Village Cellar. Les vins thailandais sont vraiment surprenant, et je le conseille a tout le monde au restaurant. Celui qui a le plus de Succes chez nous est le Monsoon Valley Blanc, qui est compose d un melange de cepages local (malaga blanc a 85%) et etranger (Colombard a 15%).Voila Merci pour ce clin d oeil sur la ThailandeCulinairement VotreYannick
marsha
J’admire leurs efforts de produire des vins où le climat complique la viticulture. Si seulement ils avaient des sols calcaires…
Emmanuel DELMAS
Effectivement Marsha, mais cela serait peut-être aussi moins interessant, et moins insolite.