Deux grêlons de la taille d'une balle de ping-pong ont ravagé les vignes.
La grêle s’est invitée tout récemment sur les vignobles de France. La Bourgogne ne fut pas épargnée, notamment sur Meursault, Volnay et Pommard. Déjà en Juillet 2013, et encore en 2012. Trop, c’est trop.
Si il est évident que cela est catastrophique pour la récolte à venir, décourageant, et le mot n’est pas galvaudé, pour nos vignerons, celle-ci fait suite à deux minuscules récoltes précédentes. Etre vigneron de nos jours, et je parle de nos ‘jardiniers’ de la vigne, appliqués et impliqués dans le travail de leur végétal, reste O combien difficile.
Le commun des mortels a bien du mal à se rendre compte des difficultés, du courage, et de la passion qui animent ces femmes et ces hommes prêts à tant de sacrifices afin d’exprimer à leurs vins toute l’expression de leur terroir. A travers ceux-ci, l’énergie, le fond, et la vitalité respirent, transpirent même. Les éléments font partie intégrante de cet environnement, et ajoutent aux difficultés.
Et pourtant, nos acharnés de la vigne tiennent le coup, avancent, et scrutent désormais le ciel avec encore plus d'inquiétude. C'est que depuis quelques années, les destructrices chutes de grêle s'invitent très régulièrement. L'an dernier déjà. Et toute la France est touchée.
Soutenons, à notre manière, ces vignerons qui avec foi, coeur et abnégation osent chaque année révéler des vins à forte identité. Malgré une météo qui semble inéluctablement se dérégler, année après année…
Comprenons bien le désarroi qui anime certains de nos vignerons, après l’abandon de la classe dirigeante, toujours aussi dramatiquement inflexible vis à vis d’une loi Evin castratrice, les éléments se déchainent. Et pourtant, après deux récoltes riquiqui, ils avaient tant d’espoir d’un millésime enfin normal. Ils en ont tant besoin. Pour survivre, certains n’ont d’autres choix que de devoir augmenter le prix de leurs vins, sans aucune gaité de coeur, croyez-le! Le risque est grand pour eux, de voir s’écarter une partie de leurs clients si fidèles jusque-là. Une catastrophe là encore. Une nécessité, dont ils se passeraient volontiers. Mais quelle autre alternative s'offre pour nos jardiniers de la vigne ?
Et là, patatras, la grêle détruit le peu d’espoir qu’il leur restait. Certains m’ont confié leur colère face à cette injustice, voire leur effondrement, ou pire encore leur envie de baisser les bras. Mais ils ne le feront pas, c’est impossible. Habités qu’ils sont par l’amour, sans conditions. Celui de leur terre, de leurs vignes, de leurs vins. Et des gens.
Une vigne dévastée chez Thiebault Huber, à Volnay
Comment les aider, nous autres ?
Nous autres, professionnels, blogueurs, journalistes du vin, et amateurs, devons les soutenir en continuant plus que jamais à relayer leur travail. A apporter un peu de lumière sur leur quotidien, en leur offrant un peu de réconfort, en leur exprimant notre admiration. En les remerciant de nous offrir tant de plaisir. Soyons cette épaule dont ils ont tant besoin. Car plus que leur humilité, leur pudeur leur interdit de se plaindre. Je crois, humblement, que tous ensemble, nous devons, plus que jamais les soutenir, à notre manière! En leur restant fidèles, déjà. Alors, à nos claviers, à nos plumes, à nos palais! Mâchons, dégustons, buvons, partageons…car nous leur devons !
NB1: Texte écrit pour le magazine 'le petit ballon', du numéro d'Août 2014. Complété ici.
NB2: Photos prises par Thiébault Huber, vigneron à Volnay
HUBER VERDEREAU, VOLNAY – Emmanuel Delmas, Sommelier Consultant, Paris
Thiébault de son prénom, Huber de son nom (d’origine alsacienne) s’est installé à Volnay en 1990, sur la propriété de son grand père, Raoul Verdereau.Thiébault a étudié au lycée viticole…
https://www.sommelier-vins.com/2010/03/huber-verdereau-volnay
Gérard
C’est bien de parler de ces catastrophes récurrentes dont souffrent particulièrement nos vignerons. Tu parles de la Bourgogne sévèrement touchée à plusieurs reprises depuis trois ans, mais d’autres appelations moins prestigieuses – pouilly fumé, vouvray, montlouis, ont été localement touchées et les vignerons ne peuvent pas, comme les plus connus en Bourgogne, se rattraper un peu en augmentant le prix de vente. Pourtant ce serait, cette fois, justifié ( loi de l’offre et de la demande ). Je pense à François Chidaine sur Montlouis et Vouvray qui, l’année passée, a perdu pratiquement 100% d’une récolte sur une des deux AOC, après une année déjà largement amputée. Heureusement qu’il y a une grande solidarité dans la viticulture, sinon, beaucoup seraient déjà ailleurs. Pendant ce temps nos gouvernants et hygiénistes de tout poil ne savent plus quoi inventer pour mettre des bâtons dans les roue de ce trésor que le monde nous envie, pour des raisons fallacieuses de santé publique ou le sacro-saint principe de précaution. On se demande bien comment nous, amateurs de (bons) vins, nous faisons pour être encore debout aujourd’hui, un verre à la main, à consommer, avec modération, ce qui nous reste après les ponctions climatiques -naturelles, elles- et réglementaires-contraignantes- qui tombent de tous côtés. A votre santé quand même et large soif à tous.
Emmanuel Delmas
Merci Gérard pour ce long commentaire que nos vignerons méritent ! Buvons bon et bien à leur santé, et défendons cette noble cause qu’est le vin !
Jean-Pierre
Eh oui, la nature et son climat ne font pas de cadeau. Pour notre part, notre petit domaine n’a pas été touché (Corbières-Boutenac, Aude) alors qu’à quelques km de là tout était ravagé, jusqu’aux ceps des vignes cruellement marqués dans leur chair et que sur certaines aires dramatiquement touchées certains restaient miraculeusement exempts. Cruel hasard ! Est-il bien nécessaire de préciser que beaucoup de viticulteurs comme moi ne prennent même pas d’assurance anti-grêle car leur cout rognerait définitivement le peu de bénéfices que certains peuvent espérer. Obligé de s’en remettre au ciel ? mais jamais découragé … !
En tout cas merci de penser à eux…
Emmanuel Delmas
C’est bien naturel Jean Pierre.
beauvert
Merci Emmanuel pour ce soutien. Le risque de grêle n’est pas réservé aux vignerons. L’ensemble des agriculteurs est concerné. Nous avons eu plusieurs fois la grêle sur notre récolte de prunes, des tempêtes ont cassé et déraciné des centaines d’arbres. A chaque fois, les agriculteurs voisins sont venus nous aider à redresser les arbres voire à en replanter. Avec générosité, solidarité et humilité, tous viennent donner la main… et on repart pour une saison en espérant que la prochaine récolte permettra de rembourser les nouveaux emprunts….
Emmanuel Delmas
Merci pour ton commentaire et témoignage. Courage alors aussi à vous tous ! 🙂