Jean-Michel Peyronnet (Edonys) ; Françoise Laborde (CSA)
EDONYS SUR LCI: LES PROHIBITIONNISTES MAL A L’AISE
Par Jean-Michel Peyronnet sur le Blog d’Edonys
Le débat* (à voir ou revoir, en bas de cet article) que nous avons eu sur LCI le 28 avril dernier, même s’il a permis aux prohibitionnistes d’exposer largement (trop largement selon certains) leurs positions, me rend plutôt optimiste.
Pour l’avoir vécu en direct, j’ai le sentiment que nos adversaires sont bien moins sûrs d’eux qu’ils n’en ont l’air. Hors caméras, le professeur Dubois ne cachait pas sa crainte de voir la loi Evin exploser en vol. Il reconnaissait d’ailleurs que si les boissons alcoolisées avaient été rajoutées à la loi, en 1991, c’était parce que le lobby médical « assistant » Claude Evin voulait être sûr de l’emporter pour le tabac !
La période paraît en tout cas favorable à une évolution de la loi dans un sens libéral. Car ladite loi, dont on « fêtera » bientôt les 20 ans, n’est à l’évidence plus adaptée aux moyens de communication actuels.
Du cul, oui, du vin, non !
Le sort d’Internet a été réglé l’année dernière : les prohibitionnistes ont perdu une bataille, échouant à faire interdire la publicité pour le vin sur le web. Lors du vote de la loi Evin, on le sait, Internet n’existait pas. Les chaînes télévisées « câble et satellite » non plus.
Même si Françoise Laborde, la nouvelle amie des hygiénistes, fait semblant de croire que chaînes câblées = chaînes hertziennes, à l’évidence le vide juridique en la matière est total. C’est d’ailleurs pourquoi une vingtaine de sénateurs ont rédigé un amendement qui, s’il est adopté, permettra à une chaîne payante sur le vin d’exister sans avoir à se plier à la loi Evin et à l’interprétation restrictive qu’en fait régulièrement le CSA, moins regardant en matière de violence, de vulgarité, de bêtise ou de pornographie.
Pour preuve que les chaînes payantes n’ont pas à être assimilées à la loi commune : on peut, moyennant quelques euros, s’abonner à une ou plusieurs chaînes pornographiques. Que je sache, le CSA, qui a refusé de conventionner Edonys au motif que nous voulions diffuser des dégustations, ne se mêle pas du contenu des chaînes déshabillées !
Bref, la partouze, oui, la dégustation, non ! Il y a là, pour le moins, discrimination. On aimerait comprendre pourquoi. Le professeur Gérard Dubois a d’ailleurs apporté du vin à notre moulin en reconnaissant que la loi s’appliquait aux médias qui s’imposent, c’est à dire ceux que l’on reçoit chez soi passivement. Or s’abonner à une chaîne câblée ne peut en aucun cas être assimilé à un acte passif.
Desserrer l’étau
Dans son article L3323-2, la loi Evin stipule que « la propagande ou la publicité, directe ou indirecte, en faveur des boissons alcooliques (…) sont autorisées exclusivement, etc. ».
Suit une liste de supports d’où sont absents la télévision, et évidemment les médias nés après 1991. Devra-t-on légiférer aussi sur les applications iPhone® ?…
Jusqu’à quand, dans ce pays, marchera-t-on sur la tête ?
Jusqu’à quand, seuls dans le monde (à l’exception des pays islamiques, bien connus pour leur culture démocratique et leur hédonisme échevelé), ravalerons-nous le vin au rang de « problème de santé publique » ?
Je crois que nos adversaires ont compris que dans un pays membre de la communauté européenne, dans un environnement mondialisé à la communication débridée (il faut être chinois pour ne pas pouvoir utiliser librement Internet), l’îlot France ne résistera pas longtemps. Ils ont donc bien raison d’avoir peur, car le moment semble favorable : desserrer l’étau prohibitionniste semble désormais possible.
Un soutien de poids
Petite devinette : Qui a dit :
« J’ai parfaitement conscience qu’il y a une crise de la viticulture, bien sûr dans cette région… Ce n’est pas une consolation, mais enfin, il y en a certaines où c’est encore pire ! Mais peu importe, la question n’est pas de savoir si la viticulture doit mourir avant les autres, la question, c’est que la France est une terre de viticulture, que la viticulture fait partie de notre histoire, de notre identité, de nos atouts, de la ruralité où elle est un élément de l’activité économique… Ce qui se passe avec la viticulture, c’est que vous êtes soumis à la concurrence internationale, que l’on n’imaginait pas il y a 30 ou 40 ans. Nous étions les seuls à savoir faire du vin, notre renommée était internationale. (…) On ne peut pas vous demander de faire la compétition en vous mettant deux boulets aux pieds. Il y a des règles, elles doivent être les mêmes pour tout le monde. (…) On ne peut pas assimiler le vin au tabac ou à une drogue. Le tabac, ce n’est jamais bon pour la santé, le vin ça peut-être bon pour la santé. Le problème du vin, c’est l’excès de consommation, le vin n’est pas une drogue. J’ai tiré une conclusion assez simple, c’est que la prohibition sur la publicité pour le vin, c’est une question dont nous devons reparler. On ne peut pas avoir la totalité de nos concurrents qui ont le droit de faire une publicité, et les seuls qui n’auraient pas le droit seraient ceux qui sont porteurs de la tradition française, de l’expérience française, et de la production française de qualité. Je le dis d’autant mieux – et je prends mes responsabilités – que je ne lèverai pas le pied sur les contrôles. Autant je crois qu’il est logique d’ouvrir la publicité à un produit qui n’est pas en soi dangereux, autant la question de la mortalité sur les routes, c’est une question pour laquelle on ne peut pas négocier. »
Réponse : c’est un certain Nicolas Sarkozy qui a prononcé ces fortes paroles, face à des viticulteurs girondins, lors d’une réunion tenue dans les chais de Jean-Claude et Jean-Pierre Quet, aux Artigues-de-Lussac, le 1er mars 2007. Le candidat d’alors, devenu, cela n’a échappé à personne, président de la République, ne saurait s’abriter derrière la crise pour ne pas tenir sa promesse, la crise ayant justement rendu encore plus urgente une libéralisation de la parole vinicole sur les grands médias, et notamment la télévision. Edonys prendra d’ailleurs prochainement une initiative pour rappeler au locataire de l’Elysée ses propos du printemps 2007, initiative dont nous espérons qu’elle sera soutenue par tous ceux qui n’admettent plus que le vin soit stigmatisé dans un pays qui reste la référence mondiale en la matière, ceux qui refusent que les femmes et les hommes qui font le vin soient assimilés à des dealers responsables de tous les maux de la société.
De quoi je me mêle ?
C’est dire que les arguments de Françoise Laborde (nommée au CSA par un certain Sarkozy Nicolas…) relèvent selon moi de la méthode Coué.
Rappelons-les : selon l’ancienne journaliste, le contexte politique n’est pas favorable à une libéralisation de la loi Evin (c’est sans doute pour cela que l’Anpaa vient de se ramasser devant les tribunaux !)
– L’amendement des sénateurs n’a aucune chance de trouver une majorité (le CSA a-t-il davantage de pouvoir, en France, que des parlementaires ?)
– La viabilité économique d’une chaîne de télévision sur le vin n’est pas assurée.
– Edonys aura du mal à trouver un diffuseur en France même si la chaîne s’installe au Luxembourg…
On a envie de dire « de quoi je me mêle », mais finalement, laisser parler Madame Laborde (dont la famille produit du vin à Plaimont et qui caresse certainement le rêve d’une fin de carrière politique, pourquoi pas en sénatrice du Gers ?) se révèle plutôt réjouissant. Surtout quand elle donne dans le ridicule de mélanger dégustation et publicité comparative, ou encore quand elle prend ouvertement – et imprudemment – parti pour une chaîne concurrente présidée par l’une de ses proches amies (ancienne présidente de la Haute Autorité) et « qui s’engage à respecter la loi Evin et à travailler avec le ministère de la Santé » (sic) !
Madame Laborde, en tout cas, semble mieux connaître la loi Evin que la loi Léotard du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication qui, dans son article 5, stipule que « pendant la durée de leurs fonctions et durant un an à compter de la cessation de leurs fonctions, les membres du conseil sont tenus de s’abstenir de toute prise de position publique sur les questions dont le conseil a ou a eu à connaître ou qui sont susceptibles de lui être soumises dans l’exercice de sa mission ».
Cela na pas empêché Madame Laborde de se répandre contre Edonys à l’AFP, sur France Info, dans Terres de Vins, la RVF, LCI… on en oublie sans doute. Alors, Madame Laborde, imprudente ou intouchable ?…
A suivre…
* Jean-Michel Peyronnet (Edonys), Thierry Desseauve (Tast), Françoise Laborde (CSA), Gérard Dubois (Alliance Prévention Alcool), étaient les invités de l’émission « On en parle », animée par Valérie Expert, le 28 avril dernier sur LCI. Le thème : « Interdire les chaînes sur le vin ? Quand la télé incite à boire ».
Quelques réactions suite au débat, ci-dessous :
Sur le blog du Grand Jury Européen, lire l’article
Sur le blog des Chroniques Vineuses, lire l’article
Sur le blog de Berthomeau, lire l’article
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serge Tonellotto
Bonjour,
je suis vigneron, et contrairement à beaucoup, j’aimerais tempérer les attaques anti loi Evin.
effectivement, si la loi interdit la publicité sur le vin, elle l’interdit pour tous et surtout pour les gros groupes étrangers aux moyens considérables.
Pensez vous que les petits producteurs français vendraient encore sans cette loi,
méditez l’exemple anglais (anciennement 1er importateur de vins de france) où cette loi n’existe pas, et bien les ventes de vins français sont en chute libre, bientôt derrière le chili qui est un
tout petit producteur, c’est bien parce qu’elle est là que le consommateur français boit encore des vins français, car il reste dans la tradition et ne peut pas entendre le chant des sirènes…
serge
Cédric Davy
On ne débat pas avec l’état, on compose.
edern
forcément avec un c…. de président qui ne sait pas ce que c’est de « vivre » , qu’à jamais bû une goutte de vin, on est mort. Bon courage à edonys, vive la convivialité, vive les vignerons
paysans, vive le vin et arrêter de nous parler de santé publique mr sarkosy depuis quand vous vous inquiétez de notre santé? sérieux…