
Il est des instants d’une vie semblant privilégiés. Tels ceux consistant à tremper de nos lèvres humides les bords d’un verre, remplit d’un vin aussi majestueux que Pétrus.
Pétrus, fait à mon sens partie des très grands vins rouges que la planète Terre accueille.
En compagnie de l’extraordinaire Romanée-Conti, du majestueux Véga Sicilia « El Unico », inégalablement racé hors de nos frontières.
MAIS, Pétrus se mérite, se distingue de tous, par sa capacité à oser parfois décevoir, alors que l’on attend trop de lui…comme si, finalement, ce vin subissait les foudres de sa gloire…et de son prix si exorbitant. En l’occurence, 850 euros pour ce millésime 1999.
DEGUSTATION PETRUS 99
Sa majesté, se drape d’une robe grenat foncée, d’une grande intensité, profonde, elle offre à l’oeil, un disque présentant une frange amorcant un dégradé légérement pourpre. Etonnament fringante, celle-ci prouve que ce vin offre un potentiel de garde encore important.La robe est brillante, et limpide.
Le 1er nez est plaisant mais se montre rétracté, même si on y décèle quelques onces de fruits noirs.
A l’aération, le nez offre une belle complexité d’où se dégagent quelques effluves de fruits bien noirs, se transformant en fruits macérés à l’eau de vie, à cause d’une perception de pointes alcooleuses.Vite relayé par les arômes épicés (poivre, bois, cannelle). Les pointes grillées prennent le relais, mettant en valeur l’élégance et la maitrise d’un élevage abouti.Le nez se montre plus confortable en présence de pointes fumées et minérales.
L’attaque en bouche se veut très soyeuse, dévoilant en son sein, une superbe rondeur. Cette sensuelle opulence dévoile en milieu de bouche des pointes épicées d’élevage, se mêlant aux notes minérales du terroir, et aux fruits noirs.
La finale amorce un virage légèrement alcooleux, rendant le vin encore anguleux. Les tanins se montrent remarquables de présence, et de classe. Présents, fourrés. La longueur n’en est que plus incisive, pénétrante, elle permet de dévoiler un potentiel merveilleux, malgré une certaine rectitude finale.
Rétro-olfaction de fruits noirs, PAI de 11 caudalies, d’une belle persistance.
En somme, ce vin semble de prime abord déroutant, complexe, en phase de transition, il se cherche encore. Anguleux, complexe donc, mais très racé, on y devine aisément une ossature toute soyeuse, encore serrée, il va falloir patienter pour le re-découvrir à la hauteur des espérances qu’on peut légitimement placer en lui.
Pétrus reste malgré tout fidèle à sa réputation de grand seigneur capricieux et encore incompris…il saura s’offrir même sur ce millésime si particulier.
ACCORD METS ET VINS AVEC PETRUS 99
En présence d’un tel vin, il va falloir s’orienter sur un mets raffiné, et compréhensif qui saura le mettre à son aise. Un plat viandé, sans lourdeur aucune, légérement épicé, sans trop d’artifices cependant, jouons la sobriété afin qu’une conversation puisse s’instaurer entre ce vin si capricieux et le mets.
C’est ainsi que j’invite à ses côtés, un pigeon cuit étouffé sens propre, sens figuré de l’intenable Cédric DENAUX, chef dans le sud à St Paul les 3 châteaux dont vous trouverez la recette et la video ici, sur le site de cuisinerenligne.
Ce mets se montre impressionnant de justesse, de finesse. La texture du pigeon est juteuse, fondante, d’où s’extraient des notes fumées.
Emmanuel DELMAS
le pigeon c’est bon!!