Théâtre des Champs-Elysées
Dimanche 18 Juin 2006,
Ce qu’il y a de palpitant dans un tel concours réside dans la tension en découlant.
Bien entendu celle émanant des candidats au titre mais aussi celle provenant des
organisateurs de l’événement
Car,oser organiser celui ci en public en vue et au su de tout un chacun n’en
demeure moins une sinécure
Comment en effet, réussir a susciter l’engouement autour du trophée, auprès de néophytes ?
Certes, ceux ci sont avides de découvertes d’autant plus s’agissant des concours
de sommeliers.
Me voici cette fois en spectateur…
La corrélation entre le théâtre et la sommellerie parait si évidente selon Claude Brasseur qui se fait le parrain de la journée. Quel plus bel écrin que ce théâtre des Champs- Elysées ?
En cela les organisateurs ont fait feu de toute flamme.
La curiosité et le mystère entourant la degustation à l’aveugle se devoilent
sous les yeux tout ébaudis des spectateurs.
1 ère épreuve: La dégustation à l’aveugle
1 vin blanc et 1 vin rouge à décortiquer devant l’assistance ainsi que l’accord
ideal, et les conditions de service.
Paolo, le suisse se montrait très a l’aise dans cette figure de style en introduction alors qu’indéniablement Eric le français survolait l’épreuve de par ses dires.Le seul à avoir trouvé l’identité des 2 vins. Un Jeres, Palomino fino, Dry Sack, très typé il est vrai. Et un pinotage de Stellenbosch, d’Afrique du Sud. Le suisse s’était égaré en Argentine avec un Malbec, alors que le norvégien tutoyait cette contrée, avec un cabernet sauvignon du Chili, en Maipo.
Mais tous se montraient cohérents dans leurs choix, et l’essentiel n’est pas de découvrir l’identité du vin, mais bien de décortiquer l’architecture du vin.
Avantage France à ce moment là.
2nde épreuve: ateliers de situations (décantation, conseils, cigares…)
Cette épreuve est de loin la plus importante car elle définit à merveille les
qualites premières du sommelier. A savoir, élégance gestuelle, finesse d’esprit, charisme et connaissances oenologiques.
Afin de mettre en lumière les différences entre chaque sommelier, ces ateliers furent magnifiquement mis en exergue par une jeune troupe d’acteurs, offrant vie à un restaurant virtuel.
Les jeux de rôles
4 tables
La 1ère réunit 2 femmes jeunes et jolies, légérement délurées, se contant leurs histoires enfiévrées, à leur amie nouvellement fiancée.
A la suivante, un couple unissant un homme d’une trentaine d’années sûr de son fait, et une jeune fille de 20 ans fêtant son anniversaire, toute fraiche et encore bien naive…
A la table no3, un homme seul attend sa fiancée ne venant manifestement pas.
Cela ne l’empêchera pas de se faire plaisir en voulant déguster un plat de terrine de foie gras, et attend le judicieux conseil du sommelier.
A ce moment là, intervient, au plein milieu de ce joyeux brouhaha une femme complètement délurée, hurlant en son téléphone, invectivant l’on ne sait qui, accepte le dialogue avec un jeune acteur hollandais. Table réclamant le service du havane.Ce fut la table no 4, la dernière.
A travers ces quelques tranches de vie, fresques, devrions nous dire, le sommelier doit faire sa place, exister, et délivrer ses conseils.
C’est au milieu de cette pièce que le charisme, l’élégance et le phrasé, font corps.
LES QUALITES D UN GRAND SOMMELIER
LE sommelier, est un homme (ou une femme) dégageant une force. Un charisme devrai-je dire.
Lorsque vous allez dans un grand restaurant, vous espérez rencontrer à la fois une grande cuisine et un service au diapason.
Le service, répond certes aux exigences d’un maitre d’hotel, ou d’un chef de rang, mais avant tout, c’est bel et bien, LE sommelier, qui orchestre à lui seul le rythme du service.
Effectivement, une fois la commande prise, le client scrute attentivement l’arrivée de l’ambassadeur du plaisir, celui qui impulsera à son repas un allant hors normes.
LE RIDEAU SE LEVE
Tel un rideau se levant, Bible des vins en mains, le sommelier s’avance, le client sourit, écarquille ses sourcils, et apprécie à sa juste valeur les mots énoncés par cet homme si affable, souvent charismatique ou lyrique qu’est le sommelier, ambassadeur du plaisir.
Gestuelle maitrisée, verbe haut, voix grandiloquante, celui-ci, de par son écoute, et son charisme, rassure le client….la magie opère.Echange, curiosité, sourires, le sommelier se fait l’ apôtre du plaisir.
Et, tel est LE rôle du sommelier.
C’est ainsi que le client conçoit le sommelier…et ce concours en est l’épithète.
Durant ce jeu de rôles, le sommelier norvégien, éblouissait de sa précision, assurance, et gestuelle.
Rassurant, professionnel, et d’une grande fluidité, il éclaboussait la salle de sa superbe si naturelle.
Le français, bien qu’avenant, proche de ses clients, semblait dépassé par le temps qui s’effilochait.
Notre ami suisse, certes professionnel semblait si imperméable à la pression, qu’il en devenait une fois encore un peu triste. Il lui manquait peut-être simplement d’un peu de folie.
A mon sens, à ce moment là, la messe fut dite…mon favori annoncé. L’élégance au service de la fluidité tel fut lla description du candidat norvégien.
Le service du champagne
Cette épreuve est un véritable piège, et la plus redoutée de toutes.
Ou, comment remplir 14 coupes de champagne, d’un coup d’un seul, sans jamais revenir en arrière, avec un magnum de Champagne.
8 minutes…ensuite, vérification des verres remplis, du champagne restant dans son magnum…
Finalement, telle une question subsidiaire, cette épreuve n’a que peu d’importance. Mais quel spectacle, suspense…
LES RESULTATS
Telle une cérémonie des César, Claude BRASSEUR, parrain de la manifestation, prolongeait le suspense.
Les vins dégustés à l’aveugle dévoilés, on s’avancait sans grande surprise vers une victoire française tant Erick avait réussit à découvrir l’identité de ces vins encore secrets.
Mais, comme je l’ai toujours signalé, l’important est non pas de découvrir le vin, mais d’avoir une cohérence dans la description des vins. Et, à ce jeu, tous le furent…
La correction de la carte des vins fut emportée haut la main, sans grande surprise par Eric, le français, suivi de près par ses concurrents.
Mais…
La différence, comme je me l’étais imaginé, ce fit dans l’épreuve des ateliers pratiques, propres au sommelier.
Conseils, décantation, havanes, gestuelle, et fluidité du service…et à ce petit jeu, de très loin dominait Robert, notre cher ami norvégien.
Sa dextérité, assurance et simplicité éclaboussaient l’amphithéatre. Ce fut un très grand bonheur que de le voir évoluer…tel un acteur, on le suivait allégrement dans ce jeu.
Quelle fluidité, aisance. (j’avais envie de dire que je m’imaginais….) !!!!
Les commentaires dythirambiques circulaient autour de moi, la différence fut faite.
Et, malgré un suspense certain, le vainqueur, fut Robert LIE, 25 ans, représentant Norvégien…
Sans la moindre surprise, indiscutable !
Robert officie au restaurant Bagatelle à Oslo; alors si le devoir vous appelle en cette ville, n’hésitez pas à vous rendre dans ce restaurant, ainsi, vous comprendrez mieux ce que SOMMELIER veut dire…
N’en déplaise à Eric ZWIEBEL, ou encore le dauphin Paolo BASSO, si souriant et rassurant.
CONCLUSION
Robert LIE, le sommelier norvégien de son état méritait bien largement son titre. Indéniablement, il représentait parfaitement l’archétype du sommelier.
Il semblait surpris, à la lumière de ce que j’avais aperçu, ce ne fut que justice. Ou quand l’esprit, l’élégance, la précision prennent le dessus sur la technique.
N’en déplaise à Eric, pourtant si pointilleux sur l’esprit technique.
Félicitations à tous les 3, qui nous offrirent une superbe finale.
Bravo à la troupe d’acteurs que se sont improvisés serveurs, à Jean Paul le pianiste si magistral, Julie à la voix si douce, et les Champagnes RUINART, si audacieux quant à l’organisation de ce concours, absolument irrésistible.
Sans oublier, la présence des très grands sommeliers, Philippe Faure Brac, Jean Michel Deluc, Serge Dubs, Eric Beaumard, Gerard Basset, et la crème de la crème de la profession ici présente.
Emmanuel DELMAS
Intéressant. Merci, Manu.
FORZA FABIO MASI!!! Per me sei il numero uno!! La prossima volta vincerai tu, ne sono sicuro. COMPLIMENTI a Robert, davvero simpatico.
Un saluto dall’Italia
Agreable que ce bonjour d’Italie.
Dommage en effet que le représentant italien ne se soit pas qualifié pour la finale.
Bravo pour ton récit, lui aussi palpitant.Ta conclusion est bien à l’image de ce qu’on rencontre trop souvent dans la restauration en France :souvent très technique et pas assez « théâtral », voir parfois ennuyeuse.Combien de fois ai-je choisi le restaurant en fonction de sa carte des vins et de son sommelier…C’est si agréable de découvrir, de s’étonner des choix du sommelier.Bravo tout de même à celui qui a trouvé les vins à l’aveugle, c’est toujours, pour moi, l’exercice le plus difficile !
C’est vrai Damien, que l’important est de trouver un vin à l’aveugle…du moins le plus impressionnant. Cependant, la fluidité et l’élégance sont des qualités essentielles. Surtout, le restaurant est un théâtre. Lasserre, la Tour d’Argent n’en sont que de merveilleux exemples, ou quand canardiers, maitres d’hôtel décopent leurs canettes, flambent leurs crêpes suzette, et le sommelier s’avance carte des vins en main.
Ce n’est plus le cas actuellement, et force est de constater que la restauration est entrain de perdre ses valeurs fondamentales…mais cela on le savait depuis bien longtemps.
Au restaurant, 1 ere chose pour moi, la carte des vins, évidemment, mais surtout les verres !!!! sans verres adéquats, point de salut…;-)
Emmanuel