SITUATION, SOL, CEPAGE
Après la présentation générale des 2 styles de vins, sur mon billet précédent, ici, aujourd’hui un petit avant-goût de quelques vins dégustés.
Surface : 1 330 ha.
Situation :
Dans le nord de l’Italie, au sud de Turin, entre Alba et Mondovi, sur les communes de Barolo, Castiglione Falletto, Serralunga d’Alba, La Morra, Novello, Monforte d’Alba, Verduno, Grinzane Cavour, Diano d’Alba, Cherasco, Roddi, dans la magnifique région du Piémont.
Sols :
On retrouve un sol jonché de marnes plus ou moins compactes, parfois très sableuses, que l’on surnomme « tortoniano ».
On retrouve des marnes plus argileuses, dites de l’« elveziano ».
Pour simplifier, les vins issus de sols plus sableux s’expriment plus simplement, et semblent plus confortables d’approche.
Ceux, issus du sol argileux proposent des vins plus fermes, rugueux, et complexes.
Il est important de souligner que l’on rencontre, et notamment à Alba, des sous-sols accueillant la célèbre truffe ALBA, la tartuffa blanche, unique au monde, exubérante et d’une intensité encore jamais égalée.
La comparer à la truffe noire du Périgord ? Tout bonnement incomparable…tout comme son prix, d’ailleurs ! 5 000 euros en moyenne le kilo pour l’Alba, contre 850 euros la truffe du Périgord…
Cépage :
Le nebbiolo. On en distingue 2 grandes variétés : michet, lampia.
Il est rarement planté au-delà de 300 mètres d’altitude.
LE VILLAGE DE BAROLO
Barolo propose de très grands vins, immenses, et si charismatiques, ils sont réellement impressionnants de stature et de charisme.
Le village semblait encore endormi à notre arrivée, à demi-caché par la brume et la moiteur ambiante, où régnait une température de 7°, il fut aisé de comprendre que le climat de cette région n’était pas encore si chaud en cette période.
Il suffit ici, de faire quelques menus pas pour se retrouver face à un domaine, une cave, ou une coopérative, lorsque ce n’est pas un consortium ou mieux encore une oenothèque.
D’ailleurs, ce fut comme aimanté que nous nous y retrouvions, peu avant 11.00 ce jour-là.
Ma crainte fut toute vérifiée, car il est important de souligner que ce week-end là, fut celui à éviter pour tout amoureux de Barolo. Mais, je n’avais d’autre solution que de venir ce week-end précisément.
Car l’Italie du vin se donne rendez-vous à Vérone, pour le Vinitaly. Mais je ne pouvais pas manquer cette occasion de me rendre ici-même.
L’OENOTEQUE DE BAROLO
Ainsi, les présentations faites, la dégustation de 3 vins séléctionnés par l’oenothèque de Barolo, peut débuter. Il est à souligner que cette sélection de vins change toutes les semaines.
L’oenothèque est un endroit riche d’histoire, et de bouteilles, réunissant une grande partie de l’histoire du vin de l’appellation, c’est à cet endroit que tout doit commencer.
Accueillis, et fin prêts pour une dégustation de 3 vins, nous écoutons l’animatrice, fort aimable et affable. Désormais, place aux plaisirs des sens et de la découverte.
DEGUSTATION
1er vin
Barolo « Beni di Batasiolo » Vigneto Cerequio 2000
Voici un vin de Barolo vieilli 2 ans en grands fûts de chêne de 2000 à 3000 litres. Ce vin est assis sur un terroir sablonneux, qui lui confère de la personnalité tout en souplesse.
La robe se montre d’une jolie couleur grenat présentant un disque tirant sur une couleur légèrement brune sur les bords.
Le 1er nez s’oriente sur des fruits noirs
A l’aération, le nez se fait plus persistant sur des pointes toujours fruitées, macérées, le nez semble légèrement alcooleux, duquel on arrive à isoler des notes florales, de roses fanées.
La bouche se fait dense, grasse, et d’une bonne tenue, la finale propose des tanins très rugueux, fermes. Ce vin gagne ainsi en tension, très long en bouche, il est intimidant de prime abord.
2è vin
Barolo « Via Nuova » Chiarra Doschis 2000
Voici un vin qui se situe au centre de la région. Reposant sur un terroir argileux et sablonneux, il se montrera très séduisant, et approchable pour les non-initiés.
La robe est similaire au vin précédent, mais semble plus brillant.
Le 1er nez est dominé par des notes cireuses, de bois.
A l’aération, des pointes amandées se développent, relayées pas le bois ciré, et des notes de fruits noirs bien compacts.
L’attaque se montre ronde, opulente, on devvine une grande tenue, l’acidité permet au vin de gagner en densité, et en fraicheur, les tanins bien serrées, se montrent plus fourrées, confortables que le vin précédent.
La finale est longue, mais bien arrondie par cette densité. La marque de l’élevage en fûts plus petits (500 litres) fait la différence. Le terroir imprime sa patte, le vin gagne en longueur et en lisibilité.
En somme, celui-ci est le prototype même des vins de Barolo, nouvelle vague. Sculptés, élégants, bien que légèrement maquillés par un élevage bien maitrisé. Ce vin séducteur fut le préféré de mes accompagnants. Ce ne fut pas une surprise.
3è vin
Barolo « Cascina Cucco », Cerrati 2000
Ce vin repose sur un sol argileux.
Le 1er nez est empreint de fruits noirs
A l’aération, des notes alcooleuses apparaissent, mais laissent vite place aux pointes amandées (noyau de pêche) et minérales, (terre mouillée). Le nez peut dérouter, il se montre intimidant, et peu expressif.
La bouche se montre plus tendre à l’attaque, avant de dévoiler un grand volume, qui s’effacera au passage d’acidités très pénétrantes. Celles-ci s’estompent vite, et s’éclipsent au profit d’une finale dominée par des tanins très fermes, rugueux.
La rétro se fait sur des pointes de roses fanées, de champignons.
Ce vin est très particulier pour les non-initiés, car déroutant si ce n’est déstabilisant.
L’architecture de ce vin est bien moins compacte, uniforme que les précédents. Celle-ci semble moins bien en place. L’acidité est tranchante, le volume d’une belle densité, les tanins très rugueux, le vin se montre capiteux, ces éléments ne sont pas encore homogènes.
C’est pourtant celui qui m’a le plus séduit, il se montre très prometteur, plein de caractère.
En substance, cette dégustation montre l’importance, sur ce même millésime, de la diversité de vins, sur cette même appellation.
CONCLUSION
Le sol sablonneux, sablo graveleux, et graveleux, ainsi que le choix de la taille des fûts, par exemple, conditionne le résultat futur.
Même si bien évidemment, tant d’autres éléments, et de facteurs entrent en ligne de compte.
Mais cette dégustation fut une interessante entrée en la matière.
En prime, une dégustation complète de la Barbera Alba « Paiagal » 2004, de chez Marchesi di Barolo, ici.
Emmanuel DELMAS
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