Sommelier – vigneron, mes vins sont en cours d’élevage

Vous n’avez pas idée du nombre de fois où on m’a posé cette question, maintes fois:

« Quand, Emmanuel feras-tu ton propre vin? »

Ma réponse, depuis 15 ans ne variait pas d’un iota: peut-être un jour, mais chacun son métier. Le mien consiste à aider les gens à progresser, à mieux déguster, à accompagner les passionnés pour franchir les paliers.

Passer de sommelier à vigneron peut sembler un pas surmontable. Et pourtant…!

Nous sommes si peu à oser le franchir. Car déguster, émettre des avis sur des vins d’autres vignerons est un peu notre coeur de métier.

Mais devenir vigneron et devenir sans cesse jugés à travers nos vins, est une toute autre paire de manches.

Jusqu’à il y a encore 4 ans, il était très clair dans mon esprit: je ne ferai pas de vin, tout de suite. Mais ça, c’était avant!

Parce que la vie réserve de belles surprises. Que rien ne peut rester figé.

À 45 ans, la vie m’a appris tant de choses…et c’est loin d’être fini.

Une rencontre décisive

Élaborer son vin réclame un travail titanesque. Mais j’ai rencontré un vigneron dont je suis l’ami, dans le sud, en plein coeur du Corbières.

Et un autre ami, vigneron alors est devenu formateur en biodynamie notamment.

L’un et l’autre sont amis, et tous les trois, avons décidé de me donner la chance d’élaborer mon propre vin.

Pour le moment, par respect pour elle, et pour lui, je préfère ne pas donner leur identité.

Cependant, pour les initiés, et si de surcroit vous me connaissez…alors, vous devriez avoir une certaine idée de leur identité.

Les vignes ne sont pas les miennes, mais sont propulsées par notre vigneronne. Et la troisième personne de notre trio m’apporte de très précieux conseils, à toutes les étapes.

Pour le moment, deux cuvées sont en gestation

Une syrah de trente ans reposant sur un sol schisteux, et de vieilles grenaches de cinquante ans. Le travail des vignes a été assuré par mes deux amis, c’était plus simple à gérer ainsi.

Je venais sur place deux à trois fois par mois afin d’y mettre ma patte, sous leur bénédiction.

Chacun son métier!

La commercialisation débutera l’année prochaine, même si elle restera limitée à 5 000 bouteilles, je suis très fier de cette première expérience. Tout en restant un peu fébrile quand viendra le moment d’être jugé.

Emmanuel Delmas