
Bordeaux, ne sont guère approchables dans leur prime jeunesse, ils le deviennent après certaines années. Bien souvent entre 10 et 15 ans.
C’est à partir d’une lente évolution en bouteille que l’architecture du vin, prend toute sa définition. Les tanins se fondent, les acidités s’assagissent, et le vin se
complexifie.C’est à ce moment-là, que le vin est remarquable. Complexe, fin, du velours, de l’élégance, et une superbe persistance.
Néanmoins, le domaine offre des vins très élégants et approchables jeunes. J’ai le souvenir du 1995 dégusté en 1999 ou du 1997 dégusté en 2000. Les vins se révèlaientt charnus,
mais les tanins n’étaient jamais asséchants, les structures étaient bien compactes. C’est tout le charme des vins du Château Haut Marbuzet.
Résultat d’un travail de haute volée de la part de la famille Duboscq.
Sol argilo-calcaire, reposant sur du graves et portant quelques traces de fer. Le domaine a toujours opté pour une grande
densité de pieds. Les effets n’en sont que bénéfiques, car une forte densité permet une meilleure répartition et une quantité plus
limitée de grappes sur le pied de vigne. D’où une meilleure concentration des jus dans le fruit.
Cabernet sauvignon et merlot se retrouvent en de proportions presque égales, à 55 % et 45%, ils laissent place à 5% de cabernet franc reposant sur un terroir évident. Ou la rusticité d’un
cabernet sauvignon se complaisant d’un merlot charnu et enjoliveur, permettant au vin d’arrondir ses angles. Ou comment apporter à la puissance, une source de sensualité.
Un bel échange voici quelques mois avec Henri Duboscq, venu au restaurant, un soir de semaine.Confirmation d’un savoir-faire avec la dégustation d’un de ses vins, son 2nd, le Tour de Marbuzet,
2003, emplit de volume et si confortable en 1/2 bouteille.
Tout part de ce terroir et de ce sol. (voir plus haut). La grande densité de pied, et la recherche d’une grosse maturité, permettent de proposer de beaux jus à la sortie des vendanges.
Les macérations sont relativement longues, afin de proposer une belle texture, un joli grain, et des vins au final toujours juteux et séveux.
L’élevage se veut tendre et maitrisé par un passage en fûts de chêne toujours mesuré. L’idée restant de ne pas marqué les vins par ces notes trop grillées, ou briochées, qui
nuiraient à son caractère. D’où cette propension aux vins jeunes à se montrer gourmands,certes fougeux, mais toujours bien ciselés, sans brutalité.

Robe pourpre, disque légèrement orangé, laissant apparaître un signe d’évolution. Disque moyennement épais.Jambes fines et
régulières.
1er nez très plaisant, et persistant sur le fruit séché (pruneaux).
A l’aération, le nez se révèle complexe. S’orientant sur des pointes minérales, rappelant le graphite (mine de crayon), relayé par une pointe fumée, de tabac blond. Pointes
animales, de cuir.Les épices marquent le vin de leur identité, girofle, réglisse.
Bouche grasse, à la matière ronde révélant une sensuelle opulence. Le milieu de bouche enveloppe le palais, soulignant une superbe structure et une jolie complexité
orscillant entre la mineralité, (marque du terroir), le fruit séché, l’épice et l’animal.
La finale propulsée par une belle fraicheur offre au vin une belle droiture. Finale soulignant une superbe trame de tanins bien ciselés et gourmands.
La persistance est remarquable, incisive, et fait durer le plaisir. La marque des grands vins.
Voici un vin superbe, d’une belle ossature, suave typique de la propriété. Servie par un millésime superbe d’élégance.
Arrivé à son apogée, la persistance n’en est que plus belle…
Inutile de le carafer, juste ouvrir la bouteille 1 à 2 heures à l’vance.
Accord mets et vins: Du classique, une viande de boeuf, cuisson bleue ou saignante reposant sur son jus, sans épices, pur. Afin de ne pas dénaturer le vin, en pleine apogée.
*****(*)

Indéniablement, château Haut Marbuzet réunit un panel très important d’amoureux de ce vin. Autour de vous, je
suis certain, que vous en trouverez, essaimé un peu partout. Il n’a beau n’être qu’un « cru bourgeois », exceptionnel, il fait bien partie des vins du Haut Médoc, et à fortiori des vins de St
Estèphe les plus fameux.
Et à la lumière de cette dégustation de ce millésime 1990, il n’a absolument rien à envier, à des Grands crus classés, du même millésime que j’ai encore récemment dégusté.
Félicitations à Monsieur Duboscq, Messieurs devrai-je dire, qui réussissent à insuffler au domaine un remarquable dynamisme, associé à un grand professionnalisme.
Et quand je pense qu’il me reste une bouteille de 1982, de 1995, et un magnum de 1998, je ne peux qu’être un petit privilégié !
05 56 59 30 54
Emmanuel Delmas
Coucou emmanueljuste en passantLa quelité de ton blog est toujours +++++
Quel plaisir ! J’ai bu si souvent le Haut-Marbuzet 1990 en aveugle sans jamais le reconnaître que je peux dire que les bouteilles connaissent une évolution très différente (même conservées dans la même cave, mais ainsi en va l’évolution des grandes bouteilles) et cela permet de justifier mes échecs réguliers. C’est ainsi devenu un gag entre amis, si nous hésitons pour une origine de rive gauche nous annoncons « Haut Marbuzet 90 ». Ce vin est fantastique, je n’en ai plus mais il me reste de très beaux 91 et des amis qui possèdent des 90… Bob n elui accorde pas de « grosses notes », il n’est donc pas spéculatif, autre bonne nouvelle.