A la demande de François, du blog Meli-melo gastronomique, je réponds à mon tour, au questionnaire vineux qui tourne actuellement dans la vinoblosphère.
Alors…levons le rideau, et voici mes réponses à ce questionnaire…
Selon vous, le vin est-il féminin ou masculin? (Et vous?)
Le vin prend une connotation parfois sensuelle grâce à la façon dont on peut en parler. Il évoque la robe, les jambes, entre autres éléments, il a un côté féminin. D’autres proposent des ossatures opulentes, laissant présager que le vin peut être masculin…mais certains vins dégagent des pointes animales…,-)
Il est usuel de dire que le vin ressemble à son géniteur…ou à sa génétrice…ainsi le vin peut il devenir masculin, ou féminin.
Etes-vous plutôt vin rouge, blanc ou rosé ?
Pour le rosé, je ne surprends personne en déclarant qu’il ne m’interesse pas franchement, d’ailleurs je n’en parle jamais…
Le vin blanc a pour lui cette faculté étonnante de se montrer plus docile, confortable et polyvalent que le vin rouge, en accompagnement d’un repas…il sait séduire, je les aime minéraux, droits, et homogènes.
Quant aux vins rouges…je les trouve aussi remarquables, de complexité, je les aime tant qu’ils respectent l’identité de leur terroir dont ils sont issus…je reste très ecclectique. Tantôt structurés, tantôt longilignes, ou racés, très complexes, et déroutants, aux tanins fondus, ou encore très fourrés, persistants voire tranchants…waow, un Barolo etses tanins hors normes…!
Et, vous avez oublié…je suis un éternel gourmand, et les vins liquoreux sont un pêché mignon dont je raffole à la fin d’une dégustation…histoire de flatter les papilles !
Etes-vous plutôt Champagne blanc ou rosé ?
Je ne suis pas un fou du Champagne. J’apprécie les Vins de Champagne, ceux qui expriment un vin, un terroir, une maitrise de l’élevage. Un grand Vin de Champagne c’est quelque chose ! Pour mes 30 ans, je m’étais fait une fête d’ouvrir mon magnum de Dom Ruinart blanc de blancs 1988. Quel vin ! tous mes invités furent surpris de découvrir, ENFIN un Vin de Champagne.
Krug, S de Salon, Jacquesson…Sinon, le Champagne rosé ne m’a jamais réellement transcendé, malgré les Dom Pérignon dégustés…
Quelle est votre « première fois » ?
OOOh…! La question intime…Sans doute en Bretagne, chez ma grand-mère, avec un cidre fermier me semble t’il…eh non ! pas de Chouchenn 😉
Votre meilleur souvenir « émotionnel » avec un vin ?
Très difficile question ! Le vin qui accompagnera ma demande en mariage aura une signification tellement extraordinaire, que ce moment fera de lui le plus beau vin de ma vie !
Sans doute une Véga Sicilia 1962, époustoufflant de complexité, et de race. Ahurissant.Ce fut en 1999.Jusque là, aucun vin rouge ne m’avait autant étonné…si ce n’est un Barca Velha dont je parlerai à l’occasion.
Mon 1er Yquem…1979, quel rendez-vous, quelles sensations. Même si j’ai eu le privilège de déguster différents millésimes, ce 1er eut un effet dévastateur…car il fut mon 1er Yquem.
Bien sûr, la 1ère fois que j’ai réussi à comprendre Pétrus…un 1982 si sublime, après avoir tant échoué avant cela…1961, 1985,1975, que je n’avais pas su lire au tout début de ma carrière. Ce fut en 2000.
Récemment…un immense Petite Sibérie d’Hervé Bizeul….quelle élégance, quelle stature, du velours…j’en ai encore des frissons là.Plus près de nous, un vin du Domaine Bérénas, dont je serai amené à parler ici, l’Iris, qui fut remarquable.
Et lorsque vous dégustez de tels vins, pensons à remercier tous les vignerons, qui nous offrent de si grands moments.
Votre meilleure association mets/vin ?
Approcher l’accord parfait me semble mission très compliquée…tant la complexité dans les échanges est grande. Le vin peut se comporter de façon aléatoire, être vivant, il est fragile.
Très peu de chefs osent s’aventurer dans ce défi.
Disons qu’un fromage de Crottin de Chavignol avec un Sancerre, un Comté et un vin de l’Etoile, un croquant au chocolat amer et un Porto Vintage font partie des valeurs sûres.
Autrement, dans les formations accords mets et vins que nous dispensons, un opéra café et caramel accompagné d’un Grand Roussillon du domaine Barrera est un exemple remarquable d’un accord frôlant la perfection, tant les échanges entre ces 2 protagonistes est sublime, l’un répondant à l’autre, l’autre sublimant l’un, l’un magnifiant l’autre. Les participants sont toujours impressionnés par cette expérience si exaltante.
Votre prochaine dégustation (prévue ou fantasmée) ?
Je déguste des vins chaque jour…disons que Lundi prochain, ce sera le Printemps du Languedoc, le lendemain dégustations d’échantillons d’un domaine ligérien chez moi, et le 16 des vins de François Lurton avec des blogs de cuisine, cela va être sympa !
Qui choisit le vin dans votre foyer et qui « gère » la cave ?
Etant seul, j’ai le privilège donc de choisir les vins qui m’accompagneront, ou ceux que je partage avec mes amis et ma famille.
Combien de vins avez-vous en cave ?
60 à 80. Peu de vins. Je n’ai qu’une petite armoire à vins climatisée.Vivant dans un appartement citadin. Dans celle-ci, 35 grands vins, destinés au vieillisssement. Chaque vin dégusté est remplacé par un autre.
Une cinquantaine se trouvent dans une armoire non réfrigérée. Ces vins sont ceux destinés à la dégustation de tous les jours, vins à découvrir, de tous horizons.Ils ne résident rarement plus de 3 mois. Dans cette cave, le turn-over est permanent.
En somme, une petite cave qui bouge…
Comment initieriez-vous un « jeune » au vin ?
Ah ! Initier, partager, faire découvrir, rassurer.
Il me semble que la 1ère chose à faire est de décomplexer le néophyte vis à vis de la dégustation.Faire prendre conscience qu’il a, comme pour chacun d’entre nous, en lui, des prédispositions.Que comme pour tout sport, ou passion, il faut sans cesse s’entrainer, déguster, apprendre afin de se créer une bibliothèque de références.
Ressentir des sensations, les isoler, et comprendre ce qu’on apprécie pour au final se faire plaisir.
Aller sur le terrain, dans le vignoble, s’imprégner des sols, les humer, toucher les raisins, écouter les vignerons, lever les yeux au ciel afin de mieux comprendre les incidences du climat, de la conduite des vignes, des sols. Sans oublier l’élevage.
Je pense qu’il faut tout faire pour éveiller la curiosité, faire tomber les à-priori, et surtout ôter les ornières.
Merci donc à François, et j’invite tout un chacun à répondre à ce questionnaire, si, toutefois ceci ne fut déjà fait !
Emmanuel Delmas
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