Sur l’excellent blog du restaurant Taillevent, Monsieur Vrinat avait relayé, sur une de ses récentes notes, les propos de Philippe STARCK, célèbre designer français.
C’est dans le très sérieux quotidien, Le Figaro qu’il a osé s’exprimer. Notre fameux designer avait décrété, je cite: » On a tué le vin français ».
Tout en poursuivant:
»On s’est fait « parkerisé », on s’est vulgarisé… Il ne faut jamais essayer de penser comme les autres, il faut être son propre client. D’autant que si on décide de faire des vins vulgaires, les vulgaires feront encore mieux… » »
Si, habituellement, je ne suis pas du genre à contrecarrer, je me suis quand même permis d’y aller de mon petit commentaire…et c’est ainsi que je répondis:
« Comment peut-on dire que les vins français sont devenus vulgaires ?
Certes, il existe parmi la multitude de grands vins de notre si immense pays, des vins structurés, surextraits, aux discours polissés, manquant cruellement d’âme et d’esprit. C’est ainsi…
Mais, qui peut se permettre de nier les qualités intrinsèques de vins français remarquables de complexité ?
Les grands vins de Bordeaux ne dévoilent rien de grand avant une certaine évolution, lorsque ceux-ci passent de l’état d’ado à celui d’adulte…complexes et capricieux tels des seigneurs, déroutants et compliqués à comprendre parfois…
Sans parler des grands vins blancs issus du chenin, ou même du viognier relatant les messages de terroirs absolument fous…sans oublier les vins spectaculaires du Jura, empreint d’authenticité et de personnalité.
Que dire, en effet des vins de Chignin Bergeron, ou encore de certains grands vins du Languedoc et Roussillon, et certains vins blancs alsaciens, parfaitement ciselés…et j’en oublie et des meilleurs…
Alors, faisons preuve d’un peu de bon sens, en reconnaissant qu’effectivement, il se peut que pour mieux comprendre les architectures de ces vins, proposant des lectures de dégustation si complexes, il faille faire preuve et d’humilité et d’expérience…
En résumé, oui, il existe d’un côté, les vins « internationaux », taillés pour devenir approchables et confortables jeunes, aux discours civilisés, »tristement bons », et de l’autre, des vins bien plus complexes, sculptés, aux écritures parfois tortueuses, relayant bien les messages des sols nourriciers capricieux.
et avec ceux-ci, la notion de vins de terroirs prend tout son sens, et la France, en propose vraiment une multitude.
Le Vin Français n’est pas mort !! D’autant plus avec l’extraordinaire génération de jeunes vignerons qui est en train de bousculer bien des conventions…elle-même appuyée par de jeunes sommeliers pétris de talent, dont les sommeliers de Taillevent en sont la plus parfaite illustration.
Tout en gardant l’oeil ouvert chez nos voisins, sans jamais faire preuve d’auto-suffisance, la France reste LE pays des grands vins !
Non mais !
CONCLUSION
Finalement, qu’en pensez-vous ? Le vin français s’est-il vulgarisé ?
Il est facile de critiquer, de tirer sur les vins français, et cela m’arrive de le faire, mais, honnêtement, vous autres, professionnels, amateurs, amoureux, ou plus simplement néophytes, oui, vous:
Finalement, qu’en pensez-vous ? Le vin français s’est-il vulgarisé ?
J’attends vos réponses…
Emmanuel Delmas
françois
Bravo belle envolée lyrique,jolie défense surement véridique pour une certaine clientéle.J’effectue des missions dans les foires aux vins ,et le vin n’est pas vulgarisé, il y a
beaucoupde belles choses,Parker a Tué la curiosité ,la complexité . Combien sont-ils a venir acheter Parker en main,combien sont-ils a ne jurer que par Parker,demander combien de livres
sont vendus chaque année en France.Donc STARCK est dans le vrai et vous aussi .Et pourtant notre consonmation baisse ,la vrai question est différente « Commment redonner envie d’appécier le vin
simplement (convivialité) et si Parker avait raison?
Emmanuel DELMAS
Question épineuse j’avoue…
philippe.joly@cegetel.net
les vins français vulgarisés?je pense au contraire qu’il n’y a jamais eu autant de disponibilités sur des régions en progrès. habitant en bourgogne, je me permet (sacrilège là où je suis) de servir vin du bordelais, de tourraine, du languedoc et pire! des vins étrangers (d’italie en fait).vulgarisé peut être pour certaines gammes attachées à un moule assurant un certain panel de clientèle (les lecteurs du parker?). mais les progrès réalisés dans certaines régions nous permettent de découvrir de vrai merveilles…même en auvergne! bon, ce ne sont pas des merveilles, mais fréquentant la région depuis plus de 10 ans , je dois avouer que les brioude ont fait de sacré progrès!bref, il nous reste à ouvrir nos papilles sans préjugés…en tout cas, ravi d’avoir retrouver votre blog mr delmas. je n’étais pas venu depuis bien longtemps…
Emmanuel DELMAS
Le retour d’un lecteur est à fêter ! 😉
L’ouverture d’esprit est le maitre-mot absolu dans le domaine du vin et de sa dégustation.
Bien entendu, il existe des vins « civilisés », pour autant, ils restent parfois étonnants et très rassurants pourdes personnes non initiées, et ces vins ont une vraie utilité.
A bientôt,
Emmanuel Delmas
Hiram
Le vin français mort ?Mes dernières expériences :château neuf du pape Mont Redon 2003Jasnières gris Jacques Pavé 2005Cahors Château La Reyne 2004Rully 1er cru domaine de Bressande 2004Ces quatre bouteilles suffisent à contredire sans hésitation les propos de Starck.A bientôt
bloggester@gmail.com
Bonjour,Je consulte régulièrement votre blog, que j\’apprécie et je tiens à vous fais part d\’une simple remarque de forme.J\’accède la plupart du temps à votre blg via netvibes. Vos articles apparaissent de ce fait en gris clair sur fond blanc, ce qui n\’en facilite pas la lecture.Bien à vous
Emmanuel DELMAS
Bonjour,
J’en suis désolé…mais l’ergonomie du site me semble pas mal. Si je change la couleur d’écriture, vous imaginez bien que cela risquerait de nuire à l’ensemble du site.
Peut-être pourriez vous juste cliquer sur « lien » à l’intérieur de votre plateforme Netvibes.
Cordialement,
Emmanuel D.
EstÚbe
S’il y a aujourd’hui en France, c’est vrai, une gamme galopante de vins confiturés et boisés à la cochon, susceptibles de ravir les papilles incultes, il me semble que la défense des typicités n’a jamais été aussi aprement menée et partagée parmi les amateurs et vignerons. Du nord au sud, les vrais crus de terroir relèvent la tête Et face aux vins vulgaires, conçus sans déontologie ni culture, souvenons-nous qu’il a vingt ans à peine, cette catégorie-là était simplement imbuvable. Du vinaigre au vulgaire, ya du progrès, non?
Emmanuel DELMAS
Salut Jérôme ! Voilà une intervention très juste ! Tout y est résumé.
Mais, après le vulgaire…que nous proposera t’on ? 😉
François
Un nouveau site ? Non pourquoi ??? Aaah … juste un mauvais lien !! 🙂
François
Peut être Starck en prononoçant ces paroles faisait-il allusions à certains grands bordeaux… que de toute façon je n’ai pas les moyens de me payer mais qui sont, pour partie, le porte drapeau des grands vins Francais…Pour le reste tu a raison et personnellement je me régale sans jamais boire de Bordeaux ou si rarement …
Je pense qu’il faudrait essayer de recadrer des propos de starck et de voir à quels vins ca s’adressait… des noms ! des noms !!
Emmanuel DELMAS
Effectivement, ce serait interessant ! 😉
Dis moi, un nouveau site en vue ?
Paulo V
Je trouve les vins français parfois compliqués a comprendre.Peut etre aussi que les Aoc sont complexes, un peu comme en Italie…Mais chez nous au Brésil, on aime le vin français Moins depuis les dernières coupes du monde 😉
Hématome
Bonjour, ça fait un petit moment que je ne me sers plus de ces vins « clichés ». J’avoue avoir souvent peur quand , en soirée, tout le monde se ramène avec sa bouteille de Bordeaux. Soit c’est très cher et souvent (pas tout le temps) bon, soit c’est vraiment imbuvable. Mais dans presque tous les cas, c’est inadapté aux plats.Habitant dans le Loir et Cher depuis un peu plus de 1 an, je ne cesse de découvrir de nouveaux vignerons qui se donnent les moyens d’apporter de nouvelles choses. La plupart produisent des vins dits « naturels » (pour aller vite, on dira des vins bio même si c’est limiter la portée de leur travail) et autour de Blois, dans le Cheverny, on trouve de véritables pépites d’or. Le problème avec ces vins, c’est qu’il faut omettre de préciser qu’ils sont bio sinon, idées préconçues obligent, les gouteurs les trouvent « pas mal pour du bio ». Dans le cas contraire, tout le monde s’accorde à dire qu’ils sont extra.Donc, pour conclure, oui, il y a une « vulgarisation » dans un certain sens, mais pas pour la totalité de la production.
Emmanuel DELMAS
Merci pour ce commentaire éclairé ! Les vins dits « natures » ne sont pas à mettre entre toutes les papilles…
Il est certain qu’en Loire, il y a de grands trésors, mais là encore, il faut prendre le temps de bien fouiner, tant le vignoble est morcelé et d’une grande étendue.