
Nous nous retrouvons aujourd’hui pour la suite de la dégustation des grands crus de Bordeaux, à l’Hôtel George V.
Sur ma lancée, verre en main, je m’approche du vin du château Brown, sis sur le terroir des Graves.
CHATEAU BROWN 2005 Graves
Composé à 60% de Cabernet sauvignon, 35% de merlot et 5% de petit verdot, ce vin offre toutes les caractéristiques du vin de Graves. Notes fumées, belle minéralité, le vin se dote d’un milieu de bouche bien dense, gras, prolongé par des tanins semblant bien lisses, très confortables.
DOMAINE DE CHEVALIER 2005 Pessac Leognan
65% de cabernet sauvignon, 30 % de merlot, et 5% de petit verdot
Voici un des domaines les plus aboutis de l’appellation, ayant dégusté le millésime 2001 et surtout le 1999 très récemment, j’apprécie ce vin plein d’identité, et parfaitement ciselé, grâce à un élevage bien maitrisé.
Le millésime 1999, relativement compliqué, avec son débourrement très précoce, et des conditions climatiques problématiques durant la seconde moitié du mois de Septembre, ce vin fut très fin, racé, et d’une très grande précision. Je me souviens de son nez surprenant et subtil mettant en avant des pointes toastées, et beurrées, assis sur une bouche d’une merveilleuse minéralité.
Sur ce 2005, rappellons encore excessivement jeune, ce vin m’a étonné de par ses notes de fruits cuits, légérement alcooleux, (fruits macérés à l’eau de vie), soulignant un léger manque d’homogénéité. La bouche quant à elle se montre très élégante, linéaire, et d’une précision toute millimétrée. La finale se veut tendue, et minérale.
Désormais, je virevolte sur ma droite, observe, et m’étonne de la présence d’une bouteille de vin, qui m’était jusqu’alors complètement inconnue.
3 ORIGINES
Vin de la rive droite, celui-ci est en fait un vin d’expérimentation, élaboré en biodynamie. Mr Blanchard me relate la naissance de ce vin, en présence de 2 amis du vin.
3 comme le nombre de personnes à l’origine de ce vin, 3 comme le nombre de zones, d’où nait ce vin.
Assis sur un terroir sableux, et graveleux, le vin s’offre d’emblée. Accueillant, il s’ouvre sur un nez très flatteur, orienté sur des notes de fruits rouges mûrs, et des pointes épicées, la bouche dévoile une belle rondeur, d’une jolie amplitude, la finale est rendue très élégante grâce à la présence de fins tanins, légérement fourrés.
L’ensemble offre un vin très sphérique, d’une grande fraicheur, il se montre élégant, féminin et très harmonieux.
Une remarquable entrée en la matière pour ce tout 1er millésime, chapeau bas messieurs.
Les voisins de table sont si aimables, et souriants, que j’ai un grand plaisir à déguster leur vin. D’ailleurs, celui-ci me rappelle quelques souvenirs, je me revois quelques années en arrière, dégustant très régulièrement leur vin au restaurant Guy SAVOY, à quelques encablures d’ici…
CADET BON 2005 St Emilion Grand cru
Les propriétaires de ce domaine sont charmants, et ont eu l’excellente idée de proposer leur vin conditionné en 1/2 bouteille. Il eût été interessant de pouvoir comparer avec un conditionnement plus usuel en bouteille…je ne boude cependant pas mon plaisir.
Le vin se montre très rond, d’une grosse envergure, il dévoile une stature toute opulente, s’ouvrant sur des pointes vanillées, briochées. La finale se termine sur un support tannique persistant, bien ferme. Mais pas agressif.
L’ensemble offre un vin vraiment très charnu, encore un peu marqué par son élevage en fût, mais le potentiel est bien présent, un vin ayant un certain charme dois-je avouer.
Je me surprends à ce moment là à regarder la montre, je n’oublie pas que je dois me rendre en face, afin de répondre à mes obligations professionnelles. Je scrute du coin de l’oeil, et j’aperçois un domaine qui pourrait se voir très bientôt récompenser dans le futur classement des Grands crus de St Emilion.
Sans précipitation, d’une façon presque religieuse, je m’approche. Tendant mon verre, me voici sommelier arrosé, d’un breuvage qui se montrera en tous points sublime,quel bonheur.
La robe se montre d’une couleur grenat foncé, très profonde, les reflets et le disque offrent une frange violine, qui sied aux vins nourrissons.
Le nez est très plaisant, il marque de son empreinte, et diffère vraiment des vins dégustés jusqu’ici.
Tantôt vanillé, puis brioché, ce nez se rend plus épicé encore, puis est relayé par des fruits confiturés, une jolie symphonie en somme.
La bouche révèle une attaque tout en rondeur, le milieu de bouche se veut soyeux, concentré. L’architecture de ce vin est réellement d’une très grande précision. La finale est rendue très longue par la présence de tanins fourrés, et ciselés, prolongeant le plaisir.
Ce vin met en avant toute sa distinction, et sa personnalité. Tel un gentleman il se distingue par son charisme, et sa grande classe.. Etiré, racé, quelle allure, je ne peux que m’incliner devant tant de précision.
Levons le voile, sur l’identité de ce vin …Château PAVIE MACQUIN 2005 St Emilion grand cru classé
Sortant du lot, et cet avis n’engage que moi, je pense ne pas trop m’avancer en affirmant que ce domaine devrait passer dans la catégorie supérieure, tant sa distinction et sa race en font un vin superbe. Un très grand travail dans la continuité, une régularité certaine…
CONCLUSION
En somme, un remarquable baisser de rideau. Lentement, je m’éclipse, et encore, mes papilles remercient le château Hostens Picant de cette invitation, ainsi que tous les domaines présents, qui, à l’unisson, nous ont joué une superbe partition. Nous laissant augurer d’un grand potentiel.
Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour une confirmation dans 6 mois…
Emmanuel DELMAS
Bonjour, je rentre tout juste de la présentations des primeurs à Bordeaux. Quelle surprise de trouver des commentaires élogieux sur Pavie-Macquin. C’est un fossile d’un autre âge, lourd, capiteux, surmature, surextrait et par trop boisé. Il est à 10 000 lieues de la restitution juste du millésime 2005, une année tout en finesse, en retenue et dont la puissance tient plus à la persistance qu’à la démonstration de force. Comment manger en face de tels monstres? Goûtez plutôt Angélus et surtout Figeac que cette caricature confiturée. Très cordialement, Sébastien Burel
Bonjour,
Je me permets par ce blog simplement d’émettre des avis qui n’engagent que moi. Sur cette dégustation, Pavie Macquin, à mon sens, s’est démarqué, pour les qualités que je lui ai trouvé. Le goût n’étant surtout pas universel, chacun comprendra aisément qu’on puisse apprécier ce vin.
Cependant, j’ai une formidable chance car je n’ai jamais eu un quelconque parti pris concernant le vin, une région, ou un cépage particulier.
Aussi bien, je suis réceptif aux vins opulents, tout en largeur,concentrés, voire extraits, autant, je suis également tout autant réceptif aux vins plus longilignes, élégants, à l’architecture finalement plus aérienne.
Ce millésime 2005 devrait tenir toutes les promesses, car, justement, c’est cette adéquation, entre le climat, le sol, donc cette notion de terroir qui offre aux vins ce supplément d’âme, et de précision. La fraicheur, ressentie en fin de bouche sur nombre de vins dégustés, permet d’impulser le vin, et de le rendre très persistant.
Et, je tombe complètement d’accord avec vous, là dessus, le 2005 doit insuffler cette fraicheur indispensable à l’équilibre des vins.
Quant au terme « caricature », il me semble encore un peu vulgaire pour ce domaine.
Chacun ses réceptivités, ses goûts. Et, promis, dès que l’occasion se présentera je m’orienterai également sur Figeac, Pavie, et Angélus,
Cordialement.
Pavie-Macquin est effectivement un magnifique cru de Saint-Emilion transcendé chaque année par Stéphane Derenoncourt. J’ai eu l’opportunité de participer aux dégustations primeurs à Bordeaux l’an dernier et le 2004 était déjà magnifique de texture et de structure.Quelques notes sur les 2005 de « l’écurie » Derenoncourt sous ce lien, par un amateur passionné qui commence à en connaître un sacré rayon sur les vins de Bordeaux! http://www.lapassionduvin.com/phorum/read.php?3,135759Visiblement, DanielS. a été aussi ébloui que toi par Pavie-Macquin!
Merci Olif, pour ce lien, je vais aller regarder cela d’un peu plus près, tiens !!
Je ne suis guère étonné que Pavie Macquin sorte du lot, car, sérieusement, le vin se montrait comme tu dis très structuré, d’une précision remarquable, net, d’une parfaite rectitude, enfin, superbe.
Du très beau travail. En tout cas, cela me rassure de constater que ce vin ait plu à une personne aussi connaisseuse que Daniel S.