Comme promis, après une présentation de Jean Daniel et Valérye le mois dernier,au Domaine les Loges de la Folie, à Montlouis, voici la suite de leurs aventures, et surtout l’état d’esprit qui les anime.
Au domaine Jean-Daniel s’occupe plus particulièrement de la production. La viticulture biologique demande un suivi et une observation préventive rigoureuse: l’herbe qui pousse, les éventuelles maladies…
Encore faut-il jongler entre le temps qui passe forcément trop vite, les pannes de tracteurs, les caprices de la météo et ceux de la vigne.
Jean Daniel a une préférence pour la taille, pratiquée de janvier à mars.
C’est elle qui détermine la récolte à venir mais aussi la pérennité des ceps. Les vignes sont plutôt âgées, il faut leur redonner une forme, une densité. Il y un côté esthétique et artistique dans la taille et c’est d’elle dont dépendent aussi beaucoup des travaux à venir, au printemps comme en été.
Valérye gère la prospection et la gestion administrative et commerciale. Produire aujourd’hui devient bien plus simple que vendre. D’autant qu’un jeune domaine, créé de toute pièce, n’a pas d’histoire, pas d’antériorité familiale. Il faut se faire connaître et emprunter les sentiers tentaculaires et obligés qui conduisent à la vente dans un monde viticole qui n’est pas avare de paradoxes, coincé entre tradition et modernité.
Alors pour s’aérer et sortir du bureau rien de tel que de descendre en cave. C’est elle qui suit pour partie la vinification et l’élevage.
Là encore, la jeunesse est demandeuse d’expérience, de sensations et d’émotions au contact du jus qui se transforme en vin et évolue doucement. Il faut trouver sa voie, une familiarité avec le miracle qui se produit en cave.
Laisser tomber les manuels et les cours d’œnologie et se forger son intime conviction. Qui sera un appui pour la récolte à venir, et une certitude à remettre en jeu.
Etre vigneron et vouloir produire des vins authentiques, uniquement issus du jus de la vigne, c’est avant tout aimer l’inconfort de l’aventure. Pas de chaptalisation signifie récolter forcément mûr et se plier à ce que donne la nature. Pas d’enzyme, pas de levure contraint à une récolte la plus belle qui soit car la chimie ne sera pas là pour corriger les défauts, arrondir les angles, aromatiser un manque. La barre est placée haut d’entrée de jeu. Avec son corollaire d’angoisses et de questionnements.
Et pour se détacher des chiffres, des budgets prévisionnels, des
déclarations récapitulatives mensuelles, des factures, rien de tel aussi que de travailler quelques heures dans la vigne.
Le ciel lave un peu la tête et les ceps redonnent de l’énergie. Car la vigne est une plante généreuse, tant dans son fruit que dans son contact. Et même si le travail est répétitif, laborieux, usant pour le dos, il y a là quelque chose de fortifiant et d’incomparable. Prendre le temps de lever le nez pour saisir la forme et la couleur d’un nuage, voir une biche ou un faisan qui passe ou encore une coccinelle disputant sa place à une araignée.
Etre vigneron, c’est aussi être un peu troubadour : sur les routes clamer la vérité et le sens de son vin, de dégustations en salons, de cavistes en restaurateurs, enfiler les kilomètres de ville en ville…C’est rencontrer des professionnels attristés par la conjoncture mais toujours plein d’espoir, des clients toujours plus curieux et connaisseurs, des copains vignerons qui fleurent bons d’autres terroirs de France avec qui partager un bon verre, un bout de fromage et de saucisson.
En somme, voici la vie qui rythme le quotidien de ce couple de
vignerons amoureux de leur terre et de leurs idéaux.
Iris
ah, que tu chante bien la vie du vigneron, Emmanuel, continus! cela fait bien au dos!
Emmanuel DELMAS
Réponse d’Emmanuel:
J’ai été bien aidé en cela par Valérye et Jean Daniel, je te rassure. Cela pourrait bien un jour être ton tour, tiens, Iris.